Le Canadien

Entrée réussie pour Thompson

Disons les choses franchement : on a déjà vu des transactions plus excitantes que celle qui a permis au Canadien d’acquérir Nate Thompson il y a deux semaines.

C’est que, à tort ou à raison, son acquisition a rappelé à plusieurs celle de Dwight King en 2017, un échange qui allait en quelque sorte être annonciateur de la déprime des mois à venir.

Les parallèles entre les deux transactions sont nombreux. Comme King, Thompson arrive des Kings de Los Angeles, une formation dont le style et la physionomie sont aux antipodes de ce qui est en vogue actuellement dans la LNH.

Les deux joueurs ont coûté au Canadien un choix de 4e tour (quoique Marc Bergevin ait obtenu des Kings un choix de cinquième tour avec Thompson). Les deux portent le numéro 21. Et les deux acquisitions ont pour but de consolider le quatrième trio de l’équipe, tout en ajoutant du muscle à une formation frêle.

Jusqu’ici, c’est cependant là que les comparaisons s’arrêtent. Après quatre matchs, King présentait une fiche de – 3 et n’avait aucun point. Après neuf matchs, il allait être envoyé dans les gradins. De son propre aveu, il n’a jamais réellement trouvé son rôle avec l’équipe, et n’a d’ailleurs plus été revu dans la LNH depuis.

Thompson ? Il a maintenant passé 54 minutes sur la patinoire, dont 11 en désavantage numérique ; l’adversaire n’a marqué aucun but pendant ces 54 minutes. Le chiffre 54, c’est aussi son efficacité aux mises en jeu : 25 en 46, pour 54 %.

Quand Phillip Danault a raté le match de mardi pour être aux côtés de sa conjointe qui s’apprêtait à accoucher, c’est vers Thompson que Claude Julien s’est tourné pour piloter un trio avec Tomas Tatar et Brendan Gallagher. Cette unité a fait face au premier trio des Blue Jackets de Columbus toute la soirée. Thompson et ses ailiers ont si bien fait qu’en troisième période, John Tortorella a cloué au banc Pierre-Luc Dubois et Anthony Duclair, deux membres de ce premier trio.

Et en fin de match, avec neuf secondes à jouer et une avance d’un but à protéger, contre des Blue Jackets qui attaquaient à six, c’est Thompson qui a été délégué pour prendre la mise en jeu la plus importante de la soirée, en zone défensive. Il l’a gagnée.

« J’ai fait ce genre de jeu toute ma carrière et c’est probablement ce qui me permet de rester dans la LNH », a répondu Thompson, rencontré après l’entraînement d’hier à Brossard.

« Marquer des buts, c’est plaisant ! Mais c’est bien aussi d’être envoyé sur la glace quand l’issue du match est en jeu. Je veux être employé dans ces situations où il y a de la pression, où je dois gagner la mise en jeu. »

— Nate Thompson

« C’est un gars d’expérience, a rappelé Claude Julien après l’entraînement d’hier. Il est capable de s’ajuster rapidement. Il est très bon dans les mises en jeu, et sans Danault, c’était important de l’avoir à son meilleur dans ces situations-là. Il a bien répondu au défi. Il a peut-être surpris quelques personnes. »

Les mises en jeu ont d’ailleurs été le pain et le beurre de Thompson dans la LNH. Son pire résultat en une saison : 49,5 %.

NATE THOMPSON AUX MISES EN JEU

2018-2019 : 54,1 %

2017-2018 : 57,6 %

2016-2017 : 53,1 %

2015-2016 : 52,1 %

2014-2015 : 52,7 %

2013-2014 : 50,9 %

2013 : 51,2 %

2011-2012 : 49,5 %

Max Domi (44,4 %) et Jesperi Kotkaniemi (45,6 %) connaissent des soirées difficiles de temps à autre aux mises en jeu. De plus, ni l’un ni l’autre ne jouent en désavantage numérique. Avec en plus Danault qui a déjà écopé de 16 pénalités mineures cette saison, voilà plusieurs raisons pour lesquelles les talents de Thompson aux mises en jeu seront utiles au Canadien, à forces égales et en désavantage numérique.

Autrement dit, il tentera de remplir le rôle qui était destiné à Matthew Peca.

En manque d’attaque

Thompson a finalement passé 17 minutes sur la patinoire mardi.

Danault devrait revenir au jeu sous peu – peut-être même dès ce soir – puisqu’il a annoncé hier midi la naissance du petit Phillip-Édouard. Son retour reléguera donc en principe Thompson au centre du quatrième trio, là où Julien cherche une formule durable depuis le début de la saison.

L’entraîneur-chef l’a répété à moult reprises : il s’attend au minimum à ce que son quatrième trio n’accorde pas de buts à l’adversaire. C’est mission accomplie jusqu’ici pour Thompson à cet égard.

Reste maintenant à voir s’il saura aider cette unité à générer de l’attaque. Jusqu’ici cette saison, c’est plutôt problématique. Sa fiche en 57 matchs : quatre buts, deux passes, six points. On est loin de ses 17 points de la campagne précédente et il le sait très bien.

« Les gens se font une idée de moi, mais je sais que j’ai plus à offrir offensivement que ce que j’ai produit jusqu’ici, affirme le vétéran de 34 ans. Ça n’a pas été comme je le souhaitais, mais je sais que je suis capable de faire des jeux, de contribuer à l’attaque et de jouer avec des joueurs des deux premiers trios. »

Avec une formation en santé, on doute qu’il obtienne de nouveau cette chance. Mais sa performance de mardi a au moins démontré qu’il pouvait constituer une police d’assurance adéquate en cas d’absence à court terme d’un des trois premiers centres.

À la recherche de solutions

Il semble donc que Victor Mete aura droit à une vraie chance en avantage numérique, avec Mike Reilly à la pointe de la deuxième vague. L’idée est que Mete donne un coup de main pour les entrées de zone en contrôle de la rondelle, notamment. « On cherche des solutions, a expliqué l’entraîneur-chef Claude Julien. Ce n’est pas facile, parce que nos meilleurs joueurs semblent forcer des jeux. Il y a un blocage mental en avantage numérique. Mete transporte bien la rondelle, il a de la vitesse. Il n’a pas un gros tir, mais l’an passé, en avantage numérique, il a fait de bons jeux. »

Mete, le dur !

C’est passé inaperçu, mais Mete a terminé le match de mardi avec quatre mises en échec, toutes distribuées en troisième période. C’est toute une anomalie statistique pour le petit défenseur, qui totalisait 10 mises en échec en 48 matchs avant mardi. Et une seule en 49 matchs la saison dernière ! « Je ne dirais pas que c’était de grosses mises en échec, mais j’ai dû les rudoyer un peu. Je pense que c’est mon record ! J’en ai eu une de plus que Webby [Shea Weber]. Donc les gars me taquinaient et me disaient que j’étais devenu un “grinder” ! »

La foi en Lehkonen

Artturi Lehkonen patinait de nouveau au sein du quatrième trio hier. Julien s’est toutefois porté à la défense de l’attaquant finlandais, au cœur d’une léthargie de 22 matchs sans but. « Quand des gars ne produisent pas et jouent mal, ils n’apportent pas grand-chose et c’est là qu’un entraîneur doit prendre des décisions difficiles. Mais il écoule encore des pénalités, il travaille encore fort et il demeure fiable. Donc il ne joue plus en avantage numérique, il ne joue plus dans les deux premiers trios, mais il joue là où il peut nous aider. En fin de match, si on protège une avance, je peux compter sur lui. On espère simplement qu’il va mettre la léthargie derrière lui et marquer quelques gros buts. »

Deux grands absents

Carey Price et Shea Weber ont bénéficié d’un congé d’entraînement hier. Price a bloqué 31 tirs dans la victoire de 3-2 sur les Blue Jackets de Colombus, mardi. Il disputait son troisième match en quatre jours, puisqu’il a été appelé en relève à Antti Niemi dimanche en Floride, ce qui peut expliquer son congé. Le CH a fait appel à Karel St-Laurent pour le remplacer à l’entraînement. Quant à Weber, il a été battu de vitesse à plusieurs reprises dans les derniers matchs. On verra aujourd’hui si la journée de repos lui sera bénéfique à cet égard.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.