Une journée dans la vie d’une…

Conseillère municipale

Incursion dans le quotidien d’un professionnel au métier pas banal. 

Madga Popeanu a été élue en 2013 comme conseillère de ville du district Côte-des-Neiges, dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, avec Projet Montréal, dont elle fut la présidente de 2006 à 2010.

Militante active, lorsqu’elle a été élue, c’était la troisième fois qu’elle se présentait dans son quartier. Roumaine d’origine, ingénieure en génie électronique de formation, elle a immigré à Montréal au début des années 90. En plus de sa fonction d’élue, elle occupe le poste de directrice adjointe du Centre de formation professionnelle Léonard-De-Vinci, à Saint-Laurent. Elle dit travailler plus de 60 heures par semaine et s’occupe avec passion de ses dossiers. « Je ne peux pas dépendre que du salaire de conseiller. Je veux garder mon indépendance financière », dit-elle.

9 h 45

Magda Popeanu nous a donné rendez-vous un matin de juillet sur le chemin Côte-des-Neiges, à l’entrée du cimetière, pour nous montrer que c’est ici que se trouve un des chemins fondateurs de Montréal, un chemin qui part du Vieux-Port de Montréal et qui traverse la montagne d’un bout à l’autre. Elle souhaite le mettre en valeur pour le 375e anniversaire de Montréal. C’est pour cette raison qu’elle a convié le responsable des grands parcs et des espaces verts de la Ville de Montréal, Réal Ménard, membre du comité exécutif de la Ville. « Ah ! chère Madame Popeanu ! », s’exclame-t-il. « Faites-moi plaisir, appelez-moi Magda, Monsieur Ménard », lui répond-elle avec aplomb.

M. Ménard est venu avec Youssef Hariri, du cabinet du maire de Montréal, Pierre-Paul Savignac, responsable du mont Royal, Claudia Villeneuve, architecte, paysagiste à la direction des grands parcs et, à la demande de Magda Popeanu, le chef de cabinet du maire de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. Tout le groupe discute des différents projets en cours pour célébrer le 375e anniversaire de Montréal tout en marchant à travers les rues et parcs de l’arrondissement.

« Je souhaite faire de Côte-des-Neiges un endroit touristique. Vous savez, il y a 2 millions de personnes qui visitent l’oratoire Saint-Joseph chaque année et ces personnes ne s’arrêtent pas dans les rues avoisinantes ! Ce n’est pas normal, et il n’y a rien qui se fait ! Il y a des atouts dans ce quartier, mais il faut faire un effort. » Elle parle d’un kiosque touristique qu’elle aimerait créer non loin de l’oratoire et de son chemin fondateur qui pourrait se greffer au parcours Découverte de la ville, selon Pierre-Paul Savignac et Réal Ménard. Ils sont très ouverts aux propositions, ouvrent leurs agendas et décident de se réunir à la mi-août.

11 h 30

Magda poursuit sa journée en se rendant sur la rue Lacombe, qui a perdu de son lustre d’autrefois. Elle se désole de voir des poubelles qui jonchent le sol et l’état lamentable des trottoirs. Elle a rendez-vous avec Pierrette Trudel, présidente de la coopérative d’habitations du Village Côte-des-Neiges, qui regroupe 28 logements. Pierrette Trudel a quelques ennuis dans le quartier et a demandé de l’aide à sa conseillère de ville. Il y a du vandalisme et beaucoup de bruit dans sa coopérative d’habitations. Les bars causent du tort à la tranquillité du quartier. Magda est allée les rencontrer il y a quelques mois, a senti une amélioration, mais doit rester vigilante. Pierrette habite le quartier depuis 40 ans et elle remarque qu’il n’y a plus de tissu social comme autrefois. Elle est triste de voir les jeunes familles fuir le quartier, alors qu’il y a des écoles et garderies, une belle maison de la culture, un centre communautaire actif, de jolis parcs. Magda est d’accord.

« Il n’y a pas de cohésion sociale, de solidarité, c’est difficile… C’est un quartier de passage, c’est dommage. Il y a de tout ici, des jeunes, des étudiants de l’Université de Montréal, des personnes âgées et des communautés culturelles de toutes les origines. Mon principal ennemi, c’est l’indifférence. Que ce soit des citoyens ou de la Ville. De plus, la propreté des villes, c’est important. Il n’y a pas assez de poubelles à Montréal », dit-elle.

14 h

Après un court dîner au Duc de Lorraine et un passage par le parc Jean-Brillant pour vérifier si les travaux avancent, nous avons rendez-vous à son bureau. Magda se déplace en voiture… même si elle fait partie de Projet Montréal, le parti, rappelons-le, du maire du Plateau Mont-Royal Luc Ferrandez. Elle dit qu’à son âge, 59 ans, et avec les différents trajets qu’elle doit faire, elle a besoin de sa voiture. Il ne faut pas non plus être complètement irréaliste, pense-t-elle. Le bureau, cabinet du maire et de ses conseillers, est situé sur Décarie, au septième étage. Un bureau moderne sans personnalité avec vue sur l’oratoire Saint-Joseph et, dit-elle, les horribles antennes installées sur les immeubles du Rockhill. Elle partage un petit espace avec son collègue Peter McQueen, candidat du Nouveau Parti démocratique dans Notre-Dame-de-Grâce–Westmount aux élections fédérales… Elle va peut-être le perdre dans quelques mois. C’est dur, pense-t-elle, car c’est son allié.

14 h 30

Magda a accepté d’accorder une entrevue à des étudiants de l’Université Concordia qui ont entendu parler d’une controverse : il y a dans l’arrondissement un projet de monument à la mémoire des anciens combattants de l’armée soviétique pendant la Deuxième Guerre mondiale. Un monument qui serait érigé dans le parc Mackenzie-King, où nous nous rendons. « Évidemment, je suis contre ce projet, dit Magda. Je m’y oppose farouchement. C’est irrespectueux envers la population russe et ukrainienne. C’est comme ériger un monument à la mémoire de Staline. C’est une aberration de faire un monument à la mémoire d’une armée. On peut le faire pour commémorer les victimes d’une guerre, mais pas pour une armée », dit-elle.

16 h

La journée se termine par une rencontre avec les propriétaires du Centre Wilderton qui présentent leur grand projet de rénovations. Ils veulent notamment construire des habitations sur plusieurs étages, en plus du centre commercial. C’est un projet majeur de démolition et de reconstruction. Magda est contente de voir que le propriétaire a engagé une société qui a fait de nombreuses consultations avec les différents groupes qui habitent non loin de ce centre : les résidants, les jardins communautaires, le centre de réadaptation, la communauté hassidique et bien d’autres. Magda pose des questions à propos des études sur la circulation, qui est déjà bien encombrée dans ce secteur, sur le côté vert du projet, la hauteur de l’immeuble, le stationnement, les logements sociaux…

17 h

Il est 17 h, la journée se termine. Demain, elle préside le CCU, le comité consultatif d’urbanisme, où seront soumis des demandes en matière d’aménagement du territoire, des permis pour les travaux, des changements de zonage, des projets immobiliers, etc. Par exemple, ce comité a voté la démolition de l’ancien Hippodrome de Montréal (Blue Bonnets) et se penche sur les problèmes du développement immobilier Le Triangle.

PAS DE TOUT REPOS

Visiblement, être conseiller municipal n’est pas de tout repos. Nous avons remarqué, au cours de notre journée, qu’il est parfois compliqué de naviguer dans cet énorme système à multiples paliers qu’est la Ville de Montréal. L’ambiance semble parfois tendue entre les élus des différents partis. Il faut convaincre le chef de cabinet du maire d’arrondissement des bienfaits d’un projet, puis le maire lui-même… Il y a des jeux de pouvoir, des gens qui n’ont pas les mêmes convictions, et l’entente ne semble pas toujours très cordiale. Cela prend certes une bonne dose de motivation pour faire passer son point, mais également beaucoup de doigté, pour remplir efficacement toute la paperasse qui vient avec…

QUELQUES INFORMATIONS

L’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce c’est un peu plus de 165 000 habitants

Maire d’arrondissement : Russell Copeman

L’arrondissement est divisé en 5 districts

Budget : 73 millions

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