Uber

Loin d'être enterrée

Clients et chauffeurs d’Uber peuvent être rassurés, Uber n’est pas près de fermer boutique. Évaluée à 69 milliards US et ayant des appuis financiers solides allant de Google à Goldman Sachs en passant par Benchmark Capital, l’entreprise peut compter sur des réserves d’environ 8 milliards, dont 1 milliard en liquidités provenant de son entente avec son compétiteur chinois, Didi Chuxing. « Je ne suis pas tellement surpris qu’Uber ne fasse pas encore ses frais, dit M. Ouellet. Uber a sept ans, mais on sait, dans les domaines de l’innovation, que la moyenne avant qu’une technologie plutôt radicale ne décolle réellement est d’environ 12 ans. »

Uber

L'AVENIR SANS CHAUFFEUR ?

Chose certaine, et même dans l’univers parfois surréaliste de Silicon Valley, aucune entreprise ne peut engloutir des milliards à long terme sans perspective de rentabilité. « On comprend mieux pourquoi Uber veut se diriger rapidement vers les voitures autonomes, sans chauffeur, pour réduire ses coûts d’exploitation », estime Sébastien Provencher. Sans oublier le fait que des concurrents d’Uber, notamment Lyft aux États-Unis, commencent à gruger des parts importantes du marché. « Il faudra qu’elle gagne la guerre de la valeur ajoutée, estime M. Ouellet. Ce qui risque de devenir difficile si elle commence à être sous pression pour rentabiliser ses activités et ralentit ses investissements technologiques. »

Uber

PIRE QU'EN 2015

Uber Technologies n’est pas une entreprise cotée en Bourse, mais convoque tous les trois mois ses principaux actionnaires à une conférence téléphonique, pour présenter ses résultats. L’agence Bloomberg les a obtenus et publiés hier : l’entreprise présente dans 76 pays et 473 villes a enregistré des pertes de 1,2 milliard US pour les deux premiers trimestres de 2016 avant intérêts, impôts et amortissement. Selon le directeur des finances d’Uber, Gautam Gupta, ce sont les « subventions » accordées aux chauffeurs qui sont responsables de la plus grande part de cette perte. À ce rythme, on devrait dépasser les 2 milliards de pertes de 2015. En sept ans, selon les données recueillies par Bloomberg, Uber a perdu 4 milliards. Les résultats pour le Canada ne sont pas connus, et Uber Canada n’a pas rappelé La Presse.

Uber

EXPANSION, SUBVENTIONS… ET PERTES DE 1,2 MILLIARD

Perçue par ses détracteurs comme un rouleau compresseur, une multinationale richissime qui exporte ses profits aux Pays-Bas, Uber est surtout un gouffre financier, selon les plus récentes révélations. L’entreprise aurait ainsi accumulé des pertes de 1,2 milliard US pour les six premiers mois de 2016, ce qui porte son bilan négatif à 4 milliards en sept ans, du jamais-vu dans l’industrie techno. Comment Uber arrive-t-elle à combiner dynamisme, expansion et pertes colossales ? Explications.

Uber

Indicateurs en hausse

Étonnamment, si on exclut le bilan à l’encre rouge, les affaires vont plutôt bien pour Uber. Les revenus nets ont progressé de 18 % en 2016, le nombre de courses et de villes desservies augmente sans cesse, et les pertes en Chine – plus de 2 milliards US – sont maintenant chose du passé grâce à l’entente avec Didi. L’entreprise est en quelque sorte victime de son succès. « Les coûts de leur expansion internationale plombent leurs résultats, estime Sébastien Provencher, vice-président, produits, à l’agence montréalaise Acquisio. Ils sont dans une stratégie de capture de parts de marché à tout prix, une stratégie d’échelle qu’on voit souvent dans les start-ups de Silicon Valley. Leur entente avec Didi et leur retrait de la Chine devraient permettre de relâcher un peu de pression. »

Uber

Les subventions décortiquées

Uber n’a jamais donné de détails sur ses « subventions », mais le magazine Forbes a levé le voile sur la pratique l’an dernier. Pour conquérir de nouveaux marchés et séduire des chauffeurs, Uber a baissé ses tarifs et la commission qu’elle encaisse dans de nombreuses villes, fonctionnant à perte dans certains cas. Partout où ses activités font l’objet de litiges, elle assume en plus la défense de ses chauffeurs. « Ça explique pourquoi les pertes de l’entreprise sont principalement dues au soutien juridique apporté aux chauffeurs, estime Jean-François Ouellet, professeur au département d’entrepreneuriat et innovation de HEC Montréal. Si les locateurs d’appartements actifs sur Airbnb étaient surveillés d’aussi près que les chauffeurs Uber, et qu’elle compensait les frais juridiques des propriétaires pris en défaut, Airbnb serait tout aussi dans le trouble ! »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.