ÉDITORIAL

Ne rien faire coûte cher

Personne ne tolère de vivre dans un endroit où le toit coule, les murs sont pleins de trous et la mauvaise qualité de l’air rend malade. Sauf dans les écoles, où on ferme les yeux.

Les infrastructures sont en décrépitude au Québec. Le réseau routier, les hôpitaux, les écoles sont âgés et souffrent d’un grave déficit d’entretien. Il a tristement fallu l’effondrement du viaduc de la Concorde pour qu’on réalise l’ampleur de ce laisser-aller et l’importance d’agir.

Depuis, on tente de faire du rattrapage. L’État consacrait à peine 2,7 milliards pour les infrastructures à la fin des années 90 ; il versera près de 10 milliards cette année.

De cette somme, les quelque 2000 écoles de la province se partagent 492 millions pour la réfection des toits, le nettoyage des conduits de ventilation ou le remplacement des fenêtres, soit un maigre 250 000 $ par école. C’est peu.

En matière d’infrastructures, certains choix sont indiscutables. D’autres sont manifestement politiques.

C’est d’ailleurs à se demander si les automobilistes ont plus d’importance que les élèves.

La chasse aux nids-de-poule et la découverte de cratères béants dans l’asphalte suscitent généralement l’indignation générale. Quelle mauvaise image donne-t-on aux visiteurs de passage ! Pendant ce temps, l’état de délabrement des écoles récolte à peine un haussement d’épaules. Il faut dire que les seuls touchés sont… les élèves et leurs enseignants.

La situation change quand les écoles deviennent de telles pépinières à moisissures que les élèves et les enseignants tombent malades. Ou que des plaques de métal doivent être fixées sur les façades pour empêcher les briques de tomber. Mais il est alors trop tard. Et encore, il faut s’armer de patience avant que des fonds ne soient débloqués pour corriger la situation.

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Selon le plan de gestion des investissements publics en infrastructures, 13 % des écoles de la province – dont la moyenne d’âge est de 56 ans – sont délabrées au point de recevoir un « E ». Le portrait s’aggrave pour celles construites il y a plus de 70 ans. Le tiers des écoles primaires et le quart des écoles secondaires sont alors considérées comme en « très mauvais état (E) ».

La situation est particulièrement critique dans la métropole. La plus récente mise à jour, dévoilée à la fin de décembre, révèle qu’à la Commission scolaire de Montréal, huit écoles sur dix obtiennent un « E ». À peine une poignée d’entre elles respectent le seuil tolérable d’indice de vétusté fixé par Québec. La situation n’est pas plus reluisante à la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, où une majorité des écoles sont en « mauvais état (D) ».

Négligé pendant des années, le déficit d’entretien a atteint de telles proportions qu’il faudra des années pour le résorber. Des années pendant lesquelles les écoles continueront de se dégrader, faisant encore grimper la facture. C’est le plus inquiétant, pour les finances publiques, mais surtout pour les élèves et leurs professeurs.

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