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Vite, très très vite

Temps de réponse plus rapides, vitesses folles, millions d’objets connectés : les promesses des réseaux mobiles 5G appelés à remplacer les réseaux 4G actuels sont séduisantes, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’y arriver.

Samsung, Verizon, Qualcomm, ZTE, Nokia, Intel, AT & T, Ericsson ou Sprint, pour ne nommer qu’eux, ont tous profité, il y a un mois, de l’important Mobile World Congress, tenu au tournant du mois à Barcelone, pour annoncer différentes initiatives liées à la cinquième génération de réseaux mobiles.

L’ennui, c’est que la technologie 5G est encore un concept flou. La norme n’a pas encore été établie par les différentes organisations internationales responsables, notamment l’Union internationale des télécommunications (ITU) et l’Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE). Il reste encore beaucoup de travail de recherche à faire, de sorte qu’on pourrait devoir attendre jusqu’à 2025 avant que cette norme ne soit véritablement répandue.

Cela n’a pas empêché la plupart des opérateurs de commencer à mener des tests. C’est le cas de Bell, entre autres, qui se targue d’avoir été le premier au Canada à le faire.

« C’est seulement pour commencer à apprivoiser la technologie, commencer à anticiper ses bénéfices. »

— Guy Raymond, vice-président au développement du réseau mobile chez Bell

S’il est déjà tant question de la technologie 5G, malgré la précocité de la recherche, c’est en grande partie parce que les prochains Jeux olympiques doivent être tenus en Asie, soit en Corée du Sud en 2018 et au Japon en 2020.

Le géant coréen Samsung, en collaboration avec Korea Telecom, a annoncé dès 2014 son intention d’offrir aux participants des Jeux de PyeongChang un réseau 5G. NTT Docomo a fait des promesses similaires pour Tokyo en 2020.

Vitesse et réactivité

Lorsqu’ils finiront par apparaître, les réseaux 5G seront théoriquement capables de livrer une vitesse de 10 gigabits par seconde (Gbps) à un utilisateur immobile. C’est 10 fois plus rapide que les connexions résidentielles par fibre optique les plus rapides actuellement offertes dans des zones restreintes, par Bell et Vidéotron. Les utilisateurs « en mouvement » pourraient s’attendre à une vitesse d’environ 1 Gbps.

L’utilité d’une telle vitesse pour le grand public est encore nébuleuse, convient M. Raymond, même si « les gens de marketing aiment bien » mettre la vitesse de l’avant.

« L’avantage le plus significatif sera la réduction du temps de latence. »

— Guy Raymond

C’est aussi l’avis de Gerhard Fettweis, coprésident de « l’Initiative 5G » de l’IEEE. Dans une entrevue au magazine publié par l’organisme, il explique son concept d’internet « tactile », soit un internet au temps de réaction si rapide qu’il « rejoint le temps de réaction du corps humain lorsqu’il touche quelque chose ».

Les délais de transmission des données de la norme 5G pourraient devenir si courts, selon M. Fettweis, qu’ils permettraient aux voitures intelligentes de réagir instantanément à des incidents, d’offrir des expériences en réalité virtuelle en temps réel avec des casques autonomes et non reliés à des ordinateurs, ou encore une commande à distance si réactive qu’il serait possible d’attraper un objet au vol.

Tours intelligentes

Les futurs réseaux devront aussi être en mesure de gérer beaucoup plus de connexions simultanément, afin de faire face à la croissance du concept d’internet des objets et aux millions d’appareils connectés qu’il suppose, des capteurs en tous genres aux frigos, en passant par les voitures, les vêtements et les interrupteurs.

Pour ce faire, les tours seront plus intelligentes. Elles reconnaîtront l’appareil avec lequel elles sont en communication et ses besoins, puis s’adapteront en conséquence. Une communication pour une intervention chirurgicale à distance, par exemple, pourra se voir attribuer plus de ressources qu’un simple capteur qui rapporte la température d’une pièce. Les réseaux actuels traitent toutes les communications sur un pied d’égalité.

« On s’attend à ce que ça crée de nouvelles applications, par exemple dans le domaine des villes intelligentes », explique M. Raymond.

On pourrait par exemple, illustre-t-il, installer sous chaque place de stationnement un capteur à batterie. Avec un réseau 4G, ce capteur devrait être connecté au réseau en tout temps, ce qui taxerait la batterie beaucoup trop rapidement. En 5G, il pourrait ne se brancher qu’au besoin et ainsi durer pendant des années.

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