Le sommeil

Et les parents, eux ?

Le plus grand choc lorsqu’on devient parent est sans doute celui du manque de sommeil. L’arrivée d’un nouveau-né est une joie, mais laisse peu de répit. Surtout dans les premiers mois de vie d'un enfant.

« Quand on parle aux mamans de l’expérience de la maternité, la majorité d’entre elles sont surprises de l’ampleur du manque de sommeil. C’est pire que ce qu’elles imaginaient et c’est important d’en parler », explique Marie-Hélène Pennestri, chercheuse régulière au laboratoire du sommeil de l’hôpital de Rivière-des-Prairies. Selon elle, il y a une certaine pression face au sommeil des parents et des enfants. « On pose trop souvent la question : est-ce que le bébé fait ses nuits ? Ce qui renvoie finalement au sommeil des parents ! », dit-elle.

Selon le Dr Pierre Mayer, directeur de la Clinique du sommeil du CHUM-Hôtel-Dieu, le sommeil est fondamental. Que l’on soit nouveaux parents ou pas, « le sommeil est le chaînon manquant des saines habitudes de vie », lance-t-il. Si on veut être en santé, il faut dormir au minimum sept heures par nuit. 

« On veut bien manger, bien bouger, mais on le fait souvent au détriment de nos heures de sommeil, qui sont le moteur fondamental de toute la biochimie humaine. On a toujours de bonnes excuses pour ne pas dormir. »

— Le Dr Pierre Mayer, directeur de la Clinique du sommeil du CHUM-Hôtel-Dieu

« Le fait de dormir deux heures de moins par nuit a un impact plus important sur l’obésité que l’alimentation grasse et l’inactivité physique. Je dis souvent en boutade : mieux vaux dormir que courir ! L’idéal est de faire les deux », souligne le Dr Mayer, auteur du livre Dormir, le sommeil raconté.

La diminution du temps de sommeil des nouveaux parents se manifeste surtout pendant les trois premiers mois de vie de l’enfant, puis plus tard, lorsqu’il a 1 an, ce qui coïncide avec le retour au travail. Les premiers mois après la naissance d’un enfant, le sommeil des parents est souvent fragmenté dans la nuit, les siestes sont donc recommandées lorsqu’on a une dette de sommeil.

« Faire des siestes a un effet réparateur, conseille le Dr Mayer. Il y a deux types de siestes, il y a le “power nap” de 15-20 minutes qui diminue la somnolence, mais qui a peu d’impact sur la fatigue. Pour bien récupérer et avoir un effet durable, il faut prévoir une sieste de 90 minutes pour avoir l’ensemble des cycles du sommeil. Plus la sieste est longue, plus l’effet réparateur est grand et durable dans la journée. Au bout de la journée, ce qui compte, c’est d’avoir eu le temps total de sommeil qui est de sept heures minimum pour être fonctionnel. »

Il évoque des études qui démontrent par exemple que le seul fait de vivre en banlieue diminue le temps de sommeil d’une à deux heures par nuit. « C’est dramatique », dit-il, car le manque de sommeil est associé à un risque accru de diabète, d’hypertension, de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux.

FAIRE ÉQUIPE

« Les deux parents doivent travailler en équipe et se parler pour mieux s’accorder. Ce n’est pas parce que la mère allaite que le père ne peut pas participer la nuit à certains soins, comme changer la couche ou bercer le bébé. Un partage des tâches fait une grosse différence, car il y a des moments où on se sent un peu désorganisée », explique la chercheuse Marie-Hélène Pennestri.

Quand on ne dort pas, on est plus irritable et plus impatient avec les enfants et le conjoint, et toute la famille en souffre. La routine de sommeil des parents est aussi importante que celle des enfants. « On travaille sur l’ordinateur, et on décide de se coucher et de s’endormir dans la minute qui suit ! Ça ne marche pas tout à fait de cette façon. Il faut tranquillement diminuer nos activités et notre énergie le soir et se préparer à aller se coucher », explique la chercheuse.

« Le sommeil est au cœur de la dynamique familiale, ce n’est pas une histoire individuelle. Il est important que les conjoints se soutiennent et développent des méthodes pour se relayer le matin par exemple quand un des deux parents s’est levé pendant la nuit », pense Marie-Hélène Pennestri.

Et quand on se lève la nuit, mieux vaut vite se rendormir et avoir une routine du sommeil qui inclut des exercices de relaxation. « L’activité d’éveil prend le dessus lorsqu’on n’arrive pas à se rendormir. Pour supprimer ce tonus d’éveil, des exercices comme la respiration abdominale et la relaxation musculaire vont venir favoriser le retour vers le sommeil. »

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