Personnalité de la semaine
Frédéric Dion
Collaboration spéciale
Depuis son arrivée à la base russe de Novolazarevskaya, le 10 novembre dernier, Frédéric Dion traverse en solitaire l’Antarctique, une des régions les plus hostiles du monde.
Avec des températures frôlant les - 50 °C et des vents pouvant atteindre 150 km/h, une simple petite erreur peut rapidement se transformer en catastrophe. Malgré tout, l’homme de 37 ans avoue que son principal ennemi reste la solitude.
Avec à sa remorque un lourd traîneau de plus de 100 kg, le Trifluvien, qui se déplace en skis cerf-volant, a mis 35 jours pour parcourir 2100 km, afin d’atteindre ce que l’on appelle le pôle Sud d’inaccessibilité. C’est le point du continent le plus éloigné de toute côte. Il est le premier homme à atteindre l’endroit en solitaire. De plus, en un temps record.
Frédéric Dion a ensuite poursuivi son chemin afin de franchir les 900 km qui le séparaient du pôle Sud géographique – le point le plus au sud de la surface de la Terre. Il y est parvenu en neuf jours, autre record, qu’il s’est offert à la veille de Noël.
Cette portion du voyage a été mouvementée. De violentes bourrasques suivies de périodes sans vent ont compliqué sa tâche.
Avec suffisamment de provisions pour continuer, Frédéric Dion a décidé d’ajouter 1130 km à son périple afin de faire la traversée intégrale du continent. « À chaque aventure, j’ai trois objectifs : un atteignable, un sûrement réalisable et un autre inavouable. Je suis maintenant dans la portion inavouable de mon expédition », explique le principal intéressé, joint par téléphone satellite.
Après plus de 50 jours et plus de 3500 km parcourus dans l’Antarctique, Frédéric Dion se dirige maintenant vers Hercules Inlet, son dernier objectif. Il lui reste environ 700 km à couvrir.
Frédéric Dion n’en est pas à sa première grande aventure. Il a été décoré par le gouverneur général du Canada pour le sauvetage de neuf skieurs russes dans les Alpes. Il a déjà survécu quatre jours sans eau, sans nourriture et sans équipement dans l’hiver du lac Mistassini. Il a déjà « retrouvé la civilisation » après s’être fait larguer dans le nord du Québec seul, les yeux bandés, sans carte, sans GPS et sans nourriture. Il a aussi déjà couru 33 marathons… en 7 semaines.
L’aventure de Frédéric Dion se poursuivra d’une autre manière lorsqu’il sera de retour au pays : il amorcera une série de conférences afin de faire partager son expérience dans l’Antarctique.
Porte-parole de l’Association des scouts du Canada, Frédéric Dion avoue être « un vieux scout qui n’a jamais vraiment réussi à décrocher ».
« Avoir des rêves et des objectifs nous permet de vivre plus vieux, d’être heureux et en santé. C’est ce que j’essaie de faire chaque jour : me fixer des objectifs et les atteindre, réaliser mes rêves et me dépasser », conclut-il.