Séries LNH

Penser avant d’agir

Ce n’est pas la première fois que P.K. Subban se retrouve sous les projecteurs pour son indiscipline, et ce n’est sans doute pas la dernière.

Mais je ne trouve qu’un seul mot pour résumer son coup de hache asséné à Mark Stone en deuxième période du match de mercredi : inacceptable. À la suite de son geste, le défenseur étoile devra procéder à un examen de conscience, car on ne devrait jamais voir de manœuvre du genre en séries, à plus forte raison quand on connaît l’importance que revêt Subban au sein de cette équipe.

Les partisans du Canadien qui minimisent cet événement fâcheux doivent se demander comment ils auraient réagi si les rôles de l’assaillant et de la victime avaient été échangés…

Comme si le geste lui-même ne suffisait pas, il fallait que cette punition survienne alors qu’un autre joueur était au cachot, et en deuxième période par-dessus le marché, ce qui rend le geste encore plus grave. Au deuxième vingt, le banc des équipes est situé loin de leur zone respective, ce qui surtaxe les défenseurs lorsque ceux-ci sont coincés dans leur territoire. Les présences deviennent plus longues, plus exigeantes, si bien que la pression augmente sur le gardien de but. Une pénalité à ce moment ne pouvait donc tomber plus mal.

Remarquez, Lars Eller n’a pas fait bien mieux, lui qui était justement au banc des punitions lorsque Subban a été chassé de la rencontre. Son bâton élevé contre Mika Zibanejad après la mise en jeu ne tombait pas exactement à point nommé non plus.

Bref, si le Canadien ne s’est pas (trop) brûlé, ce n’est pas faute d’avoir joué avec le feu. Son indiscipline aurait pu lui coûter le match. Voilà un élément qu’il faudra rapidement corriger en vue de la rencontre de ce soir.

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Parlant d’indiscipline, Dave Cameron aurait lui aussi avantage à prendre un moment de réflexion avant de se lancer dans des déclarations comme celles de mercredi soir.

« C’est un coup vicieux sur une partie non protégée, a résumé l’entraîneur des Sénateurs après le match. Deux choses peuvent se passer, la solution est facile. Soit [Subban] est suspendu, soit un de leurs meilleurs joueurs reçoit un coup de bâton et donnez-nous cinq minutes. Ce n’est pas compliqué. »

Comment Cameron a-t-il pu être aussi malhabile ? Je comprends que, sous le coup de l’émotion, il était hors de lui et voulait dénoncer le geste de Subban. J’appuie cela sans hésiter. Mais de le faire publiquement était une très mauvaise idée, et ce, pour deux raisons.

D’abord, si un joueur du Canadien est victime d’un coup de bâton au cours de la rencontre de ce soir ou plus tard dans la série, on va accuser l’entraîneur d’avoir incité ses hommes à agir de la sorte, même si ce n’est pas le cas. Ensuite, Cameron place la LNH dans l’embarras par ses propos : que feriez-vous, à la place du préfet de discipline ? Céder au chantage ou adopter une position encore plus ferme ?

En faisant cette déclaration, le pilote des Sens a nui à son équipe au lieu de l’aider. Son inexpérience n’est sans doute pas étrangère à cet événement, mais je déplore également un manque d’encadrement. Dans de telles circonstances, après le match, son entourage aurait dû l’aider à reprendre ses esprits, à livrer un message clair qui ne mène pas à des débordements pouvant être récupérés par l’adversaire.

Le directeur général, un assistant entraîneur, même un responsable des communications, aurait pu intervenir. La voix de la conscience vient parfois des personnes en autorité.

Je ne tente pas de faire la leçon à qui que ce soit, mais j’estime que réagir, à chaud, sous le coup de l’émotion, n’est une bonne idée ni dans la LNH ni dans les rangs mineurs. Et je le dis pour être moi-même passé par là !

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Un mot, maintenant, sur quelques joueurs qui eux, méritent des félicitations.

Commençons, sans surprise, par Brian Flynn et Torey Mitchell. J’ai bien aimé le quatrième trio du Canadien (complété par Brandon Prust) au cours des derniers matchs de la saison, et ça s’est poursuivi mercredi. Cette combinaison a de nouveau été bonne, en plus de créer des chances de marquer et de s’inscrire au pointage. Le travail de Mitchell au cercle de mise en jeu, l’effort de Flynn pour remettre la rondelle à Lars Eller en désavantage numérique ainsi que la dévotion de Prust démontrent bien la détermination de ce trio.

Tom Gilbert a quant à lui été appelé à en donner davantage en l’absence de Subban, et il a donné raison à l’entraîneur des défenseurs, Jean-Jacques Daigneault, de lui faire confiance. Habitué à un temps de glace plus près de la barre des 20 minutes, il a plutôt passé 24:39 sur la glace, un sommet chez le Tricolore (ex aequo avec Jeff Petry). Capable de jouer à droite comme à gauche et dans n’importe quelle situation, Gilbert démontre une polyvalence qui n’est pas passée inaperçue.

J’ai une nouvelle fois été impressionné par Brendan Gallagher, et le voir à l’œuvre m’a confirmé son grand sens de la compétition. Ses coéquipiers n’ont qu’à le regarder s’ils cherchent un exemple de discipline. Mercredi, il a reçu quatre ou cinq coups directement au visage en raison de sa petite taille, et jamais il n’a reculé.

Devante Smith-Pelly a lui aussi fait bonne impression. J’ai aimé son ardeur au travail, sa ténacité et sa présence autour du filet. Marc Bergevin a fait son acquisition en raison de ses performances en séries l’an dernier : on comprend maintenant pourquoi.

On ne peut cependant en dire autant de Pierre-Alexandre Parenteau, qui pourrait en donner plus. On a appris hier qu’il souffrait d’une blessure au haut du corps ; qui sait si cela n’explique pas sa performance effacée de mercredi. Blessé ou non, il risque néanmoins d’être rayé de l’alignement au retour de Max Pacioretty – dans l’éventualité, bien sûr, où tous les attaquants maintiennent le niveau de performance du premier match.

Le mot de la fin est réservé pour le gardien Andrew Hammond, dont je serai très curieux de voir la performance ce soir. Le match de mercredi a pris des allures de montagne russe d’émotions, et on l’a senti perdre ses repères. À l’autre bout de la patinoire, correct sans être sensationnel, Carey Price a plutôt démontré sa confiance habituelle ainsi que le calme qui vient avec l’expérience.

On verra donc comment Hammond va réagir à ce nouveau défi. Je suis néanmoins convaincu que les entraîneurs lui feront encore confiance pour au moins un match. Ils lui doivent bien cela.

Dany Dubé est invité à titre d’expert à commenter l’actualité de la LNH. Ses propos sont recueillis par Simon-Olivier Lorange.

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