Consommation

Vraie ou fausse fourrure ?

La fourrure est une matière première qui a tenu au chaud plusieurs générations. Aujourd’hui, toutefois, les mœurs ont changé et le regard que posent le monde de la mode et les consommateurs sur la fourrure a évolué. Fourrure véritable, recyclée ou synthétique ? Comment faire le bon choix ?

C’est d’abord une question de préférence et de convictions, puisque chaque matière possède ses avantages, mais aussi ses inconvénients. Et, du point de vue environnemental et éthique, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse lorsqu’on parle de fourrure.

« Un manteau en fourrure synthétique a une durée de vie de 10 ans, tout au plus, tandis qu’un manteau en fourrure véritable est pratiquement garanti à vie. Je reçois, dans mon atelier, des manteaux qui ont près de 100 ans, mais en les nettoyant, on peut récupérer l’essentiel de la fourrure. En plus, la fourrure naturelle est biodégradable, contrairement à la synthétique. »

— Mariouche Gagné, designer, créatrice de la marque Harricana

Mariouche Gagné, qui recycle la fourrure pour en faire des vêtements et des accessoires dans son atelier de Montréal, est catégorique : la fourrure synthétique est largement plus dommageable pour l’environnement que la fourrure naturelle, car elle est fabriquée à partir de dérivés de pétrole et ne se recycle pas. De plus, cette matière est beaucoup moins durable.

Au Canada, les fabricants utilisent encore majoritairement de la fourrure véritable ou de la fourrure synthétique pour concevoir leurs manteaux et accessoires. La fourrure recyclée gagne par contre en popularité, même si cela demeure un créneau très niché, tandis que la fourrure synthétique est souvent choisie pour son aspect économique et son côté polyvalent.

« Avec tous les manteaux et accessoires d’hiver qui sont confectionnés sans cruauté et avec des matières synthétiques aussi chaudes que la fourrure, il est inacceptable de continuer à traiter des animaux de manière aussi cruelle dans l’unique but de produire des vêtements et accessoires de luxe », lance Sophie Gaillard, directrice de la défense des animaux à la SPCA. Elle poursuit : « Le Canada est l’un des seuls pays qui n’exigent pas que l’on identifie si la fourrure sur un produit est vraie ou fausse, ainsi que l’espèce animale à laquelle appartient ladite fourrure. »

Martin Faucher, qui enseigne la fourrure au programme de design de mode du cégep Marie-Victorin, nuance : « On parle toujours de fourrure, mais le tissu, la teinture, la provenance, la production, tout ça peut être considéré comme un “problème” du point de vue éthique et environnemental, mais on ne pense jamais au processus de fabrication. On ne pense qu’à la matière première. »

L’enseignant tient également à souligner le travail des fabricants canadiens qui, selon lui, sont très consciencieux. « Des marques comme Rudsak et Canada Goose achètent leurs peaux ici et travaillent avec des producteurs qui ont à cœur le souci éthique animal. Ce n’est pas tout le monde qui travaille “mal” la fourrure, surtout au Canada. » Les groupes de défense des animaux arguent toutefois que le piégeage des animaux est en soi cruel.

Lorsqu’on lui parle de fourrure recyclée et synthétique, Martin Faucher, qui est aussi propriétaire de Samuel Fourrures et Manteaux, remarque la montée en popularité des deux matières. « Au début, je n’utilisais que de la fourrure véritable avec mes étudiants et, depuis quelques années, au cégep, on travaille beaucoup la fourrure recyclée. Aussi, je remarque que la qualité visuelle de la fourrure synthétique s’améliore d’année en année. »

L’entreprise Rudsak n’hésite pas à combiner les différents types de fourrure (recyclée, synthétique, véritable) afin de créer ses manteaux et accessoires.

« Lorsque j’imagine une collection, je souhaite offrir des modèles originaux et uniques qui plairont à notre clientèle, explique le fondateur de Rudsak, Evik Asatoorian. Je n’hésite pas à mélanger de la fourrure véritable et de la fourrure synthétique pour concevoir un style, si c’est ce qui procure le plus bel effet. »

Pour lui, c’est le look qui prime. Que ce soit d’utiliser de la peau de mouton synthétique ou véritable, de la fourrure synthétique ou de la vraie fourrure, Evik Asatoorian aime mélanger les matières afin de créer des designs uniques.

« Lorsque tu travailles bien et consciencieusement, avec des matières et artisans de qualité, tu peux créer de véritables merveilles, dit-il. Je viens de lancer une collection 100 % mouton qui est absolument géniale. C’est différent de ce que nous faisons habituellement, mais j’aime m’amuser avec les différentes matières. »

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