Qui a dit quE ces légumes étaient moches ?

« Les légumes moches, on les sème, on les récolte, on les trie, on les lave et on les transporte comme les autres. Mais on les vend moins cher. Quand on décide de garder des légumes atypiques pour les vendre, on perd souvent de l’argent. Plusieurs fermiers décident donc de les laisser au champ pour qu’ils se compostent et qu’ils retournent à la terre. »

— Laurence Harnois, cogérante de la ferme Les Carottés

« Les vrais légumes moches, ce sont ceux qui ne sont pas bons et il y en a plus que l’on pense à l’épicerie. Des radis trop piquants ou du kale fané à l’épicerie, ça, c’est moche. Pas une carotte à deux pattes. »

— Laurence Harnois

« Des fois, on apporte des laitues qui ont un tip burn au marché. C’est le bout des feuilles qui a brûlé. Ça peut faire la différence entre 60 ou 10 laitues vendues en une journée. »

— Francis Côté Fortin

« Les distributeurs alimentaires choisissent des variétés qui ont un bon rendement et qui donnent des légumes uniformes. Nous, on cultive plusieurs variétés, dont certaines ancestrales, mais elles ne sont pas toujours uniformes. Ça mène à plus de déclassement, mais on offre plus de variétés. »

— Laurence Harnois

« La seule différence entre un légume de catégorie 1 et de catégorie 2, c’est l’esthétique. Un légume de catégorie 2 est aussi frais et d’aussi bonne qualité. »

— André Plante, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec

« La courgette recourbée, on l’apporte au marché, mais à la fin de la journée, elle fait souvent partie des invendus. »

— Francis Côté Fortin, copropriétaire de la ferme Les Carottés

30%

La marge d’économies que les consommateurs peuvent réaliser en choisissant les légumes de catégorie 2 plutôt que ceux de catégorie 1.

10%

La proportion des légumes déclassés sur une ferme.

Catégorie 1, qui décide ?

Le gouvernement fédéral établit des normes de catégories (1 ou 2) pour une trentaine de légumes. Mais les chaînes d’alimentation ont aussi leurs propres critères de sélection. « Et leurs exigences sont encore plus sévères que la norme fédérale », soutient André Plante.

D’où vient l’expression « moche » ?

L’expression « légumes moches » a été popularisée par la chaîne Intermarché, en 2014. Dans le cadre de l’année de lutte contre le gaspillage alimentaire, l’enseigne française a lancé des publicités dans lesquelles on voyait des légumes personnifiés. La campagne a eu tellement de succès que l’expression s’emploie couramment, même ici. « J’aime mieux les stratégies locales comme “naturellement imparfaits” de Loblaw et “drôles de fruits et de légumes” de Sobeys. C’est plus vendeur selon moi », dit André Plante.

Qui sont Les Carottés ?

Les Carottés, c’est le projet d’Eloise Racine, de son amoureux Francis Côté Fortin et de leur amie, Laurence Harnois. Ensemble, ils cultivent une quarantaine de fruits et de légumes biologiques sur une terre d’un acre qu’ils louent à un pomiculteur de Dunham, dans les Cantons-de-l’Est. Ils vendent leurs légumes à des restaurants de leur région, dans des paniers saisonniers et dans trois marchés, dont le marché fermier du Roulant, dans le Plateau Mont-Royal.