Plein air

Bougex veut faire bouger plus de gens

Le site internet Bougex.com fait partie du paysage québécois du plein air depuis maintenant 15 ans. Son fondateur, Alex Guillaume, a de grandes ambitions. Avec une nouvelle plateforme technologique et l’expérience acquise au Québec, il espère s’attaquer au reste du Canada et à l’Europe.

Pour cela, il faut des fonds : M. Guillaume a lancé une campagne d’investissement participatif pour compléter le financement de l’entreprise.

À ses débuts, Bougex était un club de plein air : Alex Guillaume et trois de ses amis organisaient des activités et les gens se joignaient à eux.

« Il faut se remettre dans le contexte de l’époque, alors que les sites web n’étaient pas développés, Facebook n’existait pas encore et le courriel ne faisait que commencer, se rappelle M. Guillaume. Tous les quatre, on travaillait dans le domaine du web. »

« On s’est dit que Bougex pourrait être une belle façon de faciliter les communications entre les personnes qui voulaient faire du sport. »

— Alex Guillaume, fondateur de Bougex

Malheureusement, ce premier modèle n’était pas rentable du tout.

« On perdait de l’argent, indique Alex Guillaume. On a changé de modèle en 2009. On est devenu un réseau social : on laisse les gens organiser entre eux des activités et on leur donne une plateforme pour faciliter les rencontres, faire des activités sportives. »

Cette plateforme était cependant limitée d’un point de vue technologique : les Montréalais qui aimaient la randonnée pouvaient trouver tout ce qu’ils désiraient, mais le kayakiste de Trois-Rivières ou le grimpeur de Québec avaient de la difficulté à trouver ce qu’ils cherchaient.

« Notre nouvelle plateforme permet de se créer ce qu’on appelle des univers de recherche », s’enthousiasme M. Guillaume.

L’utilisateur peut ainsi centrer ses recherches sur sa région d’origine et ses activités préférées. Il peut aussi limiter ses recherches à un groupe d’âge et viser des sorties particulières (activités pour célibataires ou pour familles avec enfants, etc.).

Bougex a maintenant trois sources de revenus, indique Alex Guillaume, à commencer par les frais d’adhésion. L’inscription au réseau ne coûte rien, mais il est possible d’avoir un statut privilégié en payant 8 $ par mois. Le membre peut ainsi savoir qui s’inscrit à quelle activité.

« Bougex n’est pas un site de rencontres. Mais il ne faut pas se le cacher, il y a beaucoup de rencontres qui ont lieu. On donne les outils pour favoriser ces rencontres-là, si nécessaire. »

— Alex Guillaume

Ça ne coûte rien d’annoncer une activité sur le site. Par contre, on peut payer pour avoir un placement privilégié. « Un peu comme Kijiji », commente Alex Guillaume. La publicité constitue la troisième source de revenus.

Projet d’expansion

Pour mettre en place la nouvelle plateforme, les actionnaires ont investi 400 000 $. Il faut maintenant entreprendre une campagne de marketing pour faire connaître le tout.

« Notre gros défi, maintenant, c’est d’avoir le plus de contenu possible pour qu’on puisse répondre aux besoins de chacun. »

Déjà, Chinook/Détour Nature, une entreprise qui offre des activités de plein air guidées, a décidé d’inscrire ses sorties sur la plateforme Bougex.

Le site fait un peu concurrence à la plateforme Meetup, qui permet aux utilisateurs de former des clubs plus ou moins formels et d’organiser des activités.

« Meetup est vraiment anglophone, affirme M. Guillaume. En plus, c’est très, très large : il y a des gens qui font de la collection de timbres. Bougex, c’est orienté sur le sport. Et Meetup n’a pas le concept d’univers de recherche. »

À plus long terme, Alex Guillaume vise le marché canadien et européen. « Une fois qu’on aura fait nos preuves ici, au Québec. »

Cette campagne et ces projets demandent des fonds supplémentaires. Alex Guillaume et les autres principaux actionnaires de Bougex ont résolu de se tourner du côté de l’investissement participatif, avec Frontfundr, une opération encadrée par l’Autorité des marchés financiers.

« Ça nous permet d’aller chercher plus de 50 actionnaires pour la compagnie, déclare M. Guillaume. Les gens achètent des actions, comme s’ils achetaient des actions d’une compagnie publique, mais il s’agit d’une compagnie à capital privé. Notre objectif est de lever 250 000 $ en 60 jours. Après 15 jours, nous avions déjà 30 000 $. »

Des activités « victimes de leur succès »

Le modèle d’affaires de Bougex, soit le fait de laisser les gens organiser leurs propres sorties, a cependant ses désavantages. Son nom peut être associé à des incidents malheureux. Ainsi, il y a quelques années, les rangers de l’État de New York ont imposé une amende à un groupe qui s’était organisé sur la plateforme Bougex parce que celui-ci n’avait pas respecté la taille maximum imposée aux groupes dans les Adirondacks (un groupe ne peut pas compter plus de 15 membres, ou 8 si l’activité comprend une nuit de camping).

« Certaines activités ont été victimes de leur succès, explique M. Guillaume. Avec la nouvelle plateforme, il est possible de limiter le nombre de participants à une activité. »

Il trouve malheureux que le nom de Bougex soit associé à de tels événements.

« C’est comme si quelqu’un créait un événement sur Facebook, fait-il valoir. Si quelqu’un doit se faire taper sur les doigts, c’est celui qui organise, pas Facebook. »

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