Opinion Projet de dalle-parc de l'échangeur Turcot

La chance de créer une esplanade aérienne emblématique

Nous enjoignons, par la présente, au ministre des Transports et aux autres membres du Conseil des ministres concernés par les questions d’urbanisme et d’aménagement de réintégrer la dalle-parc au projet de l’échangeur Turcot. Le ministère des Transports doit poser un geste fort et faire de la dalle-parc un élément emblématique de cette infrastructure. 

Nous estimons que le meilleur moyen d’y parvenir serait la tenue d’un concours multidisciplinaire. Celui-ci permettrait à Montréal de jouir d’un équipement public de qualité faisant honneur à son statut de ville UNESCO de design, démontrant que le Québec a pris acte du renouveau ayant cours depuis quelques années en matière d’infrastructures de transport en milieu urbain.

La grogne suscitée chez des élus montréalais, des professionnels de l’aménagement, des organismes et des citoyens des quartiers environnants par le projet initial de reconstruction de l’échangeur Turcot avait incité en 2010 le ministère des Transports à en présenter une nouvelle mouture. Même si elle ne répondait pas entièrement aux critiques formulées, elle n’en comportait pas moins une composante bien accueillie : la dalle-parc. Reliant le haut de la falaise Saint-Jacques et les quartiers en contre bas, non seulement elle permettait d’atténuer l’effet barrière des imposantes infrastructures, mais elle plaisait par son originalité. En effet, elle ne se résumait pas en une simple passerelle comme on en retrouve ailleurs ; il s’agissait d’une esplanade aérienne dont la conception générale permettait de réduire les nuisances, notamment visuelles, en plus de permettre les déplacements actifs.

L’enthousiasme a malheureusement été de courte durée, le ministère des Transports invoquant a posteriori des contraintes techniques et les coûts de construction pour retirer en catimini dès 2012 la dalle-parc du projet.

Rappelons aux autorités que l’échangeur Turcot n’est pas un équipement autoroutier construit en rase campagne et qu’il ne peut être la simple adaptation technique d’une infrastructure autoroutière digne des années 50.

Une métropole comme Montréal mérite mieux et possède d’ailleurs l’expertise requise pour se doter des meilleurs équipements. Pourquoi ne pas s’inspirer du concours international et pluridisciplinaire lancé pour l’aménagement de la place des Montréalaises, près du métro Champ-de-Mars ? Après tout, cet espace public créé pour franchir l’obstacle que représente l’autoroute Ville-Marie est une dalle-parc qui reconnecte deux quartiers dans un autre secteur de la ville.

Le projet Turcot a déjà coûté au Québec et au Sud-Ouest de Montréal la perte de l’impressionnant site archéologique des anciennes tanneries de Saint-Henri remontant au XVIIe siècle. Il n’est pas trop tard pour que le ministère des Transports fasse preuve de leadership et recoure à des solutions imaginatives pour répondre aux problèmes engendrés par cette infrastructure de grande ampleur. La dalle-parc apporterait une valeur ajoutée indéniable au projet.

* Aussi signataires de la lettre ; Nathalie Dion, présidente de l’Ordre des architectes : Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal ; Phyllis Lambert, directeur et fondateur émérite du CCA et Pierre Thibault, architecte

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