DÉBAT SUR LA LAÏCITÉ AU PQ

Cloutier attaque, puis change de cap 

Après avoir attaqué la proposition de Jean-François Lisée sur la laïcité, Alexandre Cloutier a admis avoir lui-même changé d’idée au sujet de l’interdiction des signes religieux dans la fonction publique, hier, au terme d’un débat des candidats à la direction du Parti québécois.

UNE « CHARTE 3.0 »

Le débat au cégep de Drummondville tirait à sa fin lorsque M. Cloutier a accusé M. Lisée de vouloir créer une « version 3.0 » de la charte des valeurs. Selon lui, la proposition de M. Lisée de mener une campagne incitative pour décourager les fonctionnaires de porter des signes religieux risque d’entraîner la « division » et les « chicanes ». « Jamais, sous ma gouverne, jamais sous la direction d’Alexandre Cloutier, il n’y a quiconque qui va perdre son emploi parce qu’il porte un signe religieux dans la fonction publique », a-t-il martelé.

LISÉE RÉPLIQUE

Jean-François Lisée a répliqué que, lors de la dernière course à la direction, M. Cloutier s’était opposé à l’introduction de « clauses grand-père », ou clauses de droits acquis, pour éviter que des fonctionnaires portant des signes religieux soient congédiés. M. Cloutier est maintenant favorable à cette mesure pour éviter des mises à pied, a souligné M. Lisée. Selon lui, ce changement de cap prouve la « timidité » de M. Cloutier en matière de laïcité. « Il va mettre la laïcité dans sa constitution, comme un hochet, sans impact sur les signes religieux », a ironisé M. Lisée.

CLOUTIER RECULE ENCORE

Ce n’est que plusieurs heures après le débat que l’entourage de M. Cloutier a confirmé l’ampleur de sa volte-face. En plus de son changement de cap sur les clauses grand-père, le candidat a aussi renoncé à interdire aux enseignants de porter des signes religieux. Il avait pourtant défendu cette position lors de la dernière course à la direction du PQ, l’an dernier. Le porte-parole de M. Cloutier, Dominique Vallières, a justifié cette nouvelle prise de position par une volonté de dégager un large consensus sur la laïcité.

« COURSE À DEUX »

Martine Ouellet a tenté à plusieurs reprises de faire valoir ses propositions lors du débat d’hier. Elle a même répondu à des questions que Jean-François Lisée et Alexandre Cloutier se posaient entre eux. Au terme de la rencontre, la députée de Vachon a accusé ses rivaux d’agir comme s’il s’agissait d’une « course à deux ». « Je trouve ça désolant de voir que déjà ils présument des résultats parce qu’on n’a aucun indicateur permettant de connaître l’intention des membres du Parti québécois » a-t-elle indiqué.

« CULTURE DU MENSONGE »

Le système scolaire évacue des pans entiers de l’histoire du Québec, a dénoncé Paul St-Pierre Plamondon, qui y voit une preuve de la « culture du mensonge » qui ronge l’État. « Il faut évacuer le mensonge si on veut se rendre au projet de pays, a-t-il lancé. Tant qu’on accepte tacitement la place du mensonge dans la gestion de notre économie, de notre État, dans les communications aux citoyens et dans nos écoles, c’est difficile d’avoir confiance en nous-mêmes. »

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