FAUNE

Ottawa veut ouvrir la chasse à la tourterelle au Québec

Si le règlement actuel est modifié comme proposé, la chasse à la tourterelle triste sera permise dès cet automne au Québec. Des ornithologues s’y opposent.

La Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs presse Ottawa depuis des années de permettre la chasse à la tourterelle triste ici, comme c’est le cas en Ontario, en Colombie-Britannique et dans la majorité des États américains. 

L’idée a fait son chemin : Ottawa propose une saison de chasse de 107 jours, dès septembre 2016. Dans la proposition étudiée, les chasseurs pourraient abattre (au fusil sans grenailles de plomb) 8 tourterelles par jour, pour un maximum de possession de 24 oiseaux, en même temps. Si le chasseur cuisine ses prises, il peut reprendre des tourterelles dans la même saison, toujours en respectant les limites permises. La tourterelle a une chair rouge, comparable à celle du pigeon, qui fait le bonheur des amateurs de petit gibier. Mais désole de certains ornithologues : « Nous croyons que la décision est un peu prématurée », estime Jean-Sébastien Guénette, directeur général du Regroupement QuébecOiseaux. 

Le regroupement d’ornithologues a signifié son opposition au projet de règlement. Environnement Canada consulte la population jusqu’à dimanche à ce sujet. 

UNE POPULATION EN SANTÉ 

La gestion de la chasse des oiseaux migrateurs relève d’Ottawa, par Environnement Canada. Celle du gibier, petit ou grand, est de compétence provinciale. 

Le Service de la faune d’Environnement Canada maintient que la population de tourterelles tristes se porte très bien. Elle a augmenté de 6,5 % par année au Québec entre 1970 et 2012, indiquent ses documents.

« Environnement Canada évalue la population à long terme. C’est vrai de dire qu’il y a plus de tourterelles aujourd’hui qu’en 1970, mais depuis 2000, la population est plutôt en déclin, et surtout depuis trois ans. » 

— Jean-Sébastien Guénette, directeur général du Regroupement QuébecOiseaux

QuébecOiseaux n’est pas un organisme opposé à la chasse, précise son directeur général. « Nous nous y opposons lorsque cela peut avoir un impact sur la population. » 

Sur cette question, les avis sont différents. « Les taux de récolte anticipées des chasseurs devraient avoir une incidence minimale sur la population de tourterelles tristes du Québec », estiment les auteurs du Comité sur la sauvagine qui ont rédigé les modifications proposées par Environnement Canada. 

Dans un sondage réalisé auprès des membres de QuébecOiseaux, 91 % des ornithologues, amateurs et professionnels, se sont dits contre l’ouverture de la chasse à la tourterelle triste au Québec. 

Québec autorise pourtant déjà la chasse au moineau domestique et à la corneille. « Oui, et il y a justement un déclin de la population de moineaux domestiques », répond Jean-Sébastien Guénette, qui ajoute aussi que le territoire de la tourterelle pourrait poser problème, dans ce cas. « C’est un oiseau qui vit beaucoup en ville et en banlieue, dit-il. Ça complique les choses pour les règlements de chasse qui changent, selon les municipalités. » 

Le projet d’Ottawa permettrait la chasse à la tourterelle dans une grande zone qui englobe l’Estrie, les Laurentides, les régions de Montréal et Québec jusqu’à Rivière-du-Loup, dans le Bas-du-Fleuve, et le Saguenay, sur la Rive-Nord. 

Petit gibier pour chasseur pressé

Qui sera intéressé par la chasse à la tourterelle triste ?  « Peut-être des chasseurs plus âgés qui souhaitent moins se déplacer et préfèrent rester en milieu agricole. Ou des chasseurs qui ont moins de temps », indique Michel Baril, biologiste à la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs.

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