Soccer

« Il n’y a plus d’excuses » avec le Centre Nutrilait

Au commencement de son aventure montréalaise, en 2011, Evan Bush a connu les entraînements hivernaux au Complexe sportif Bell de Brossard. À l’arrivée des beaux jours, le gardien et ses coéquipiers ont entrepris une saison de nomades en NASL : un jour sur le terrain annexe du stade Saputo, le lendemain en plein cœur de Saint-Léonard, avec aussi parfois quelques détours par le Complexe Claude-Robillard.

« C’était une situation difficile, mais à l’époque, je n’avais rien connu de mieux. Je pensais que c’était correct », raconte le gardien de 31 ans, qui avait été recruté de l’éphémère Crystal Palace de Baltimore.

« Ramasser et déplacer tes affaires, chaque jour… Des fois, des joueurs oubliaient leurs chaussures ou d’autres pièces d’équipement parce qu’il n’y avait pas de vestiaire normal. Ce n’est pas idéal, mais ça peut rendre les gars plus durs en les gardant vigilants. »

Après quelques années passées à Claude-Robillard, l’Impact a fait un pas de géant en faisant l’acquisition de la Caserne Letourneux et en la transformant en un centre d’entraînement dernier cri. Il comprend notamment deux terrains naturels, deux terrains synthétiques, huit vestiaires, trois bains thérapeutiques, un gymnase, une salle à manger, une cuisine et un auditorium de 60 places.

Depuis l’été 2015, le Centre Nutrilait, qui a nécessité un investissement de 16 millions, a été adoubé par des clubs aussi prestigieux que Chelsea, le Real Madrid ou le Paris Saint-Germain.

« Ce que je préfère, c’est le côté pratique, dit Bush. Quand on va à Marie-Vic [Complexe sportif Marie-Victorin], l’hiver, ce n’est pas facile de faire ensuite tout le travail hors terrain. »

« Ici, tu as tout en un seul endroit, avec un gymnase incroyable, les terrains, les salles de thérapie, les bains chaud et froid. Il n’y a aucune excuse, maintenant, pour les joueurs et, selon moi, le Centre Nutrilait doit être dans le top 3 de la MLS. »

— Evan Bush, gardien de l’Impact

Lors de sa récente visite à Montréal, le commissaire Don Garber n’a pas tari d’éloges sur les installations de l’Impact. Bien plus qu’un simple outil de travail, le Centre Nutrilait est devenu un véritable lieu de vie pour les joueurs.

Une heure avant le début de l’entraînement, cette journée-là, plusieurs Montréalais étaient attablés dans la salle à manger, dont Bush, en grande conversation avec Dominic Oduro. Le manque d’infrastructures, lors de l’arrivée montréalaise dans la MLS, empêchait un tel rassemblement.

« Les joueurs ont des horaires différents, et ce n’est pas tout le monde qui se retrouve en même temps. Mais ces conversations, pendant le petit-déjeuner ou le dîner, permettent de fortifier les relations. Cela n’aurait pas été le cas il y a trois ou quatre ans », illustre Bush.

« Quand tu es sur le terrain, s’il y a ce petit extra sur le plan de la chimie entre nous, ça rend notre travail plus facile. Tu es prêt à en faire un peu plus pour le gars qui joue à côté de toi. »

« Ils sentent les pros »

Changement d’étage. Le cocon de la première équipe cède sa place aux bureaux, aux différents vestiaires et à la salle de thérapie de l’Académie. Le Centre Nutrilait présente l’avantage de rassembler toutes les équipes, des moins de 18 ans à celle des moins de 8 ans, au sein du même lieu.

« Avant, on était dispatchés dans tous les sens, reconnaît le directeur de l’Académie, Philippe Eullaffroy. Maintenant, il y a une meilleure efficacité en termes de communication ou de résolution de problèmes. Aussi, les installations sont superbes au niveau de la flexibilité dans les horaires, de la proximité avec les salles de classe ou de l’accessibilité à la salle de musculation de l’équipe première. »

Le Centre Nutrilait permet également de renforcer le sentiment d’appartenance et l’attractivité du club auprès des jeunes, croit-il. Les joueurs de l’Académie n’ont pas accès à l’aile des professionnels en leur présence, mais ils peuvent facilement les croiser à l’extérieur.

Pour illustrer cette proximité et motiver les jeunes encore davantage, Eullaffroy a d’ailleurs fait inscrire, sur chaque vestiaire, le nombre de mètres qui le séparent de celui des professionnels.

« Ils sentent les pros en permanence. C’est, à l’époque, Didier Drogba qui passe entre les deux terrains d’entraînement ou Adam [Braz] qui regarde un peu l’entraînement en prenant son café. Ça n’a pas de prix », se félicite Eullaffroy.

« On a l’outil idéal maintenant pour qu’un Hassoun Camara vienne nous voir afin de parler de ce qu’il a vécu en France. Avant, il fallait lui demander s’il était libre et s’il pouvait prendre sa voiture pour aller jusqu’à Marie-Victorin. Là, il est avec nous, sur place. »

Au ralenti durant l’hiver

Le Centre Nutrilait ne sert pas de lieu d’entraînement lors des mois les plus froids de l’année. L’hiver, les joueurs de l’Impact se changent tout de même dans le vestiaire avant de rejoindre le Stade olympique dans plusieurs camionnettes. En cas de neige trop abondante sur la toiture de l’enceinte de la rue Sherbrooke, ils doivent se rabattre sur Marie-Victorin, situé dans l’arrondissement de Montréal-Nord. La solution, pour rester au Centre Nutrilait, serait d’installer un dôme gonflable sur l’un des deux terrains synthétiques. L’idée d’un terrain couvert avait été discutée au début du projet du Centre Nutrilait, mais elle ne s’était pas matérialisée en raison des coûts de construction et de rénovation. Actuellement, cet ajout n’est pas dans les plans à court terme.

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