maternelle 4 ans

À l’école pour de vrai

Ils sont 14 dans la classe de maternelle 4 ans de « madame Ourdia ». Du groupe, un seul prénom québécois. Mais beaucoup de Uddin, Imrane, Aarya. On comprend pourquoi : ici, la langue le plus souvent parlée à la maison, après le français, c’est le bengali !

L’école primaire Champlain, dans Hochelaga-Maisonneuve, où nous avons passé une journée à la fin du mois de novembre dernier, est une des rares à offrir la maternelle 4 ans à temps plein. (Voir onglet 4)

Dans notre classe, aucun enfant n’a fréquenté un CPE. Seuls quatre ont été en garderie. Les autres sont toujours restés à la maison. À la rentrée, plusieurs ne savaient pas tenir un crayon, découper, ni respecter une consigne. Un enfant, pourtant né ici, ne disait pas un seul mot de français. « Des fois, j’ai l’impression que je les surcharge, confie l’enseignante, Ourdia Houchi. Mais on a deux ou trois ans à rattraper… »

La cloche

Il est 8 h 55. Une dizaine de parents attendent dans la cour d’école avec leur enfant. Ici, les parents n’ont pas le droit de circuler à l’intérieur. Ils doivent attendre dehors. Quand l’enseignante arrive enfin, tout le monde se met en rang. « Bye, papa ! », lance une petite.

Après le déshabillage, madame Ourdia fait entrer tous les enfants dans la classe, une belle grande salle éclairée, organisée, colorée. C’est l’heure de la routine du matin. Tous les enfants vont s’asseoir par terre, devant un grand tableau vert. Madame Ourdia s’installe sur un tabouret et invite l’« ami du jour » à ses côtés. « On est quel jour aujourd’hui ? » Le bambin pointe vers « mercredi », puis tous les enfants enchaînent en chœur : « Un, deux, trois… » jusqu’à 23. « Mercredi le 23 novembre 2016 ! », récitent-ils.

Les suites logiques

Après une brève collation, le lavage des mains, de la bouche, quelques exercices physiques (« on a besoin de bouger un peu ! »), retour devant un tableau blanc cette fois, le tableau numérique interactif. « Écoute mon activité maintenant. On va faire des suites. » Lentement, sous le regard attentif des enfants, elle dessine un cercle, puis un triangle. Et ainsi de suite. « Ça s’appelle une suite logique. »

Exercices de suites

Il est 10 h. Les enfants sont tous assis à une table, avec différents bacs de jouets, à faire des suites logiques à leur tour : « Rouge, bleu, rouge, bleu. » Madame Ourdia supervise le travail en passant voir chaque enfant, individuellement. « Continue, tu as très bien fait. » Une gamine aligne les couleurs à sa guise : « Mais elle est où, ta suite ? » « Moi, je fais des suites arc-en-ciel ! »

Jeux libres

10 h 20. Depuis qu’il fait plus froid, les enfants ne sortent plus. « C’est trop long, avec l’habillage », nous explique une éducatrice, qui donne un coup de main à madame Ourdia le matin. Au lieu de quoi, après l’activité des suites, ils peuvent tous se choisir un jeu. « C’est sûr qu’ils voudraient jouer plus, confie l’enseignante. Mais on a des contraintes. Et les parents veulent des apprentissages ! »

Le dîner

11 h 05. « Les amis qui mangent à la maison, tu t’habilles. » Tous les enfants vont au vestiaire en chantant « je m’habille pour aller dehors, je n’ai pas peur du vent du nord… ». Mine de rien, ça leur prend 20 bonnes minutes à être prêts. Madame Ourdia accompagne à la porte les enfants qui partent à la maison, tandis que le petit groupe qui mange ici se dirige vers une grande salle, qui fait office de cafétéria. Les enfants mangent en silence. Ensuite, ils iront jouer dehors une demi-heure, dans une belle grande cour aménagée.

La sieste

Une fois tous les enfants rentrés du dîner, après la routine du pipi, chacun se couche sur son tapis. Madame Ourdia choisit un livre et s’installe à nouveau sur son tabouret. Elle lit doucement une histoire. Après quoi, elle ferme tous les rideaux. Puis met une musique douce. Un enfant fait le tour de la classe, pour caresser doucement le dos de ses camarades. La sieste ne dure que 40 minutes. Seuls trois enfants s’assoupissent vraiment.

La fin de la journée

Il est 14 h. « C’est la partie la plus dure ! Ça me fend le cœur, confie madame Ourdia en réveillant les enfants. Mais sinon, ils pourraient dormir jusqu’à 15 h ! » Or, pas le choix, une autre activité les attend : le deuxième jeu libre, avant de rentrer à la maison ! Dans la classe, seuls deux enfants iront au service de garde. Tous les autres partiront à la maison vers 15 h. « À la garderie, ma fille n’apprenait plus rien. Je voyais qu’elle avait une soif de savoir plus de choses… », nous explique une maman, Julie Maltais, croisée dans la cour. Et comme sa grande sœur rentrait à son tour en maternelle (5 ans), le choix n’a pas été trop difficile à faire. « Je ne me suis pas posé de questions ! »

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