Plomb dans l’eau

Le ministre Charette s’en remet aux municipalités

Québec — Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, n’a pas été en mesure de garantir que les Québécois pouvaient boire l’eau de leur robinet en toute quiétude, hier. Selon lui, il revient aux municipalités, pas au gouvernement, de s’assurer qu’elle contient des concentrations de plomb sécuritaires.

« On ne peut pas, naturellement, prendre à notre charge la qualité de l’eau offerte par toutes les municipalités du Québec, dans chacune des résidences du Québec, a dit le ministre. La responsabilité incombe aux municipalités. »

La Presse et Le Soleil ont révélé la semaine dernière que l’eau distribuée dans nombre d’écoles primaires du Québec contenait des concentrations de plomb plus élevées que celles décrétées par les normes fédérales. L’un des établissements présentait une concentration sept fois supérieure à la norme de Santé Canada.

Selon un reportage du Devoir, des étudiants en journalisme de Concordia et de Global News publié hier, le problème dépasse largement les écoles et touche aussi les résidences privées.

Or, au Québec, les municipalités utilisent une méthode reconnue pour son inefficacité afin de dépister le plomb dans l’eau potable. Elles font couler le robinet pendant cinq minutes avant de prélever la mesure. Santé Canada recommande plutôt de laisser un robinet inactif pendant une demi-heure avant de prendre l’échantillon.

Le Québec est la seule province au Canada à ne pas appliquer la norme fédérale.

Le ministère québécois de l’Environnement a transmis une directive aux municipalités pour qu’elles adoptent les méthodes de Santé Canada plus tôt cette année, a dit M. Charette. Dès lors, c’est à elles de prendre leurs responsabilités, a-t-il expliqué.

« Il y a une prérogative qui revient aux municipalités en matière de normes à respecter, a-t-il dit. Le ministère de l’Environnement édicte des normes basées sur des données probantes de santé publique. Donc la consigne est donnée et, maintenant, c’est à la municipalité de mettre tout en œuvre pour s’assurer que l’eau est de qualité. »

Legault rassurant

Le premier ministre François Legault estime quant à lui que les Québécois n’ont pas à s’inquiéter. Il affirme avoir confiance que l’eau qui coule dans leurs robinets ne présente pas de risque majeur.

« Jusqu’à preuve du contraire, oui, c’est sécuritaire, a dit M. Legault. Maintenant, on ne veut pas courir de risques. C’est préoccupant, ce qu’on a entendu, donc on va demander à chaque école de s’assurer qu’il y a des tests de faits, avec de bonnes normes. »

Le gouvernement Legault a en effet exigé la semaine dernière que chaque école du Québec mène une vérification de son eau potable pour s’assurer qu’elle ne contient pas des concentrations trop élevées de plomb.

Le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, a indiqué que les écoles primaires seront inspectées en priorité. Le processus sera terminé « d’ici la fin de l’année scolaire », un délai de huit mois.

Commission scolaire English-Montreal

Le rapport des vérificateurs est « très grave », selon Québec

Le premier ministre du Québec, François Legault, qualifie de « très grave » le rapport des vérificateurs de son gouvernement sur la gestion des contrats à la commission scolaire English-Montreal (CSEM), qui se rapproche encore un peu plus d’une tutelle. Le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, n’exclut pas qu’il y ait matière à enquête policière.

Selon le rapport que La Presse a obtenu, la CSEM a enfreint les règles dans l’attribution de contrats valant plusieurs millions de dollars en 2017 et en 2018. Les vérificateurs relèvent en outre que des contrats ont été accordés sans passer par le processus d’appel d’offres public prévu à la loi, écrivait-on hier.

« On fait des contrats plus petits que 25 000 $ pour être capable de se sortir de l’appel d’offres. Quand je dis que c’est assez troublant, c’est vraiment qu’on n’a pas respecté les règles », a affirmé Christian Dubé lors d’une mêlée de presse en marge d’une réunion du conseil des ministres. « Ce qu’on voulait voir » avec cette vérification, « c’est [si] les règles d’achat étaient respectées. De prime abord, elles ne semblent pas avoir été respectées. Il y en a pour 44 millions là ! »

Y a-t-il preuve de malversation ou matière à déposer une plainte à la police ? « Je vais être prudent concernant la prochaine étape, a-t-il répondu. Si on ne donne pas la chance ou le privilège aux gens de la commission scolaire de répondre ou de donner leur version, je pense qu’on ne serait pas fair. J’aimerais mieux attendre de voir ce qui en est. »

Questionné pour savoir s’il a « des preuves ou des soupçons », M. Dubé a répondu que, selon le rapport, « on avait changé des contrats qui avaient été approuvés, pendant la durée du contrat et sans aucune autorisation ». « Je peux vous dire que j’ai hâte d’avoir une réponse de la commission scolaire. Mais il y en a assez pour nous pousser à aller plus loin dans ça. »

VERS UNE TUTELLE ?

Pour le moment, le gouvernement Legault envisage de mettre sous tutelle la CSEM. Une décision devrait survenir le mois prochain. Selon une source proche du dossier, la tutelle est de plus en plus probable. « C’est très grave, ce qui est arrivé à English-Montreal. Rien n’est exclu, y compris une tutelle », s’est contenté de dire François Legault.

De son côté, le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, soutient que le gouvernement analyse « les impacts légaux d’une intervention ou d’une autre ». « C’est sûr que ce ne sera pas le statu quo, au nom de la saine gestion des finances publiques et au nom d’une bonne gouvernance », a-t-il insisté.

Christian Dubé a précisé que le Trésor pourrait demander à la commission scolaire de lui faire un rapport tous les six mois au sujet de l’attribution de contrats.

Le cas de la CSEM, « j’espère que c’est l’exception » dans le réseau de l’éducation, a-t-il ajouté. Or un rapport du ministère de l’Éducation indiquait en septembre que des irrégularités avaient été observées à la CSEM, mais aussi dans d’autres commissions scolaires.

Le président du Conseil du trésor considère que cela prouve le bien-fondé de son projet de loi qui a été déposé récemment à l’Assemblée nationale et qui vise « l’amélioration des acquisitions » au sein du gouvernement et des réseaux. « Je suis presque content qu’on ait cet exemple-là, parce que c’est avec ça qu’on va pouvoir procéder à la nouvelle façon d’acheter à l’intérieur du réseau », a-t-il soutenu.

Selon les explications de M. Dubé, les vérificateurs du Conseil du trésor attendent les commentaires de la CSEM sur leurs constats avant de lui remettre un rapport final.

Santé

Bonjour-santé encore paralysé

Le site de prise de rendez-vous Bonjour-santé est encore en panne depuis mardi. Se retrouvant avec une salle d’attente en partie vide, quatre médecins de la clinique Mieux-être, à Saint-Léonard, ont quitté prématurément le travail, mardi.

« On n’est pas en colère contre Bonjour-santé. On comprend. Mais on constate que les patients ont perdu le réflexe de seulement se rendre à leur clinique de quartier ou de nous appeler directement pour prendre rendez-vous », affirme le propriétaire de la clinique Mieux-être, l’ergothérapeute Rémi Boulila.

C’est la deuxième fois en deux semaines que le site de Bonjour-santé est paralysé. La semaine dernière, l’entreprise avait été victime d’une attaque informatique. Ses services avaient été suspendus du dimanche au jeudi.

Louis Aucoin, un porte-parole de Bonjour-santé, explique que la panne actuelle ne résulte pas d’une nouvelle attaque, mais qu’elle est plutôt une conséquence de la précédente. « On a constaté [mardi] que les serveurs de Bonjour-santé n’étaient pas stables. On a préféré déconnecter les serveurs, les vérifier et les repartir », explique M. Aucoin.

Ce dernier explique que Bonjour-santé a enregistré plus de demandes que d’habitude cette semaine. « Peut-être parce que des gens ont reporté leur rendez-vous de la semaine dernière », dit-il. En temps normal, les serveurs de Bonjour-santé auraient été capables de répondre à cette demande accrue, mais l’attaque de la semaine dernière est venue fragiliser le système, estime M. Aucoin.

Appeler directement

En attendant la reprise des services, M. Aucoin recommande aux patients d’appeler directement leur clinique pour prendre rendez-vous. Les patients désirant une consultation en pédiatrie peuvent aussi appeler directement Bonjour-santé, qui assure un service de référence pour cette clientèle.

Hier soir, les services n’étaient toujours pas rétablis. Sur sa page Facebook, Bonjour-santé a tenu à remercier ses clients pour leur patience : « Vous êtes nombreux à nous avoir démontré votre soutien, qui se veut aussi un soutien clair à la lutte contre la cybercriminalité ! Merci de vos beaux mots d’encouragement, ils sont très appréciés. »

De son côté, M. Boulila a joint l’hôpital Santa Cabrini et d’autres établissements pour proposer de transférer à la clinique Mieux-être les patients qui attendent aux urgences, mais qui pourraient être traités en clinique.

Santé

Plus de maladies cardiaques avec la boulimie

Les femmes boulimiques ont de 14 à 22 fois plus de risques d’avoir une crise cardiaque, selon une nouvelle étude québécoise. Il s’agit du risque lié à une boulimie sévère nécessitant une hospitalisation. Divers mécanismes pourraient expliquer ce lien.

Cœur et santé mentale

Plusieurs troubles de santé mentale sont liés, de manière causale ou simplement par association, à des problèmes cardiovasculaires, selon Nathalie Auger, épidémiologiste à l’Institut national de santé publique, qui est l’auteure principale de l’étude publiée hier dans la revue JAMA Psychiatry. « Nous avons étudié des femmes ayant une boulimie très grave, qui a nécessité une hospitalisation », explique la Dre Auger. Si on les compare à des femmes n’ayant pas de boulimie, le risque d’avoir une crise cardiaque dans une période de suivi de deux ans est 22 fois plus grand chez les femmes ayant été hospitalisées pour une boulimie. Ce risque est 14 fois plus grand sur une période de suivi de cinq ans.

Causes et causalité

L’étude n’établit pas formellement de lien de cause à effet entre boulimie et maladies cardiovasculaires. Pour cela, il faudra faire une étude longitudinale qui suivra des femmes durant une longue période. Mais plusieurs mécanismes pourraient expliquer le lien. « Le mécanisme le plus fort serait une mauvaise nutrition, dit la Dre Auger. Mais il peut aussi y avoir des problèmes d’électrolytes chez les femmes boulimiques, et une perte rapide de poids, deux phénomènes qui ont des effets négatifs sur le cœur. On sait aussi que la dépression est liée à des problèmes cardiovasculaires, et la dépression est souvent associée à la boulimie. »

Une cohorte québécoise

Les chercheurs ont eu l’idée de l’étude en suivant une cohorte de 419 000 femmes hospitalisées durant une grossesse (certaines ont mené la grossesse à terme, d’autres ont eu une fausse couche ou un avortement). Au départ, la cohorte devait servir à étudier les problèmes de santé mentale liés à la grossesse, mais il a été possible de comparer 818 femmes hospitalisées pour une boulimie grave à ces 419 000 femmes enceintes. « Les femmes enceintes sont relativement représentatives de la population, explique la Dre Auger. On a réfléchi à d’autres problèmes relativement communs chez les femmes en âge de procréer. Il est difficile de trouver de bonnes cohortes de comparaison pour des problèmes comme la boulimie. » En moyenne, les femmes étaient suivies de sept à huit ans. Les chercheurs veulent maintenant se pencher sur les dimensions cardiovasculaires d’autres problèmes de santé mentale, comme l’anorexie.

Proportion de l’augmentation des risques

10 fois : augmentation du risque de cardiopathie chez les femmes boulimiques ayant été hospitalisées

25 fois : augmentation du risque de cardiopathie chez les femmes boulimiques ayant été hospitalisées à au moins trois reprises

1,5 % des femmes auront un diagnostic de boulimie durant leur vie

Source : JAMA Psychiatry

Justice

Des manifestants du FRAPRU déboutés

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n’aura pas à verser près d’un demi-million à des militants du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui accusaient entre autres les policiers de les avoir séquestrés. La Cour du Québec conclut que les agents ont agi « de façon prudente et diligente » et qu’ils n’ont pas violé la liberté d’expression des manifestants. Le 22 mai 2017, lors d’une manifestation pour le droit au logement abordable, une centaine de militants du FRAPRU investissent l’ancien hôpital Viger, situé au centre-ville de Montréal, après avoir bousculé au passage l’agent de sécurité, peut-on lire dans la décision qui touche 99 personnes. Les policiers disent aux manifestants qu’ils peuvent sortir en tout temps, mais qu’ils devront s’identifier, considérant qu’ils sont entrés par effraction. Les demandeurs soutenaient avoir été détenus dans l’immeuble contre leur gré. Ils reprochaient au SPVM de les avoir obligés à s’identifier pour pouvoir sortir de l’immeuble, que leur droit à la liberté d’expression a été violé et qu’il y a eu dans certains dossiers arrestation et détention abusives. Ils réclamaient 5000 $ chacun. — Louise Leduc, La Presse

canada

La police frappe un réseau de traite de femmes

La police ontarienne a annoncé hier l’arrestation de 31 personnes dans le cadre d’une enquête sur la traite des femmes et le crime organisé dans plusieurs provinces, notamment au Québec. Des policiers ont procédé à une trentaine de perquisitions dans la région de Toronto et au Québec, jeudi dernier, et porté plus de 300 accusations contre les suspects. Les enquêteurs recherchent toujours 11 autres suspects. Selon la police, les enquêteurs ont identifié 12 victimes et déterminé que plus de 30 femmes impliquées dans le commerce du sexe étaient liées à ce réseau de traite des femmes. La majorité de ces femmes provenaient du Québec et avaient été ensuite emmenées en Ontario et ailleurs au Canada pour se livrer à la prostitution. Selon la police, les femmes étaient obligées de travailler sans relâche, et elles auraient en moyenne rapporté chacune à l’organisation au moins 1000 $ par jour. — La Presse canadienne

CPO de Sacré-Cœur

Les médecins gagnent trop, selon la ministre McCann

Le gouvernement Legault veut relancer le Centre de prélèvement d’organes (CPO) de l’hôpital du Sacré-Cœur, mais les médecins qui y travaillent devront accepter de réduire leurs honoraires, a prévenu hier la ministre de la Santé, Danielle McCann. « Actuellement, on a des centres préleveurs à Montréal, au Québec, qui font du travail à la même hauteur et de la même qualité qu’à l’hôpital du Sacré-Cœur, a déclaré la ministre. Pourquoi on paierait trois fois plus les médecins de l’hôpital du Sacré-Cœur qui sont coordonnateurs de ce centre-là que des médecins qui travaillent au CHUM, à McGill ? » L’unité a cessé ses activités vendredi dernier. Québec avait proposé aux médecins qui y travaillent d’être rémunérés à la même hauteur que leurs collègues des autres centres. Ceux-ci ont refusé. Le médecin coordonnateur du CPO, le Dr Pierre Marsolais, a démissionné en guise de protestation. Mme McCann dit garder espoir de trouver une « voie de passage » avec le personnel médical du centre. — Martin Croteau, La Presse

Fermeture du tunnel du mont Royal

Les usagers veulent rencontrer la ministre Rouleau

Des usagers du train de banlieue de Deux-Montagnes réclament une « rencontre d’urgence » avec la ministre déléguée aux Transports, Chantal Rouleau, pour la convaincre d’implanter des mesures d’atténuation plus efficaces avant que le service de train soit interrompu par la fermeture du tunnel du mont Royal. Le Comité des usagers du train de Deux-Montagnes, créé en février dernier pour réclamer des solutions efficaces pour remplacer le train de banlieue, estime que la construction d’un mur central visant à séparer le tunnel en deux couloirs distincts « risque d’entraîner des délais nettement plus importants que ce que la Caisse de dépôt [et placement du Québec] laisse entendre ». Hier, le Bureau de projet du Réseau express métropolitain a confirmé que cette option avait été retenue, pour des raisons de sécurité. « On aimerait ralentir l’empressement à tirer la plogue sur le train, et qu’on prenne le temps d’implanter des infrastructures nécessaires pour qu’on puisse aller travailler ou étudier dans un temps raisonnable après le 6 janvier prochain », explique la porte-parole du Comité, Karolyne Viau. 

— Bruno Bisson, La Presse

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