Chronique

Se priver de télé américaine ? Oh non !

Boycotter les téléséries américaines ? Non, nope, niet. C’est un refus global à la casa Dumas.

Autant j’aime mon anxieuse urgentologue Béatrice Clément (Sophie Lorain) à TVA, autant j’adore mon infatigable guerrière Olivia Pope (Kerry Washington) et ses longs manteaux chics dans Scandal.

Autant je me passionne pour les combats acharnés des chics avocates Ariane Beaumont (Mélissa Désormeaux-Poulin) et Claude Boily (Isabel Richer) de Ruptures, autant je me branche avec bonheur sur les déboires sentimentalo-juridiques des élégants Mike Ross (Patrick J. Adams) et Harvey Specter (Gabriel Macht) de la délicieuse série Suits.

Je stresse autant pour que Justine Laurier (Karine Vanasse) de Blue Moon ou Carrie Mathison (Claire Danes) de Homeland survivent à leurs missions périlleuses dans leurs pays respectifs. J’ai autant de plaisir à dévorer Lâcher prise à la SRC que Girls sur HBO.

Bref, ce mélange de télé québécoise et américaine équilibre parfaitement mon régime d’émissions. Éliminer l’une ou l’autre des catégories me priverait d’un apport inestimable de contenus aussi riches que variés.

La télé québécoise nous parle directement, reflète notre réalité et expose nos singularités. C’est toi, c’est moi et c’est nous autres, pour paraphraser la chanson thème de (feu) Watatatow.

La télé américaine se balade entre la pure évasion à la Game of Thrones et les études de mœurs très ciblées, comme la réalité d’un vingtenaire pauvre qui essaie de percer le monde du hip-hop (Atlanta sur FX) ou les bobos friqués qui se séparent dans la douleur (Divorce sur HBO).

L’immensité du bassin de téléspectateurs américains permet en effet l’exploration d’univers pointus : les transgenres (Transparent), les fabricants de crystal meth (Breaking Bad) ou les femmes zombies de banlieue californienne (Santa Clarita Diet).

Se fermer aux émissions manufacturées à Hollywood ou New York, c’est également faire une croix sur The Americans, Fargo et des classiques comme The Sopranos, Sex and the City et Six Feet Under. « Hell no », comme dirait une participante à The Real Housewives of Atlanta.

En boycottant la télé américaine, je serais passé à côté d’un récent coup de cœur, soit Feud : Betty and Joan, que la chaîne FX relaie les dimanches à 22 h.

Cette série d’époque est fascinante et raconte la rivalité épique entre les actrices légendaires Bette Davis et Joan Crawford sur le plateau de tournage du film What Ever Happened to Baby Jane ? en 1962. Les actrices Susan Sarandon (Davis) et Jessica Lange (Crawford) y offrent des performances incroyables.

C’est hallucinant à quel point ces deux stars de l’âge d’or de Hollywood ont été manipulées par leurs patrons, qui exploitaient sans gêne leurs vulnérabilités afin de les contrôler et d’amoindrir leur pouvoir.

Feud, c’est un regard acéré sur la jalousie féminine, la peur de vieillir, la misogynie et la violence psychologique.

Quand Bette Davis et Joan Crawford enterraient la hache de guerre, le réalisateur de Baby Jane plantait des faussetés au sujet de l’une ou de l’autre dans les magazines à potins, ce qui ravivait les hostilités.

Évidemment, plus les deux ambitieuses comédiennes oscarisées se crêpaient le chignon publiquement, plus le buzz vrombissait autour du film et plus le studio allait empocher de recettes.

En même temps, Davis et Crawford savaient pertinemment que leur dispute médiatique allait enfin les remettre sous les feux de la rampe et l’exploitaient, elles aussi, sans scrupules.

Vraiment, c’est fascinant et c’est offert sur iTunes et FX Canada.

Du gros calibre

Deux téléséries prometteuses destinées à Radio-Canada se tourneront à l’été, me rapportent des taupes fouineuses.

La première, une comédie dramatique assez noire, porte le titre provisoire de Constance et a été imaginée par Joanne Arseneau, l’auteure de la minisérie Le clan et du film La loi du cochon.

Stéphane Lapointe (Lâcher prise, La théorie du K.O.) s’installera derrière la caméra et c’est Sophie Deschênes de la boîte Sovimage (Les pays d’en haut, Mensonges, O’) qui supervisera cette production.

Selon mes infos, on y suivra une policière et mère de famille dans la fin trentaine, qui résoudra des crimes perpétrés dans la couronne nord de Montréal. Le casting n’a pas encore été complété.

La deuxième œuvre, qui s’appelle Hubert et Fanny, est signée par Richard Blaimert, qui nous avait donné l’émouvante télésérie Nouvelle adresse avec Macha Grenon dans le rôle principal. C’est Mariloup Wolfe qui a été choisie pour réaliser les épisodes, elle qui avait exécuté un super boulot pour la première saison de Ruptures. La productrice Josée Vallée de Sphère Média chapeautera le tout.

Marie Mai de retour

Une petite dernière pour la route. Selon une taupe à TVA, la chanteuse Marie Mai reprendra son gros fauteuil motorisé à La voix junior l’automne prochain. La nouvelle maman de la petite Gisèle sera de nouveau entourée du vétéran Marc Dupré et de son protégé Alex Nevsky, exactement comme dans la première saison. Charles Lafortune reste aux commandes, comme prévu. TVA a aussi inscrit La voix « régulière » à son calendrier pour l’hiver 2018, me dit-on. À moins d’une catastrophe nucléaire, les chaises pivoteront donc pendant toute la saison 2017-2018. Voilà, le rapporteur officiel a vidé son sac à infos !

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.