Opinion

La malnutrition au Québec, une crise toujours actuelle

Chaque année, le 16 octobre marque la Journée mondiale de l’alimentation. Peu de gens savent que cette journée est issue d’une conférence mondiale qui s’est tenue dans la ville de Québec peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, soit le 16 octobre 1945, où 42 pays ont créé l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). 

Cette année, la FAO a souhaité mettre en lumière la faim dans le monde, une crise encore terriblement actuelle. Penser à cette tragédie mondiale entraîne une réflexion sur l’alimentation chez nous. Mangeons-nous bien ? Trop ? Pas assez ? C’est également une bonne occasion de présenter les faits comme ils le sont : au Québec, près de la moitié des patients souffrent de malnutrition lorsqu’ils sont admis à l’hôpital. Un sur deux. 

Mais qu’est-ce que la malnutrition ? La malnutrition au Québec n’est pas spectaculaire : elle est discrète, sous-diagnostiquée, et ses conséquences fatales sont grandes. Il s’agit de « déficience ou d’excès d’un ou plusieurs nutriments provenant d’un apport calorique insuffisant ou, au contraire, excessif ». Mal manger, donc, que ce soit avec excès ou insuffisamment.

C’est un enjeu mal dépisté, et trop souvent ignoré par notre système de santé. 

Lorsque les patients qui en souffrent ne sont pas identifiés à leur arrivée à l’hôpital, leur état se détériore en cours d’hospitalisation. Ainsi, leur séjour se prolonge de six jours en moyenne, une situation tout à fait évitable. De plus, leur taux de réadmission non planifié à 30 jours est significativement plus élevé que chez les patients ne présentant pas de malnutrition. Ainsi, les coûts de séjour en centre hospitalier de courte durée sont de 31 % à 55 % plus élevés chez ces patients, ce qui équivaut à 2 milliards de dollars annuellement au Canada (en dollars de 2015), soit plusieurs centaines de millions de dollars au Québec. 

Pour une prise en charge rapide

Pourtant, une solution existe et elle est simple : identifier ces patients dès l’admission ou même dans le cabinet du médecin et les diriger vers une diététiste/nutritionniste pour une prise en charge rapide. Les nutritionnistes, avec leur baccalauréat de près de quatre ans en nutrition humaine, leurs 1400 heures de stage pratique avant leur entrée dans la profession, et leurs connaissances en biologie, en biochimie, en anatomie et en pathophysiologie notamment, peuvent assurer une prise en charge efficace. 

Tout comme les pharmaciens sont les experts du médicament, les nutritionnistes sont les expertes de l’alimentation et de la nutrition. Le meilleur scénario serait bien sûr de prévenir la malnutrition avant qu’elle ne survienne. Mais une fois installée, elle doit être dépistée et prise en charge. Si les temps d’hospitalisation évitable étaient réduits, les Québécois pourraient avoir un accès plus facile aux ressources médicales. Nos élus auraient tort de négliger ce dossier.

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