Agriculture

Les producteurs de grains tiennent à leurs assurances

Les producteurs de grains du Québec refusent de choisir entre les deux types de programmes d’aide auxquels ils ont droit présentement. Ils demandent au ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Pierre Paradis, d’intervenir d’urgence dans ce dossier. 

La Financière agricole du Québec, qui gère les programmes de sécurité du revenu des producteurs, veut mettre fin à la double indemnisation en agriculture. Seulement quelques secteurs ont droit à deux types d’aide, dont les producteurs de porcs, de pommes, de pommes de terre, de bovins et de grains. 

L’assurance stabilisation des revenus agricoles, communément appelée ASRA, vient en aide aux agriculteurs dans les temps durs lorsque leur production est déficitaire. Mise en place dans les années 80, elle protège les entrepreneurs contre les fluctuations des prix du marché et des coûts de production, inhérents à l’agriculture. Les cotisations des producteurs fournissent environ le tiers des couvertures de l’ASRA, l’État verse le reste. 

Les assurances « Agri » sont plutôt des épargnes communes producteurs-État. Les agriculteurs peuvent contribuer jusqu’à 3,2 % de leurs ventes nettes, le gouvernement verse l’équivalent. Ce coussin de sécurité peut être utilisé en période de disette, mais le producteur peut également piger dans ces fonds pour d’autres fins, s’il veut investir à la ferme, notamment. 

« INCOMPLETS »

Au départ, les deux programmes ont été conçus pour être complémentaires. La Financière agricole demande toutefois de maintenant faire un choix, entre l’un ou l’autre. 

« C’est impossible, car l’un et l’autre sont incomplets », explique Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec. Selon lui, si on enlève un des deux programmes aux agriculteurs qui font des céréales, ils ne seront tout simplement plus capables de faire face à la concurrence internationale. C’est toute l’agriculture québécoise qui sera ébranlée, dit-il.

Les producteurs de grains ont écrit au ministre Paradis mercredi. Ils en ont contre la façon de faire de la Financière agricole qui a lancé une consultation auprès des agriculteurs plutôt que de s’adresser à leur syndicat. Lors de leurs dernières assemblées générales, les producteurs de grains ont convenu qu’ils refusaient de laisser tomber l’un ou l’autre de leurs programmes. D’autant que la demande vient avec un calcul qu’ils jugent biaisé et qui pourrait exiger un remboursement des sommes déjà reçues via le programme Agri-Québec.

STATU QUO

C’est ce qui explique que ce soient les producteurs de grains qui montent aux barricades. Les versements des programmes d’aide étant arrimés l’un à l’autre, la rétroaction potentiellement demandée par la Financière désavantagerait les productions qui ont été rentables. 

Une façon de faire complètement absurde, juge Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), à laquelle appartient le syndicat des producteurs de grains. L’UPA demande le maintien des deux programmes pour cinq ans ainsi qu’une discussion avec la Financière agricole pour la suite des choses. Si la façon de gérer les programmes devait changer, ce serait toutefois pour majorer l’investissement de l’État dans l’agriculture, précise Marcel Groleau. 

Le conseil d’administration de la Financière agricole se réunit la semaine prochaine et fera connaître ses intentions à la suite de la consultation avec les producteurs de grains. 

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