ACCUEIL DES MIGRANTS SYRIENS

Le PLQ plus ouvert que le PQ et la CAQ, selon Couillard

Le Québec n’est pas à l’abri de ces « démons » que sont le racisme, la xénophobie et l’intolérance, observe Philippe Couillard, qui est  convaincu que son parti est plus ouvert que le Parti québécois (PQ) ou la Coalition avenir Québec (CAQ) à l’accueil des migrants syriens.  Au moment où circule sur l’internet une pétition demandant à Ottawa et à Québec de renoncer au projet d’amener dans nos frontières 25 000 ressortissants syriens, M. Couillard a prévenu qu’il fallait être aux aguets, soucieux de ne pas donner prise aux flambées d’intolérance qui pourraient apparaître, « de ne pas souffler sur les braises, attiser ces démons ». « J’ai confiance que la majorité des Québécois, y compris dans les régions, partagent mon point de vue », a résumé le chef libéral. Le PQ et la CAQ n’ont pas opté pour l’intolérance, mais ils « ont un lourd passif » en matière d’ouverture aux immigrants, a-t-il lancé. — Denis Lessard, La Presse

Analyse

Fin d’année difficile pour les libéraux

En surface, tout semble baigner dans l’huile ; Philippe Couillard a convié hier sur la scène ses trois nouveaux députés, élus lors des élections complémentaires du 9 novembre. Toute la fin de semaine, les 400 militants réunis pour le conseil général ont voté sans frictions des résolutions tout aussi générales.

La nonchalance paraît avoir atteint le gouvernement en cette fin d’année. Seulement 6 des 25 ministres de Philippe Couillard sont montés sur scène à la clôture du conseil général, hier midi. Les gros canons, les Leitao, Coiteux, Daoust et Barrette, brillaient par leur absence. Du côté de députés, moins de la moitié des élus étaient présents.

Derrière la scène, déjà, on observe les obstacles nombreux qui rendront bien difficiles les dernières semaines de 2015 pour le gouvernement Couillard. Les élus auront fort à faire dans les réunions des Fêtes pour convaincre les électeurs que les libéraux sont en contrôle à Québec.

Première embûche : Québec était engagé profondément à accueillir des migrants qui fuient la guerre en Syrie. L’opération, déjà délicate sur le plan politique, est devenue tout à coup beaucoup plus ardue avec les attentats de Paris.

Les informations voulant qu’un des terroristes soit un « migrant » qui avait transité par la Turquie et la Grèce avant de réapparaître dans la Ville Lumière vont augmenter le sentiment d’insécurité chez bon nombre d’électeurs québécois.

Une bannière xénophobe à Québec et, surtout, une pétition depuis samedi sur l’internet demandant aux gouvernements de reporter l’arrivée des 25 000 migrants syriens vont cristalliser ces peurs.

Parmi les autres embûches que le gouvernement a lui-même posées sur son chemin : le débat sur la hausse de salaire des élus. Les libéraux rappellent que lorsque Jean-Marc Fournier a déposé son projet de loi, seuls les députés d’opposition ont applaudi. Depuis, le leader parlementaire péquiste Bernard Drainville a été particulièrement efficace par ses sorties sur une hausse « inacceptable » de 31 % du salaire des élus.

Leur salaire de base passerait à 140 000 $, ils renoncent à une allocation non imposable de 16 000 $, mais pas à une longue série de primes – de 10 à 25 % du salaire – récoltées au gré de leurs responsabilités.

En coulisses, chez les élus libéraux, on convient facilement que le caucus était très partagé sur l’opportunité d’aller de l’avant avec ce projet de loi, question de « timing », résume-t-on. Le cynisme déjà bien ancré à l’égard des politiciens ne fera que s’accroître.

La hausse de salaire ne s’appliquerait que pour la prochaine législature, après les élections prévues pour octobre 2018, mais dans la population, la manœuvre reste suspecte au moment où le gouvernement songe à légiférer pour imposer des augmentations faméliques de 3 % sur cinq ans à l’ensemble de ses 500 000 employés.

Justement, le gouvernement Couillard a été passablement pris de court devant la réaction très ferme des centrales syndicales à la dernière proposition gouvernementale. Jouer avec les mêmes chiffres en changeant l’échéancier a soulevé l’indignation des syndiqués, qui ont multiplié les débrayages la semaine dernière.

Québec devra-t-il imposer une loi spéciale ? Un dernier geste, en forme d’échec, avant de partir pour les Fêtes ou accepter la reprise des hostilités en janvier, un scénario perdant-perdant.

Autre embûche pour les prochaines semaines : expliquer la décision d’injecter 1,3 milliard dans la C Series de Bombardier. Les électeurs sont perplexes en cette période d’austérité, confie-t-on. Surtout que le gouvernement Trudeau ne semble pas enthousiaste à l’idée d’emboîter le pas à Québec.

L’interdiction des avions réactés à l’aéroport Billy-Bishops, au centre-ville de Toronto, qui aurait permis la vente d’une trentaine d’appareils au transporteur Porter n’était pas une bonne nouvelle, pas plus que les courriels internes laissant entrevoir un climat de panique sur les finances de ce joyau de l’économie québécoise.

RESSERREMENTS À L’AIDE SOCIALE

Les resserrements à l’aide sociale proposés par Sam Hamad ne passent pas davantage la rampe. Il est certain que lors des consultations déjà annoncées, M. Hamad prévoira un rayon au-delà duquel un bénéficiaire du nouveau programme Option-Emploi pourra refuser un travail. 

Mais le passage de mesures volontaires à des obligations fait grincer des dents et alimentera les interventions des groupes sociaux, toujours très présents dans le débat public.

Au-delà des considérations financières, le gouvernement devra aussi composer avec la publication du rapport de la commission Charbonneau sur la corruption dans la construction. 

Avec plus de 200 avis lancés tous azimuts, il est probable que le gouvernement Charest et des élus libéraux ne seront pas épargnés. Moments d’embarras à Québec, où bon nombre de ministres et plusieurs députés servaient déjà dans le précédent régime.

On brandit les victoires des partielles, mais l’atmosphère est plus lourde qu’il n’y paraît dans les coulisses à Québec. L’humeur des députés est bien instable, et plusieurs appréhendent les rencontres des Fêtes avec les électeurs. Des élus maussades… le moment n’est semble-t-il pas propice à un remaniement ministériel qui fera, inévitablement, bien des malheureux ? On en reparlera probablement à la mi-janvier.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.