Chronique

Hip-hop flop

J’aurais tellement voulu vous claironner que The Get Down, nouvelle offrande scintillante de Netflix, surpassait en qualité l’excellent Stranger Things, que The Get Down allait vous hypnotiser avec son disco endiablé et ses fêtes clandestines où le hip-hop germait dans le Bronx à l’été brûlant de 1977.

Mais non. Cette série prestigieuse, qui a coûté autour de 120 millions, est ennuyeuse, confuse et échevelée. C’est extrêmement décevant, notamment parce que le pilote de 90 minutes, au secours !, a été réalisé par le talentueux cinéaste Baz Luhrmann, qui a poli des bijoux d’extravagance comme Moulin rouge et Roméo + Juliette.

Le premier épisode, inutilement long et extra gratiné, testera les limites de votre patience encore plus qu’un enfant dans sa phase « terrible deux ». On y fait la rencontre de deux adolescents du Bronx, Zeke et Mylene, qui espèrent sortir de leur quartier miséreux, ravagé par une vague d’incendies criminels.

Elle rêve de devenir la prochaine Donna Summers. Lui écrit des poèmes et ne se doute pas que dans 20 ans, sa carrière de rappeur explosera. Emoji de cœur ici. Le problème, c’est que le téléspectateur se sacre royalement de leurs quêtes tellement ils s’éteignent devant la caméra.

The Get Down voulait, à la base, raconter la genèse romancée du hip-hop dans un contexte social effervescent. C’est tout sauf ça. C’est une pizza toute garnie où Baz Luhrmann a jeté des aliments disparates, sans sauce pour les lier.

Parfois, on est dans le film Footloose avec un pasteur violent (Gus dans Breaking Bad) qui refuse que sa princesse Mylene soit contaminée par la musique du diable. Trente secondes plus tard, on atterrit dans Les Soprano avec une intrigue tarabiscotée de lotissement immobilier et de politique municipale assez plate, merci.

Ensuite, on débarque dans Saturday Night Fever alors que Mylene et ses copines se déhanchent frénétiquement dans une discothèque du Bronx. Une minute plus tard, une fusillade à la Tarantino éclate dans le bar et un graffiteur énigmatique se balade sur les toits d’immeubles abandonnés à la manière d’un film de kung-fu des années 70. Le tout, entrecoupé de séquences de films d’ados à la Grease avec une flopée de références à West Side Story. Aucun des morceaux de cette ambitieuse courtepointe ne s’accroche solidement à l’autre. C’est complètement décousu.

Autre source d’embrouillement : les images d’archives, dont celles du grand black-out de la nuit du 13 juillet 1977. Leur surutilisation nous porte erronément à croire que The Get Down dérive d’une histoire vraie. Cet embrouillamini persiste avec l’arrivée du seul personnage principal réel de la télésérie, soit Grandmaster Flash, le pionnier du scratch. Sommes-nous en train de visionner le téléfilm de sa vie, ou quoi ?

Le pilote halluciné se digère difficilement. Dans mon entourage, plusieurs amis ont décroché au beau milieu de cette orgie de graffitis colorés et de sirènes hurlantes.

Heureusement, la trame sonore est excellente et les nostalgiques des années 70 disposeront d’une vaste sélection de vêtements rétros à admirer. Ça se replace au quatrième épisode sur les six publiés par Netflix, en anglais et en français. Rendus là, hélas !, il ne reste qu’une poignée d’irréductibles sur le plancher de danse et les lumières sont sur le point de se rallumer.

LES MENTEUSES EN ARRACHENT

Parlant de patience, suivez-vous toujours les péripéties tirées par les (beaux) cheveux des filles de Pretty Little Liars (Les menteuses, sur Vrak.TV) ? Sérieusement, la septième saison, en ondes présentement sur la chaîne M3 et offerte sur iTunes, goûte la vieille sloche oubliée au soleil. Comprendre : c’est dilué à l’os. Et je pense qu’on a maintenant fait le tour de Rosewood au moins 37 fois.

Empruntant les trucs des soaps les plus invraisemblables, les auteurs de Pretty Little Liars nous ont déjà fait le coup de la jumelle diabolique, du personnage qui a changé de sexe et de l’imposteur qui porte des masques en latex impossibles à détecter.

Le bond de cinq ans dans le temps, qui a été exécuté au milieu de la sixième saison, avait redonné de l’élan à ce feuilleton carburant aux revirements spectaculaires. Enfin, les actrices avaient l’air de jouer des personnages de leur âge. Elles ont alors troqué leurs cafés pour des verres de vin rouge et l’asile de Radley a même été transformé en chic hôtel-boutique.

Évidemment, un autre vilain (le troisième depuis le début ?) s’est mis à bombarder les menteuses de textos menaçants et c’est devenu lassant et répétitif, telle une VHS reculant dans le magnétoscope.

Comme il ne reste qu’une dizaine d’épisodes avant le retrait définitif des ondes de Pretty Little Liars, oui, je vais persévérer « juste pour voir comment ça va finir ».

Mais ne souffrez pas inutilement, chers lecteurs. Pour vous éviter ce festival de la redite, je vous résumerai cette grande finale en temps et lieu. Professionnel jusqu’à la fin, voilà ma devise de travail. #ÉquipeSpencer

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