SKI DE FOND

S’habiller pour skier

Fibre naturelle, fibre synthétique, système multicouche, évacuation de l’humidité, coquille, laine mérinos, empiècement coupe-vent, etc. Compliqué ? Quand vient le temps de s’habiller pour pratiquer un sport hivernal comme le ski de fond, il faut garder deux choses en tête : rester au sec et se protéger du froid.

UN DOSSIER DE CHARLES-ÉDOUARD CARRIER

De la tête aux skis

S’équiper de la tête aux pieds pour pratiquer le ski de fond l’hiver prochain peut être moins dispendieux qu’on le pense. Les joggeurs, amateurs de randonnée pédestre, de raquette et de vélo ont probablement déjà quelques articles qu’ils pourront utiliser pour ce sport de glisse d’origine norvégienne. Catherine Dumoulin, de la Boutique Courir, passe en revue l’équipement du skieur de fond.

Pourquoi la laine mérinos ?

Lorsque l’on pratique une activité hivernale, peu importe l’intensité, l’habillement multicouche est une des meilleures façons de rester à l’aise,  au chaud et au sec. La première couche, le sous-vêtement, joue un rôle-clé dans l’évacuation de l’humidité et la protection contre le froid. Le premier de classe dans cette catégorie ? La fibre de mérinos.

Cette fibre-vedette provient des moutons de race mérinos. Ils produisent une laine dont la fibre est extrêmement petite en diamètre et qui leur permet de s’adapter à des climats rudes autant chauds que froids. Le fait que la fibre soit petite, si on la compare à de la laine traditionnelle, en fait une fibre douce pour la peau et confortable à porter, peu importe la température.

Mérinos ou synthétique ?

En boutique, la fibre naturelle se mesure à un adversaire de taille : la fibre synthétique, souvent moins chère. Cependant, plusieurs éléments sont à considérer lorsqu’on hésite entre naturelle et synthétique, comme l’explique Éric Hamel, responsable de la formation à La Cordée. « Il faut penser synthétique en termes de plastique. On en a fait une fibre intéressante avec plein de bonnes propriétés et elle s’est imposée sur le marché en grande partie parce que c’est abordable et qu’elle a d’excellentes propriétés. Le synthétique peut rester sec et transporter l’humidité assez facilement. Mais c’est une fibre qui n’est pas renouvelable, qui ne biodégrade pas. C’est aussi un produit qui peut sentir mauvais rapidement, et ce, malgré tous les traitements qui existent, que ce soit au niveau chimique ou mécanique dans la façon de tisser la fibre ou dans la forme de la fibre. Ces avancées font en sorte qu’il y a des améliorations, mais ça aura toujours une désagréable odeur assez rapidement à l’utilisation. »

Objectif : évacuer l’humidité

La fibre synthétique est une fibre lisse, comme une surface plastique. Le fil transporte l’humidité et la sueur plus loin dans le système multicouche, comme une goutte d’eau qu’on transporte.

« Du côté de la laine mérinos, au lieu d’avoir une peau mouillée par l’effort physique, l’humidité que le corps dégage est absorbée par la fibre, un peu comme une éponge. »

— Éric Hamel, La Cordée

Elle a un pouvoir absorbant, et c’est ce qui fait en sorte que l’apparition de sueur à la surface de la peau sera retardée, assure M. Hamel. C’est pourquoi on est un peu plus au chaud, mais aussi plus au sec, versus le synthétique qui ne fait que transporter du liquide à sa surface. »

Choisir la fibre naturelle

Chez Bonnetier, une entreprise de confection de vêtements, on fait le choix de ne travailler qu’avec la fibre naturelle de laine mérinos. « La laine de mérinos, c’est renouvelable, biodégradable, ça a une foule de belles propriétés. On s’approvisionne avec une ferme seulement. On a vraiment un produit qui est traçable, on sait que les animaux sont bien traités. Ça faisait partie de notre démarche », explique la cofondatrice de l’entreprise, Isabelle Marcotte.

À cela s’ajoutent tous les bénéfices sur le plan technique pour justifier ce choix d’entreprise. « Comme elle respire et ne retient pas l’humidité, ça en fait une laine ultra confortable chaude en hiver et fraîche en été. Pour l’hiver, en activité aérobique, on bouge, on a chaud, on transpire, et ça crée de l’humidité, précise Mme Marcotte. Ce qui nous donne froid, c’est cette humidité emprisonnée dans le vêtement près de la peau. Quelqu’un qui fait une activité sportive a tout intérêt à porter la laine de mérinos comme première couche pour faire sortir l’humidité. »

Selon la température extérieure et le niveau d’intensité de l’activité physique, on doit considérer un vêtement à l’épaisseur adéquate. On calcule celle-ci en grammes par mètre carré (gsm). Chez Bonnetier, la laine utilisée oscille entre 147 gsm, pour des vêtements d’été et ultralégers et 270 gsm pour un vêtement chaud presque aussi épais qu’un coton ouaté.

À cycle délicat

Cette fibre naturelle n’est toutefois pas reconnue pour sa grande résistance. C’est pourquoi plus le vêtement est mince, plus il doit être nettoyé avec soin, particulièrement lorsqu’il s’agit de vêtements fabriqués à 100 % avec de la laine mérinos.

Toutefois, il n’est pas recommandé de laver le vêtement systématiquement chaque fois qu’il est porté. On va même jusqu’à dire que la fibre de mérinos, qui ne retient pas les odeurs, est autonettoyante. « On a des gens qui partent deux semaines avec deux chandails pour un trekking et qui ne les laveront pas. Ça a comme effet de préserver la longévité de la fibre quand on le lave un peu moins et c’est plus écologique », termine Mme Marcotte.

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