Crise des médias

La ministre Nathalie Roy talonnée par l’opposition

Québec — Les partis de l’opposition talonnent la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, pour qu’elle annonce un plan gouvernemental afin de tirer les médias d’information hors de la crise financière qui les secoue.

Alors que le Groupe TVA de Québecor a annoncé cette semaine qu’il supprimait 68 postes dans l’optique « d’assurer [sa] survie », la députée solidaire Catherine Dorion a demandé hier à Mme Roy de préciser sa vision pour mettre fin aux pertes d’emplois qui s’accumulent dans le milieu de l’information.

« Je suis issue du milieu des communications. J’y ai passé 30 ans de ma vie. Vous pouvez être assurée que j’ai une vision », a répondu la ministre, qualifiant le ton de la question de Mme Dorion de « méprisant » après que celle-ci eut pris un temps de silence pour que Nathalie Roy « ramasse ses idées ».

En mêlée de presse, avant la période des questions, la ministre des Communications a affirmé qu’elle avait « sensibilisé tous les collègues ministres à l’importance d’acheter local, d’acheter dans nos journaux locaux, régionaux et nationaux ». Elle faisait référence aux publicités que le gouvernement du Québec achète sur les plateformes numériques étrangères comme Facebook.

« Vous savez, les machines, c’est long à changer. Il y a les organisations gouvernementales de chaque ministre qui ont un examen de conscience à faire à cet égard-là. Le message est passé, et la machine va finalement finir par écouter », a-t-elle dit.

« Il n’y a pas 28 000 solutions. Soit les médias meurent, […] soit c’est l’argent des contribuables québécois qui va les sauver, soit on va chercher cet argent chez ceux qui sont à l’origine de la crise, [c’est-à-dire] les entreprises de la Silicon Valley », a dit Mme Dorion, faisant référence aux géants numériques comme Google, YouTube et Facebook, entre autres.

Le « ciment de la démocratie »

Pour les libéraux, les médias d’information et les journalistes forment le « ciment de la démocratie », a dit hier la porte-parole du parti en matière de communications, Isabelle Melançon.

« On a besoin [des journalistes], on a besoin des médias, on a besoin de médias locaux, régionaux et nationaux. C’est le savoir, le bien-être pour une société », a-t-elle ajouté.

Son chef, Pierre Arcand, a pour sa part dit qu’il « n’est pas trop tard pour agir [et qu’il est] clair que le gouvernement doit faire sa part ».

« Je ne connais pas beaucoup de médias actuellement, que ce soit la télévision, la radio ou les journaux, qui nagent dans une très grande rentabilité. Ça appelle toute la société québécoise à s’y pencher sérieusement », a-t-il affirmé.

« Ça prend un cadre clair. Il faut éviter l’improvisation pour ne pas répondre aux demandes qui arrivent [au cas par cas] », a pour sa part dit le député péquiste Harold Lebel.

Le ministre des Finances, Eric Girard, a affirmé que le comité interministériel qui se rencontre de son côté pour trouver des solutions à la crise des médias « écoute, consulte [et] étudie ce que le fédéral va faire ».

« Il faut [aussi] être conscient de ce qu’on fait déjà. Le Québec a un généreux crédit pour la transformation numérique. Et l’aide fédérale, c’est très bien, mais ce que j’entends, c’est qu’on aurait aimé avoir plus. C’est ce que les gens nous ont dit », a-t-il ajouté.

Québec entendra les médias en août

Entre-temps, la commission parlementaire de la culture et de l’éducation entendra en août les représentants des médias et de la profession journalistique, alors qu’elle a entrepris un mandat d’initiative sur l’avenir des médias d’information.

À compter du 26 août, et tout au long de la semaine, les parlementaires recevront à l’Assemblée nationale tant les syndicats de journalistes que les entreprises (dont La Presse, Le Devoir, Cogeco, Québecor, Radio-Canada, Télé-Québec et bien d’autres), afin qu’ils expliquent comment la crise plombe l’industrie.

— Avec la collaboration de Tommy Chouinard, La Presse

Actualités

Québec augmentera le nombre d’immigrants jusqu’en 2022

Québec — Le gouvernement Legault souhaite relever dès 2022 le nombre d’immigrants accueillis au Québec au même seuil que sous les libéraux.

En « prendre moins pour en prendre soin », disait François Legault en campagne électorale concernant l’immigration économique. Dès son élection, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) avait confirmé son intention d’accueillir 40 000 immigrants au Québec en 2019, alors que la province en avait reçu plus de 51 000 l’année précédente.

Or, dans son plan de planification de l’immigration pour les prochaines années, qui a été déposé hier à l’Assemblée nationale, Québec confirme qu’il souhaite désormais augmenter leur nombre de 3000 à 4000 par année jusqu’en 2022, retrouvant ainsi un seuil avoisinant 52 000 immigrants.

« On a toujours dit qu’on allait faire une baisse temporaire, a clamé hier le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette. Il fallait prendre un pas de recul pour faire en sorte de réparer [le système d’immigration]. C’est d’ailleurs ce que je fais avec le projet de loi 9 que nous souhaitons adopter d’ici la fin de la session parlementaire. »

Dans son dernier budget, Québec a aussi débloqué près de 146 millions supplémentaires par année pour permettre au ministère de l’Immigration de bonifier l’aide à la francisation et à l’intégration qui est offerte aux personnes immigrantes.

Puisque la loi sur l’immigration exige une consultation générale sur les cibles pluriannuelles d’immigrants reçus, des groupes pourront questionner le gouvernement au cours du mois d’août concernant les nouveaux seuils qui ont été mis au jour hier.

Une cible qui ne tenait pas la route, dit Anglade

Pour la libérale Dominique Anglade, la cible de 40 000 immigrants reçus pour l’année 2019 ne tenait tout simplement pas la route.

« Ils se rendent compte que d’un point de vue économique, ça ne tient pas la route. […] On est rendu à plus de 120 000 postes vacants au Québec. [La pénurie de main-d’œuvre] est un enjeu primordial dans toutes les régions », a-t-elle affirmé hier.

« C’était prévisible. Ça relevait de la numérologie, a ensuite ironisé le chef péquiste Pascal Bérubé. C’était essentiellement un slogan électoral. Toutes les personnes qui ont voté pour la CAQ en [se faisant dire qu’ils diminueraient] l’immigration, vous vous êtes tous fait avoir. »

Au PQ, on se garde toutefois de chiffrer le seuil d’immigrants que le Québec devrait accueillir. En campagne électorale, l’ex-chef du parti, Jean-François Lisée, avait évoqué l’idée qu’il pourrait être sous la barre de 40 000. Les péquistes souhaitent toutefois qu’une instance indépendante étudie la question afin d’éclairer Québec sur le sujet.

photoreportage

Nouveau pavillon de dialyse à Maisonneuve-Rosemont

L’hôpital Maisonneuve-Rosemont inaugure aujourd’hui son nouveau pavillon de dialyse, ce qui mettra fin à des années de traitements d’hémodialyse dans des roulottes. Construit au coût de 53,5 millions de dollars, le centre sera fonctionnel dès le 17 juin.

Montréal

Entente de principe entre la Ville et ses 2200 professionnels

Après cinq ans de négociations et trois offres rejetées, le Syndicat des professionnels municipaux de Montréal et la Ville ont conclu une entente de principe pour le renouvellement de la convention collective. La teneur exacte de l’entente est confidentielle pour l’instant. Les instances du syndicat et de la Ville doivent se prononcer avant que les détails de l’entente ne soient rendus publics. Depuis février 2014, les membres syndiqués ont rejeté à trois reprises les offres patronales, jugeant que les hausses salariales inférieures à l’inflation n’étaient pas acceptables, d’autant qu’elles étaient moins généreuses que celles offertes aux policiers. « Les préoccupations prioritaires des professionnels en matière de relations de travail, la reconnaissance du rôle du professionnel, la conciliation travail et vie personnelle et le maintien du pouvoir d’achat, ont été prises en compte par les parties et sont reflétées dans cette entente », affirme la présidente du syndicat, Anne Dorais. De son côté, la mairesse Valérie Plante dit être heureuse d’en être arrivée à une entente « qui tient compte de la réalité des deux parties et qui sera bénéfique pour chacun ». — Kathleen Lévesque, La Presse

Congrégation de Sainte-Croix

La Cour suprême autorise une deuxième action collective

Une deuxième action collective contre la Congrégation de Sainte-Croix pour les sévices sexuels commis par certains de ses membres ira de l’avant. Un jugement de la Cour suprême du Canada vient de donner le feu vert à ce recours. À l’unanimité, les juges du plus haut tribunal disent que l’action collective n’est pas prescrite malgré le nombre d’années passées depuis les allégations d’agression. Trois des neuf juges auraient limité cette action à la communauté religieuse et en auraient soustrait l’Oratoire Saint-Joseph. Une quatrième, la juge Suzanne Côté, n’aurait pas permis l’action contre les deux organismes, mais pour d’autres motifs, soutenant elle aussi que le droit d’action n’est ni déchu ni prescrit. L’action collective, que les avocats comptent lancer d’ici trois mois, pourra viser tous les établissements de la congrégation à l’exception de ceux dont le sort a déjà été réglé par une première poursuite collective.

— La Presse canadienne

Nouveau-Brunswick

Les élèves devront avoir été vaccinés à la rentrée en 2021

Les enfants qui voudront fréquenter une garderie ou une école publique au Nouveau-Brunswick en septembre 2021 devront absolument avoir été vaccinés, à moins d’obtenir une exemption médicale. Les nouvelles règles sont annoncées au moment où le Nouveau-Brunswick est aux prises avec une épidémie de rougeole dans le sud de la province, avec 12 cas répertoriés à ce jour dans la région de Saint John. Les modifications législatives visent en fait à supprimer les exemptions non médicales à l’immunisation obligatoire pour l’admission à l’école publique et dans les services de garderie éducatifs agréés. Les modifications apportées à la Loi sur l’éducation et à la Loi sur la santé publique obligeront les enfants à présenter une preuve d’immunisation – ou une lettre d’exemption du médecin – pour être admis à la rentrée. Le ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, Dominic Cardy, a expliqué hier que « ces modifications permettront de garantir que le plus grand nombre d’enfants possible sont vaccinés et de protéger les membres les plus vulnérables de la société ». — La Presse canadienne

Formule E

La mairesse Plante perd une nouvelle manche au tribunal

La poursuite contre la mairesse de Montréal pour l’annulation de la Formule E pourra aller de l’avant. Valérie Plante tentait, pour la deuxième fois, de faire tomber les procédures contre elle, estimant la poursuite abusive. Une première juge avait rejeté sa demande en décembre 2018, jugement que la mairesse souhaitait contester. Or, le juge Stephen W. Hamilton n’a pas accueilli sa requête. Il a expliqué dans son jugement rendu hier que les erreurs soulevées pour demander la permission d’en appeler ne justifiaient pas d’accueillir la demande, qui doit répondre à des critères précis. « Formula E Corporation Limited ne peut ignorer que la vaste majorité des citoyens et des élus ne voulaient plus de cet événement dans les rues de Montréal. La mairesse était et est toujours la porte-voix de cette absence de volonté », a réagi le cabinet de Mme Plante. Formula E Operations n’a pas souhaité commenter.

— Janie Gosselin, La Presse

Faits divers

Deux accidents mortels dus à des contresens

Deux collisions, dans des circonstances similaires, ont entraîné la mort de deux sexagénaires hier, en Mauricie et en Outaouais. Une femme de 62 ans est morte à Saint-Roch-de-Mékinac vers 12 h 45. Selon les premières informations de la Sûreté du Québec (SQ), un véhicule circulant en direction nord sur la route 155 aurait dévié et serait venu percuter la voiture dont la femme était passagère. Le conducteur à ses côtés a subi des blessures mineures, alors que celui de l’autre véhicule, âgé de 33 ans, a été blessé gravement. En Outaouais, à Grand-Remous, une femme de 64 ans est morte dans une collision sur la route 117 vers 16 h 20. Là aussi, un véhicule se serait retrouvé à contresens avant de heurter la voiture à bord de laquelle elle se trouvait, assise à l’arrière, a dit la SQ. Les deux personnes qui l’accompagnaient ont subi des blessures mineures. L’autre conducteur a aussi été blessé. Deux enquêtes ont été ouvertes. — Janie Gosselin, La Presse

Médecins de famille

Après les incitatifs, Québec évoque des pénalités

Alors qu’il s’apprête à verser des bonis pour inciter les médecins de famille à prendre en charge plus de patients, le gouvernement Legault a prévenu hier qu’il pourrait imposer des pénalités à ceux qui n’atteignent pas leurs objectifs. La ministre de la Santé, Danielle McCann, a confirmé qu’elle envisage d’activer certaines dispositions de la loi 20, adoptée par le gouvernement Couillard. Son ministère pourrait ainsi imposer des sanctions financières aux médecins qui ne prennent pas en charge assez de patients. Ces dispositions n’ont jamais été activées sous le gouvernement précédent, mais Mme McCann se garde la possibilité de le faire si son approche collaborative privilégiée ne donne pas les résultats souhaités. « On dit aux médecins : vous avez une responsabilité sociale de donner davantage d’accès aux patients, aux citoyens du Québec », a indiqué Mme McCann à son arrivée à l’Assemblée nationale. — Martin Croteau, La Presse

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