Europe

L’extrême droite échoue en Autriche

La vague populiste qui a mené au Brexit en Grande-Bretagne et à l’élection de Donald Trump aux États-Unis a perdu de la vigueur en Autriche. Hier, le candidat présidentiel d’extrême droite a été défait par l’ancien chef des Verts, Alexander Van der Bellen.

« Je suis infiniment triste. Je voulais m’occuper de l’Autriche. » C’est par ces mots, publiés sur son compte Facebook, que Norbert Hofer, candidat d’extrême droite à la présidence autrichienne, a concédé la victoire hier à son rival.

Selon les résultats préliminaires, l’ancien chef du Parti vert, Alexander Van der Bellen, a remporté 53,3 % du suffrage. Âgé de 72 ans, le nouveau président désigné a lancé un immense « Danke ! » (merci) à ses électeurs sur les réseaux sociaux.

Selon le politicien de centre gauche, sa victoire est la preuve que les Autrichiens répondent mieux au message de « liberté, égalité, solidarité » qu’il a envoyé qu’aux sentiments anti-immigrants mis de l’avant par son concurrent, chef du Parti de la liberté, de 27 ans son cadet.

Vote de reprise

On devrait connaître les résultats officiels d’ici demain après le décompte des votes par correspondance. Hier, cependant, les autorités estimaient qu’il était impossible pour Norbert Hofer de l’emporter.

C’est la deuxième fois que ce vote était tenu en Autriche. Un scrutin similaire, qui a eu lieu en mai et qui avait aussi couronné M. Van der Bellen, a été annulé par les tribunaux après que des irrégularités ont été détectées.

Un message pro-européen

En s’adressant à ses partisans, hier, M. Van der Bellen a aussi avancé que son élection à la présidence autrichienne, un poste largement honorifique, envoie « un message aux capitales européennes » qu’il est possible de remporter des élections tout en défendant l’avenir de l’Union européenne.

Dans la foulée du vote du Brexit, son rival d’extrême droite avait proposé pendant sa campagne de tenir un référendum en Autriche sur le maintien du pays dans l’Union européenne, puis s’était ravisé. Norbert Hofer proposait notamment de conserver uniquement les accords économiques qui unissent l’Europe.

Vienne soulagée

Le chancelier du pays, Christian Kern, issu du parti social-démocrate d’Autriche, a félicité M. Van der Bellen pour sa victoire et dit qu’il est « convaincu » que le nouveau président « va représenter l’Autriche d’excellente manière autant au niveau national qu’à l’international ». Lors de la campagne, ce dernier s’est inquiété de l’impact de l’élection d’un politicien d’extrême droite sur l’image du pays.

Des félicitations ont fusé de plusieurs grandes villes européennes, qui suivaient le vote avec appréhension.

« Les Autrichiens ont choisi l’Europe et l’ouverture. »

— François Hollande, président de la France

Pour sa part, le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, a noté que la victoire de Van der Bellen marquait une défaite « du populisme anti-européen, rétrograde ».

Parmi les réactions discordantes, on retrouve celle de la présidente du Front national, Marine Le Pen, qui briguera la présidence française au printemps. Dans un message hier, Mme La Pen a encensé le chef du Parti de la liberté qui, selon elle, s’est battu « avec courage ». « La victoire sera [celle de son parti] lors des élections législatives [de 2018] », a-t-elle ajouté.

Pas une vague inéluctable

Frédéric Mérand, directeur du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal et expert de l’Union européenne, croit que le résultat autrichien « brisera la conviction qu’ont certains qu’à la suite du Brexit et de la victoire de Donald Trump, une vague irrépressible d’extrême droite allait tout balayer » sur son chemin.

Il rappelle cependant qu’à travers l’Europe de l’Ouest, les partis de la mouvance du Parti de la liberté récoltent l’assentiment de près de 30 % de l’électorat, mais que cet appui grandissant ne se traduit pas toujours par des sièges ou la prise du pouvoir. « Ce qu’on sait, c’est que dans tous les pays, ces partis gagnent en influence depuis 10 ans, remarque le politologue. Cette fois, on est quand même passé proche de voir un candidat d’extrême droite être élu à la tête d’un pays européen pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale ! »

— Avec l’Agence France-Presse, Reuters et l’Associated Press

Europe

Élections législatives néerlandaises

Date : au plus tard le 15 mars 2017

En démêlés avec la justice pour des propos qu’il a tenus à l’égard des immigrants marocains aux Pays-Bas, le député Geert Wilders et son parti, le Parti de la liberté, sont en tête dans les sondages. Si les élections avaient lieu cette semaine, la formation populiste arriverait première et recevrait près de 22 % des sièges de la chambre basse du Parlement néerlandais.

Europe

Élection présidentielle française

Dates : 23 avril et 7 mai 2017

Présidente du Front national depuis 2011, Marine Le Pen briguera la présidence pour la deuxième fois en avril. Lors des élections de 2012, elle est arrivée troisième avec 18 % des voix. De récents sondages lui accordent 24 % des intentions de vote.

Europe

Élections législatives allemandes

Date : entre août et octobre 2017

Récoltant plus de 20 % du scrutin lors de récentes élections régionales, le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) a le vent dans les voiles. Particulièrement populaire dans l’ancienne Allemagne de l’Est, le parti d’extrême droite espère faire bonne figure l’an prochain. Les sondages lui accordent 13 % des intentions de vote.

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