Enfants réfugiés syriens

Tout le personnel formé pour comprendre les traumatismes

Des écoles de l’ouest de Montréal prennent les grands moyens pour préparer l’arrivée de plusieurs centaines de jeunes réfugiés syriens attendus dans les classes de la province : tout le personnel, des enseignants au concierge, suivra une formation sur les traumatismes. Une première initiative du genre depuis le séisme en Haïti.

La cloche qui sonne. Une porte de casier qui claque. Des élèves qui crient. Le quotidien de toutes les écoles, quoi.

Mais pour des enfants qui viennent de fuir la guerre et les bombes, ces bruits anodins que plus personne ne remarque peuvent devenir une grande source de stress.

Cette année, le Québec a accueilli quelque 400 réfugiés syriens ; 1500 autres sont attendus prochainement. À ce jour, la grande majorité des familles s’est installée dans le secteur de Saint-Laurent à Montréal. La plupart des enfants sont inscrits à l’école privée arménienne. Mais plusieurs risquent de rejoindre les rangs du réseau public.

UNE CLIENTÈLE FRAGILE

Les écoles primaires et secondaires de l’arrondissement doivent donc se préparer à gérer cette vague de nouveaux élèves fragilisés par les horreurs de la guerre.

« Ces enfants arrivent chez nous avec des traumatismes. Ils n’ont pas tous eu le temps de commencer leur deuil avant de quitter leur pays parce qu’ils sont partis de manière très précipitée. »

— Geneviève Audet, coordonnatrice du Centre d’intervention pédagogique de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB)

Le centre travaille avec des chercheurs des Universités de Montréal et McGill sur les enjeux de diversité. Le but est de sensibiliser le réseau à la réalité des populations immigrantes vulnérables et à l’intégration des immigrants.

La CSMB a l’habitude de la diversité. Quelque 62 % des 53 000 élèves n’ont pas le français comme langue maternelle. Ils parlent 150 langues et sont originaires de 175 pays. Mais une vague de réfugiés comme celle qui est attendue dans les prochains mois, ça ne s’est pas vu depuis Haïti et avant la guerre du Kosovo.

Afin de préparer son personnel à gérer cette réalité pour le moins inhabituelle, la commission scolaire de l’ouest de l’île offrira des formations « sur l’impact du deuil et des traumatismes » aux enseignants, mais aussi aux employés de soutien et aux autres professionnels.

« Des élèves vont peut-être avoir certaines réactions en classe qui vont faire croire aux enseignants qu’ils ont un trouble d’attention, par exemple, alors qu’en fait, ils vivent les contrecoups de leur migration rapide », explique Geneviève Audet.

« D’autres vont peut-être dormir sur leur bureau. Ce n’est pas nécessairement parce qu’ils sont désintéressés. Peut-être qu’ils font des cauchemars. »

— Geneviève Audet

Les exemples du genre sont nombreux : un enfant qui se cache sous son bureau parce qu’il associe la cloche aux bombes plutôt qu’à la fin des cours. Un autre qui a des comportements agressifs. « On ne sait pas quels peuvent être les effets de leur passé sur leur comportement. »

Une autre question délicate : quand faut-il pousser un jeune à parler de son passé ? La commission scolaire incitera le personnel à passer par l’art. Dans un dessin ou un collage, par exemple, l’enfant peut décider ce qu’il veut raconter.

Quant au théâtre, il peut permettre aux enfants d'expliquer leur culture et leur langue. Dans le cadre d’une pièce bilingue, par exemple.

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