Un Québécois sur trois inquiet
Pourcentage des répondants qui ont de la difficulté à payer leurs factures à la fin du mois. Le taux monte à 60 % pour ceux qui gagnent moins de 20 000 $, et à 53 % pour les 18-24 ans.
Répondants qui estiment que l’énoncé « Nos dettes dépassent sans aucun doute nos actifs » résume assez bien ou très bien leur situation. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes, 39 % contre 32 %, à faire ce constat. Chez les jeunes, c’est 54 %, chez les personnes âgées, 24 %.
Quand on leur demande si leur situation financière s’est maintenue ou améliorée depuis quelques années, 31 % des Québécois sondés répondent « non ». Les 35-44 ans, en particulier, sont ceux qui ont le bilan financier le plus négatif, 43 % d’entre eux estimant que leur situation s’est dégradée.
C’est quand on évoque la retraite que les Québécois sont particulièrement pessimistes. Si on leur demande s’ils ont bon espoir d’avoir un niveau de vie convenable, 46 % répondent par la négative. Ceux qui sont âgés de 25 à 44 ans voient l’avenir de façon encore plus sombre, avec un taux de 54 %.
Pour Jean-Herman Guay, professeur à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, les sept questions posées lors de ce sondage mené en novembre dernier ont mis à mal un mythe : « Il y a des gens qui disent que la sécurité financière est une affaire de gros bon sens. Non, c’est d’abord une question de considérations socioéconomiques. Ce n’est pas purement individuel, c’est sociologiquement ancré. »
En combinant les réponses au profil des 900 répondants du sondage, M. Guay et ses collègues Antoine Genest-Grégoire et Luc Godbout ont pu établir quelle importance avait chaque caractéristique. Le revenu familial, l’âge, la littératie fiscale, la scolarité et le sexe sont, dans l’ordre, ce qui influence le plus la sécurité financière.
Le summum de l’inquiétude : une femme entre 18 et 24 ans, peu scolarisée, gagnant moins de 20 000 $ et ayant de faibles connaissances financières. Selon le tableau synthèse de l’étude, cette femme a 78 % de risques de faire partie des inquiets. À l’autre bout du spectre, l’homme de plus de 65 ans gagnant plus de 150 000 $, titulaire d’un diplôme universitaire et ayant une forte littératie financière, n’a que 2 % de risques d’être inquiet. « Évidemment, l’individualité s’ajoute, nous ne sommes pas des robots, précise M. Guay. Mais au départ, il y a des phénomènes sociologiques qui sont incontournables. »