Consumer Electronics Show

Montréal à l’avant-plan de la réalité virtuelle

LAS VEGAS — L’avenir de la réalité virtuelle, qui fait tourner bien des têtes cette année au Consumer Electronics Show, pourrait bien passer par Montréal. Du moins, un groupe d’entreprises montréalaises est présentement à Las Vegas pour convaincre des fabricants de produits électroniques et des diffuseurs de miser sur leurs technologies.

Ne cherchez pas ce groupe de quatre entreprises dans les milliers de kiosques du CES. N’ayant pas de produit à vendre directement aux consommateurs, elles travaillent plutôt en coulisses à convaincre d’autres entreprises d’opter pour le savoir-faire montréalais. « On n’a pas pris de kiosque parce que ça n’a pas d’intérêt pour nous. Par contre, on vient présenter notre technologie à tous ceux qui ont un kiosque pour qu’ils l’intègrent dans leurs produits », résume Pascale Nini, présidente d’ImmerVision.

Ces quatre entreprises travaillent ensemble pour mettre au point un système pouvant simplifier la captation de vidéos pour la réalité virtuelle. ImmerVision conçoit ainsi des lentilles permettant de capter des images sur 360 degrés, une technologie que l’entreprise dit plus efficace que les traditionnels grands-angles. De son côté, Ionodes fabrique le matériel informatique relié à la lentille pour la capture et la transmission des images. Vantrix se charge pour sa part de l’encodage et de la transmission des images sur des appareils mobiles grâce à un nuage informatique. Enfin, la société SpherePlay a conçu un lecteur permettant de visionner les images sur son appareil.

« Les technologies vont tellement vite qu’essayer de tout faire par soi-même demande beaucoup trop de ressources. Chacun de notre côté, on développe des pièces d’un puzzle qui devient plus beau quand on le met ensemble que si on essaie de tout faire par soi-même. »

— Christian Eve-Levesque, l’un des dirigeants de SpherePlay

ImmerVision a ainsi décidé de louer une suite dans un hôtel voisin du CES pour démontrer l’efficacité de la combinaison de ces technologies. Le groupe a déjà présenté son travail à plusieurs entreprises hier, dont un important fabricant de téléphones ainsi qu’une association sportive à la recherche de nouvelles façons de capter ses événements. Il préfère toutefois taire le nom de ses clients potentiels pour des raisons commerciales.

« LE FUTUR : C’EST LÀ, ON LE FAIT »

Le groupe dit devoir convaincre les fabricants et les diffuseurs que démocratiser la réalité virtuelle est déjà possible. « Ce qu’on prétend pouvoir faire, on le fait, tout de suite. Notre application est disponible en ligne maintenant. Ce n’est pas dans le futur : c’est là, on le fait », dit Christian Eve-Levesque.

Bien que naissante, la réalité virtuelle n’est pas qu’une mode passagère. SpherePlay en veut pour preuve que les trois lecteurs de son entreprise permettant de visionner les vidéos ont déjà été téléchargés près de 500 000 fois.

Le président d’Ionodes, Eric Tasso, estime de son côté que la réalité virtuelle créée grâce aux technologies combinées de leur groupe permet d’ouvrir de nouvelles possibilités aux diffuseurs, mais surtout aux téléspectateurs. « Maintenant, tu peux revoir le même événement d’un autre angle complètement. Tout est enregistré et tu peux retourner en arrière pour le revoir sous un autre angle. »

« La caméra 360 permet de capter toute une scène d’un seul coup. Et chaque utilisateur peut avoir sa propre expérience malgré une seule source. »

— Jean Mayrand, de Vantrix

Filmant en 6K, le système permet de concentrer l’attention sur une portion de l’image tout en maintenant une haute définition de l’image projetée. ImmerVision dit avoir mis au point une technologie permettant d’éviter toute distorsion de l’image, contrairement à ce que produisent les objectifs grands-angles traditionnels.

Parmi les utilisations possibles, ImmerVision affirme que la NBA évalue présentement la possibilité d’installer des caméras 360 degrés sur certains sièges de ses gradins afin de donner un accès en réalité virtuelle à des téléspectateurs. Pour une fraction du prix d’un billet, une personne pourrait assister en direct à une partie comme si elle était présente.

DES RÉSEAUX SOCIAUX AU RÉSEAU « SOCIABLE »

La réalité virtuelle permet de passer des réseaux sociaux aux réseaux « sociables ». Signe que cette technologie prend du galon, une entreprise britannique de Liverpool vient de lancer un réseau qui se déploie uniquement dans la réalité virtuelle, vTime. L’entreprise compare son système à un croisement de Skype et du jeu Second Life. L’idée est de rassembler jusqu’à quatre personnes dans une sorte d’agora virtuelle dont le décor peut être modifié en tout temps. Le réseau vTime offre pour le moment huit environnements, que ce soit autour d’un feu de camp, à la Station spatiale internationale ou au sommet d’une immense falaise.

Pour ce dernier environnement, mieux vaut ne pas avoir peur des hauteurs, La Presse a constaté que l’expérience a été assez convaincante pour donner le vertige. Les concepteurs assurent que vTime demeurera gratuit et ne se financera pas grâce à des publicités envahissantes. « On ne veut pas que quiconque ne puisse interrompre votre conversation », dit Julian Price, directeur du marketing.

NETFLIX SUR TOUTE LA PLANÈTE

Netflix a profité du Consumer Electronics Show hier pour annoncer qu’elle étendait son service de vidéo en ligne à pratiquement toute la planète, seule la Chine n’ayant pas encore accepté de lui ouvrir ses portes. La nouvelle a eu un effet important sur les marchés, son titre gagnant plus de 9 % en Bourse pour s’établir à 117,68 $. Jusqu’à hier, Netflix était offert dans 60 pays. Le PDG et cofondateur Reed Hastings a annoncé que 130 autres pays avaient désormais accès à ses vidéos en ligne. « Presque tous les pays ont maintenant accès à Netflix, sauf la Chine… où on espère être bientôt », a-t-il déclaré devant des centaines de personnes réunies à l’ouverture de la plus importante foire de l’électronique.

L’entreprise fondée en 1997 dessert aujourd’hui 70 millions de foyers dans le monde. L’annonce d’hier promet de faire rapidement grimper le nombre d’abonnés, surtout que les émissions diffusées sont déjà traduites dans 17 langues. L’entreprise, qui s’est engagée à désormais produire son contenu principalement en 4K, soit l’ultra-haute définition, a profité de la scène du CES pour présenter en exclusivité des extraits de ses nouvelles productions, comme The Crown, qui retrace l’accession au trône de la reine Élisabeth, et The Get Down, qui se déroule à New York dans les années 70, à la naissance du disco et du hip-hop.

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