Conciliation travail-famille 

Des élus veulent revoir l'horaire des séances du conseil municipal

Question de favoriser la conciliation travail-famille, des élus recommandent de revoir l’horaire des séances du conseil municipal de Montréal pour pouvoir partir plus tôt du travail.

Principale instance décisionnelle de la Ville, le conseil municipal se déroule habituellement sur deux jours, une fois par mois : le troisième ou quatrième lundi du mois et le lendemain, jusqu’à épuisement de l’ordre du jour. Le lundi, l’horaire est de 13 h à 22 h. Et le mardi, s’il y a prolongation, il est de 9 h 30 à 22 h.

Dans son rapport déposé lundi, la Commission de la présidence du conseil suggère de commencer les travaux à 9 h 30, le lundi, et de finir à 20 h 30, après la période de questions pour le public, d’une durée de 90 minutes.

Le comité exécutif dispose d’un délai de six mois pour se faire une tête sur cette recommandation, appuyée par une majorité d’élus.

« Il n’y a pas beaucoup d’élus qui se battent pour être là jusqu’à 22 h », assure la conseillère Cathy Wong, qui préside le conseil municipal de Montréal. « Après la période de questions, on est plus fatigués, on a moins de patience, et c’est là que surviennent les guerres partisanes. »

La Commission de la présidence souhaite aussi que l’appellation « conciliation famille-travail » utilisée par la Ville soit remplacée par « conciliation vie personnelle-travail », terme qu’elle juge « plus inclusif ».

TROIS À QUATRE SOIRS

L’horaire des séances du conseil municipal de Montréal est prévu dans le Règlement sur la procédure d’assemblée et les règles de régie interne du conseil municipal.

En 2015, une résolution du conseil municipal a conduit à une première modification pour devancer d’une heure (22 h au lieu de 23 h) la fin des travaux.

C’est le conseiller Lionel Perez, chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville, qui présidait le comité de travail chargé de faire des recommandations. M. Perez avait alors proposé de commencer les séances le lundi à 10 h 30 et de les terminer à 21 h 30. Mais cette recommandation n’avait pas été retenue.

Selon un sondage fait en 2019 par le Bureau de la présidence sur la gestion des horaires, la grande majorité des élus travaillent le soir, et 71 % d’entre eux disent travailler de trois à quatre soirs par semaine. Ce pourcentage grimpe à 83 % pour les membres du comité exécutif.

PLUS DE FEMMES ET DE JEUNES

La Commission de la présidence du conseil estime que la révision des horaires des séances pourrait encourager davantage de femmes et de jeunes à se lancer en politique.

La spécialiste des affaires municipales Danielle Pilette, professeure à l’UQAM, approuve cette réforme, dans la mesure où les citoyens peuvent assister aux assemblées du conseil municipal.

« Pour moi, l’important, c’est que les conseils soient diffusés sur le web, même si ce n’est pas en direct, insiste-t-elle. À Montréal, environ 25 % de la population a un diplôme universitaire. Les gens sont bien formés et utilisent déjà la technologie. »

Pour ce qui est de la conciliation travail-famille, Mme Pilette estime que les élus acceptent trop d’activités en soirée.

« Il y a une trop grande politisation avec la structure actuelle. Les représentations auprès de la société civile accaparent beaucoup de temps des élus. Est-ce que c’est vraiment productif, cette campagne de visibilité permanente ? Quelle est la valeur ajoutée de toutes ces activités ? »

La conseillère Cathy Wong dit travailler de trois à quatre soirs par semaine et tous les week-ends. « C’est normal que les élus fassent du travail de représentation, dit-elle. Mais pour une activité que j’accepte, il y en a quatre autres que je refuse. »

Professeure de science politique à l’Université de Montréal, Laurence Bherer est aussi d’accord avec la réforme des horaires souhaitée.

« La période de questions pour le public est un moment très important, souligne-t-elle. Je me demande juste ce que les élus vont faire à 17 h. Vont-ils rester pour la période de questions [de 19 h à 20 h 30] ou rentrer chez eux ? Il y en a qui vont rester, mais il y en a aussi qui risquent de partir. »

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