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Des mises en garde contre l’homéopathie dans les pharmacies

Des pharmacies du Québec mettent en garde leurs clients contre les produits homéopathiques dont elles ne peuvent garantir l’efficacité.

Au mois de mars dernier, l’Association des bannières et chaînes de pharmacies du Québec (ABCPQ) a imprimé près de 6000 écriteaux à afficher dans les rayons où sont mis en vente les produits homéopathiques. Installés de façon volontaire par les pharmaciens, ces avis soulignent que « l’efficacité des produits homéopathiques n’est généralement pas soutenue par des données scientifiques probantes ». L’objectif de la démarche : favoriser un échange autour de l’utilisation de tels produits.

Ces petites pancartes, destinées à la quasi-totalité des pharmacies du Québec, n’ont pas encore été acheminées à toutes les portes.

La vente de produits homéopathiques dans les pharmacies induit les clients en erreur, affirme Jonathan Jarry, communicateur scientifique. Il croit que cet accès a l’effet « d’une approbation tacite des professionnels de la santé ».

« On n’a pas les données nécessaires pour dire que l’homéopathie fonctionne », rappelle Bertrand Bolduc, président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ). La qualité des données et des études sur les produits homéopathiques ne permet pas aux pharmaciens de les recommander, ajoute-t-il. « Il reste du travail à faire de la part des fabricants », lance M. Bolduc.

Aucune plainte, dit l’OPQ

Une enquête de La Presse, publiée en mars, démontrait pourtant que certains pharmaciens recommandaient parfois l’achat de produits homéopathiques.

Le président de l’Ordre soutient ne jamais avoir reçu de plainte à ce sujet. Si un pharmacien était pris à suggérer l’utilisation de produits qui ne respectent pas l’état de la science, il pourrait devoir retourner en perfectionnement, affirme M. Bolduc. L’OPQ a salué le geste de l’ABCPQ d’installer des écriteaux, rappelant que l’important est d’en discuter avec les pharmaciens.

Il y a près de trois mois, l’ABCPQ a également écrit à Santé Canada pour exiger une révision de l’homologation des produits homéopathiques. L’association souhaite que ces produits soient évalués comme les autres médicaments. Leur demande demeure toujours sans réponse. Sur son site, Santé Canada indique toutefois être en train de « revoir son approche en matière de réglementation pour les produits d’autosoins ». Au printemps 2020, Santé Canada présentera des modifications ciblées au Règlement sur les produits de santé naturels afin d’améliorer l’étiquetage de ces produits. Ces recommandations feront par la suite l’objet d’une consultation.

Cinq entreprises fabricantes de produits homéopathiques ont été invitées par La Presse à commenter la nouvelle.

Une des entreprises homéopathiques les plus importantes, Boiron, n’a pas pu répondre à nos questions, son directeur canadien étant en déplacement. Du côté d’Homeodel, une division de l’entreprise suisse Schmidt-Nagel, on indique ne pas vouloir réagir à la question. Les trois autres entreprises n’ont pas répondu aux demandes d’entrevue.

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Un fonctionnaire corrompu libéré grâce à une ancienne procédure

Yanaï Elbaz ira vivre en maison de transition au sixième de sa peine.

Condamné pour la « plus grande fraude de corruption de l’histoire du Canada », l’ancien cadre du réseau de la santé Yanaï Elbaz pourra quitter la prison afin d’aller vivre en maison de transition après seulement sept mois derrière les barreaux.

Ancien bras droit du PDG Arthur Porter au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), Yanaï Elbaz avait aidé à truquer l’appel d’offres pour la construction du superhôpital afin de favoriser la candidature de SNC-Lavalin. Il avait admis avoir reçu un pot-de-vin de 10 millions pour sa participation au complot.

Lors des audiences de la commission Charbonneau, un policier de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) avait déclaré publiquement qu’il s’agissait de la pire fraude de corruption jamais vue au pays, au prorata de la valeur du contrat, qui dépassait le milliard de dollars.

Après avoir plaidé coupable le 26 novembre 2018, Yanaï Elbaz a écopé d’une peine de trois ans et deux mois de pénitencier.

« examen expéditif »

Mais comme ses crimes se sont échelonnés de 2009 à 2011, l’ancien fonctionnaire peut bénéficier d’un programme de remise en liberté accélérée pour les criminels non violents. La procédure « d’examen expéditif », adoptée sous le gouvernement Mulroney, permettait la semi-liberté automatique au sixième de la peine, s’il s’agissait d’une première condamnation et qu’il n’existait pas de risque que le délinquant se montre violent à sa sortie de prison.

Le gouvernement Harper a aboli cette procédure le 28 mars 2011, mais elle continue de s’appliquer pour les crimes commis avant cette date.

C’est le cas de M. Elbaz, qui sera autorisé à aller vivre en maison de transition dès le 27 juin, jusqu’à son admissibilité à une libération conditionnelle totale, le 5 janvier prochain.

La décision constituait une formalité pour la Commission des libérations conditionnelles du Canada, qui devait appliquer les critères de l’ancienne loi et qui a donc rendu sa décision rapidement, vendredi dernier.

opportunisme

Dans leur décision, les commissaires soulignent que les principaux facteurs qui ont contribué à la délinquance de Yanaï Elbaz sont « l’attitude » et les mauvaises fréquentations.

« Vous avez agi par opportunisme et utilisé un système frauduleux pour atteindre vos visées personnelles. »

— Extrait de la décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada

Les commissaires soulignent que le détenu s’est bien comporté depuis son entrée au pénitencier.

« Les informations à votre dossier indiquent que vous acceptez votre sentence, reconnaissez votre responsabilité criminelle dans les actes qui vous sont reprochés et comprenez votre dynamique délictuelle », soulignent-ils.

Ils notent que M. Elbaz souhaite reprendre une existence citoyenne « respectueuse des lois » et retourner sur le marché du travail.

Ses finances seront scrutées

Ils lui ont toutefois imposé une condition spéciale. Dès son entrée en maison de transition, et par la suite lors de sa libération conditionnelle totale, il devra être totalement transparent quant à l’état de ses finances et à ses entrées d’argent.

« Puisque vos délits ont été perpétrés par appât du gain, vos finances devront faire l’objet d’une attention particulière, afin que puisse être décelé tout retour vers des comportements à risque », précisent les commissaires.

Cour suprême

Le juge Clément Gascon lève le voile sur sa disparition

Le juge de la Cour suprême Clément Gascon a levé le voile sur sa dépression – une « maladie parfois sournoise » qui l’affecte depuis une vingtaine d’années – lors d’une mise au point faite dans la foulée de sa brève disparition qui a entraîné tout un branle-bas mercredi dernier.

« Je comprends et j’accepte qu’en raison de mes fonctions de juge de la Cour suprême du Canada, certaines réponses de ma part sont requises », a écrit le magistrat dans une déclaration transmise mardi après-midi. La semaine dernière, le juge Gascon a fait l’objet d’un avis de recherche lancé par la police d’Ottawa.

L’homme a été retrouvé sain et sauf quelques heures après le signalement de sa disparition qui a causé l’émoi dans la capitale fédérale. « Depuis plus d’une vingtaine d’années, je conjugue avec une maladie parfois sournoise, la dépression et les troubles de l’anxiété. C’est une maladie qui se soigne, se traite et se contrôle, certains jours mieux que d’autres », ajoute-t-il.

« Mercredi après-midi le 8 mai dernier, dans le contexte de l’annonce récente d’une décision de carrière difficile et déchirante et d’un changement parallèle de médication, j’ai eu un comportement inédit et inhabituel en m’absentant sans avertir et sans contacts pendant plusieurs heures », poursuit le juge Gascon, dont le départ à la retraite a été annoncé il y a un mois à peine. Il doit quitter ses fonctions en septembre prochain.

« Je ne peux ni expliquer ni justifier ce que je comprends être une crise de panique et j’exprime mes profonds regrets envers tous ceux et celles qui en ont durement fait les frais. Ce problème de santé a été pris en charge et traité avec le support médical requis », écrit sans filtre Clément Gascon.

« En bonne santé »

Le juge Clément Gascon assure dans sa missive qu’il est « en bonne santé » et qu’il est « pleinement en mesure d’exécuter [ses] fonctions ». Dès le lendemain de sa disparition, la Cour suprême avait par ailleurs affirmé publiquement avoir « pleinement confiance » que ce malheureux épisode ne compromettra pas le travail du magistrat.

« La déclaration faite par le juge Gascon [hier] demande du courage », a réagi le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, à la suite de la mise au point faite par M. Gascon. 

« Mes collègues et moi sommes extrêmement fiers du juge Gascon, qui a mon plein appui et toute ma confiance. Je suis impatient de le voir siéger à nouveau à nos côtés cette semaine », a-t-il ajouté.

La famille de M. Gascon avait aussi reconnu que l’absence anormale du juge « avait soulevé des inquiétudes » sans néanmoins fournir de détails sur la séquence des évènements. Les derniers mots de la déclaration du juge du plus haut tribunal du pays vont d’ailleurs à ses proches et collègues qui l’ont « soutenu au travers de ce moment difficile ».

Actualités

La Chambre des communes présente ses excuses à Mark Norman

Ottawa — Les élus fédéraux ont mis de côté la partisanerie en acceptant à l’unanimité que la Chambre des communes présente des excuses à Mark Norman et à sa famille pour ce qu’ils ont enduré pendant leur bataille judiciaire contre le gouvernement – laquelle a pris fin de façon inattendue mercredi dernier en faveur du vice-amiral.

La députée conservatrice Lisa Raitt a obtenu le consentement unanime des membres du Parlement pour que la Chambre « reconnaisse le vice-amiral pour ses décennies de service loyal au Canada » et « exprime ses regrets pour les difficultés personnelles et professionnelles qu’il a vécues en raison de la poursuite [judiciaire] qui a échoué ».

Les élus libéraux ont appuyé la motion sous prétexte qu’il est important de soutenir « ces hommes et femmes qui portent l’uniforme et leurs familles qui servent » notre pays, a expliqué la leader du gouvernement en Chambre, Bardish Chagger, refusant de s’engager à ce que le gouvernement offre des excuses officielles à Mark Norman.

La période des questions houleuse qui a précédé la démarche de Lisa Raitt ne laissait pourtant pas présager un tel appui unanime. Le premier ministre Justin Trudeau, qui en était à sa première présence en Chambre depuis la suspension des procédures judiciaires contre le vice-amiral, a été la cible de tirs groupés des partis de l’opposition.

Le chef conservateur Andrew Scheer a donné le ton : « Monsieur le Président, le premier ministre a finalement décidé de répondre aux questions sur l’affaire Mark Norman. Il a eu beaucoup de temps pour répéter le script et mémoriser les lignes. Je ne doute pas qu’il va nous assurer que le cas a été exempt de toute ingérence politique », a-t-il argué.

Les conservateurs et le Nouveau Parti démocratique (NPD) accusent le gouvernement libéral d’avoir injustement sali la réputation du vice-amiral en refusant de remettre des documents internes du cabinet qui auraient pu leur permettre de régler la cause rapidement et de s’être ingéré politiquement dans un contrat de construction navale.

PROCESSUS INDÉPENDANT

« Tout le monde sait que la décision de suspendre le vice-amiral a été prise de façon indépendante par le chef d’état-major de la défense. Toute autre accusation est simplement absurde. Nous respectons pleinement l’indépendance des processus », s’est défendu Justin Trudeau en se référant prudemment à ses notes préparées.

« À propos des documents demandés, le gouvernement s’est acquitté de toutes ses obligations », a martelé Justin Trudeau.

Les réponses du premier ministre n’ont pas calmé les ardeurs des partis de l’opposition, qui espèrent bien faire la lumière sur cette poursuite judiciaire controversée qui s’est terminée en queue de poisson. Hier, l’ancien ministre conservateur Peter MacKay a déclaré que M. Norman avait reçu l’approbation du cabinet pour parler à Davie du contrat en question, ce qui ajoute une couche à l’intrigue, estime l’opposition.

Le NPD et le Parti conservateur espèrent faire entendre le vice-amiral et une série de témoins devant le comité parlementaire de la défense nationale. Le comité, dont les membres sont majoritairement des députés libéraux, doit trancher la question demain. Il y a fort à parier que les libéraux couperont court aux intentions de leurs adversaires politiques.

Le Service des poursuites pénales du Canada a suspendu l’accusation d’abus de confiance qui pesait contre Mark Norman, qui était soupçonné d’avoir divulgué des secrets d’État au chantier Davie ainsi qu’à un journaliste dans le but d’influencer l’attribution d’un contrat de 700 millions.

Mark Norman avait été suspendu de son poste en 2017 lors du début de l’enquête de la Gendarmerie royale du Canada. Le procès du vice-amiral devait se tenir à la mi-août, soit en pleine campagne électorale fédérale.

Transport d’élèves ontariens en immersion française en péril

La ministre Joly dénonce une décision « inacceptable »

OTTAWA — La ministre des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, trouve « inacceptable » que des coupes imposées en éducation par le gouvernement de Doug Ford en Ontario forcent des conseils scolaires à envisager de stopper le transport scolaire d’élèves en immersion française.

« Déjà, il y a un problème d’accès, mais là, on restreint encore plus l’accès alors même qu’il y a des parents qui attendent en file dans la région de Toronto pour inscrire leurs enfants à l’école d’immersion française », a-t-elle regretté en entrevue avec La Presse, hier.

Le conseil scolaire du district de Toronto avait annoncé la veille qu’il pourrait devoir éliminer le transport scolaire en autobus pour les élèves en immersion de la maternelle à la cinquième année du primaire en raison des compressions du gouvernement Ford, a confirmé un porte-parole à La Presse.

La décision n’est pas encore finale, mais si elle se concrétisait, elle viendrait s’ajouter à d’autres mesures pénalisantes pour les Franco-Ontariens, comme la dissolution du Commissariat aux services en français et la suspension du projet de création de l’Université de l’Ontario français.

Ces coupes annoncées en novembre dernier avaient provoqué une véritable onde de choc au sein de la francophonie canadienne. Des milliers de personnes étaient d’ailleurs descendues dans les rues aux quatre coins du pays, le 1er décembre dernier, pour manifester leur mécontentement.

« Ce qu’on a vu à nouveau [lundi], c’est de la typique doctrine conservatrice. […] Quand on fait des coupures, à chaque fois, c’est soit les francophones, soit les francophiles qui sont affectés », a lancé la ministre Joly.

« Chaque fois, ce sont des attaques frontales contre la francophonie canadienne. »

— La ministre Mélanie Joly

Et comme elle l’avait fait il y a quelques mois, elle a fait porter l’odieux de la décision au chef conservateur fédéral Andrew Scheer, présentant essentiellement ce dernier comme un subalterne de Doug Ford. « Moi, ce à quoi je m’attends, c’est qu’Andrew Scheer le dénonce ici à la Chambre des communes. La dernière fois, il n’avait pas osé dénoncer, il n’avait pas osé dénoncer son patron Doug Ford », a tranché Mélanie Joly.

« Déplorable »

Le porte-parole du Parti conservateur en matière de langues officielles, Alupa Clarke, a trouvé « déplorable » de constater que le conseil scolaire du district de Toronto « a décidé d’assainir ses finances en faisant des coupures budgétaires dans les services aux élèves inscrits à des programmes et des écoles d’immersion française ».

Cela « est d’autant plus préoccupant que dans ces cas précis, cela signifie que les coupures […] toucheront directement des ayants droit, ce qui est contraire à leurs droits constitutionnels de recevoir de l’instruction dans leur langue maternelle », a ajouté le député dans un courriel envoyé à La Presse.

Le bureau de la ministre ontarienne des Affaires francophones, Caroline Mulroney, n’a pas souhaité commenter l’affaire, dirigeant les questions vers celui de la ministre de l’Éducation de l’Ontario, Lisa Thompson. Là non plus, on n’a pas répondu à La Presse.

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