Le ciment serait moins polluant que prévu

L’opposition à la cimenterie actuellement en construction à Port-Daniel, en Gaspésie, s’appuyait beaucoup sur la contribution de cette industrie au réchauffement de la planète. En 2014, une étude publiée dans la revue Materials and Structures estimait que la production de ciment représente 90 % des émissions industrielles de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre.

Bonne nouvelle pour les cimentiers : le ciment génère beaucoup de CO2 quand il est produit, mais une fois coulé, il en capture beaucoup dans l’atmosphère. Cela le rend 1,75 fois moins polluant que prévu en ce qui concerne l’effet de serre, selon une nouvelle étude américaine.

« Le ciment qui est exposé à l’air libre est un puits de carbone », explique Zhu Liu, géologue chinois qui fait actuellement un postdoctorat conjoint à Caltech et à l’Université Harvard et qui est l’auteur principal de l’étude publiée hier dans la revue Nature Geoscience. « Durant sa vie utile, il capte beaucoup de CO2, l’équivalent de 43 % de ce qui a été émis lors de sa fabrication. C’est une relation très stable, peu importe le type de ciment ou la température ambiante. »

Une telle « minéralisation » du CO2 est une avenue envisagée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. En Islande, par exemple, des chercheurs ont démontré cette année que le CO2 injecté dans certains types de formations rocheuses souterraines est transformé en solide beaucoup plus rapidement que prévu. « Si le CO2 produit par les cimenteries était capté et minéralisé à la source, le ciment pourrait devenir une source négative de CO2, une solution au problème des changements climatiques », dit M. Zhu.

Plus mince, plus rapide

L’équipe internationale dirigée par M. Zhu a analysé la capacité à capter le CO2 de quatre types de ciment en Chine, en Europe et aux États-Unis. Le CO2 ne se minéralise pas qu’en surface : il interagit chimiquement avec les couches de ciment ou de roches qui ne sont pas directement exposées à l’air, en pénétrant par les pores. Cela dit, les couches minces de ciment, par exemple de mortier, capturent le CO2 plus rapidement.

Pourquoi cet exercice n’avait-il jamais été fait ? « Il faut des modèles numériques assez sophistiqués, et l’étude de la minéralisation du CO2 ne s’est jamais attardée au ciment, plutôt aux formations souterraines dans le but de mettre hors d’état de nuire le CO2 émis par les usines et les centrales thermiques », explique M. Zhu.

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