le Chiffre de la semaine

0,3 cm

C’est la longueur de la tique à pattes noires, qui peut transmettre la maladie de Lyme, à jeun. Gorgée de sang, elle peut atteindre un centimètre.

Plein air

Pour l’amour des bélugas

Au loin, au large de Tadoussac, des bélugas se profilent. À bord de son kayak, Charles Daigle s’approche à distance raisonnable. Mais voilà que les sympathiques baleines blanches s’amènent autour de lui.

Il met le cap vers Tadoussac et se remet à pagayer doucement pour s’en aller, mais il lui faut de longues minutes avant de pouvoir laisser les bélugas derrière lui.

Le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent a resserré son règlement sur les activités en mer afin de mieux protéger les baleines, notamment les espèces menacées comme le béluga et le rorqual bleu. Les kayakistes, comme les autres visiteurs, ont un impact sur les mammifères marins.

« Quand les bélugas se trouvent en présence de kayaks, de bateaux à voile ou à moteur, ils peuvent modifier leur comportement, indique Laurence Pagé, agente de communication de Parcs Canada au parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Ils peuvent interrompre leurs activités, comme s’alimenter, se reposer, ou encore alimenter leurs jeunes ou donner naissance. »

Elle donne l’exemple d’un humain qui voit son souper constamment interrompu par des appels téléphoniques intempestifs.

« Ça prend plus de temps pour manger. On avait pensé passer cinq à dix minutes avec notre enfant après, mais finalement, on n’a pas le temps. On peut faire un parallèle avec le béluga. »

Tous ces dérangements peuvent avoir un impact sur la santé ou encore sur la reproduction du béluga.

« On peut penser que le kayak, qui n’a pas d’hélice ou de moteur, ne nuit pas parce qu’il ne fait pas de bruit. Mais le fait qu’il soit lent, ça prolonge le dérangement du béluga. Un bateau à moteur, ça fait plus de bruit, mais il passe plus vite. Ça dérange, mais sur une moins longue période. »

— Laurence Pagé, agente de communication de Parcs Canada

Elle ajoute qu’un kayakiste peut avoir l’impression que le petit dérangement de cinq minutes qu’il occasionne est anodin.

« Mais si on accumule les milliers de kayakistes qui passent dans le parc marin de juin à septembre, et qui correspond exactement à la période de mise bas des bélugas, ça peut devenir problématique. »

Or, la population du béluga du Saint-Laurent est en déclin. Selon le dernier décompte, effectué en 2012, il ne resterait plus que 889 individus. À la fin du XIXe siècle, leur nombre se situait entre 7800 et 10 000. À la fin des années 90, les veaux représentaient de 15 à 18 % de la population. Depuis 2000, cette proportion se situe entre 3 et 8 %.

Qu’on se trouve à bord d’un kayak ou d’un bateau à moteur, il ne faut donc pas s’approcher à moins de 400 mètres des bélugas et des rorquals bleus. On peut toutefois s’approcher à 200 mètres des baleines qui ne sont pas menacées, comme les petits rorquals, les rorquals communs et les rorquals à bosse.

Mais si ce sont les bélugas qui s’approchent des kayakistes ?

« Je me demande comment j’aurais pu les éviter, commente Charles Daigle. Il y en avait partout. Je continuais mon chemin, et ce sont eux qui venaient à moi. »

Mme Pagé note que les bélugas sont des animaux extrêmement sociaux. Toutefois, leur comportement ne signifie pas nécessairement qu’ils aiment la présence des kayakistes.

« On ne sait pas comment ils pensent, mais on sait que notre présence les perturbe puisqu’ils interrompent leurs activités. »

La consigne est claire : il faut continuer à pagayer pour s’éloigner. Il faut également garder le cap, ne pas changer constamment de direction.

Le resserrement du règlement vise surtout les embarcations à moteur : celles-ci doivent maintenant limiter leur vitesse à 25 nœuds dans le parc. Dans l’embouchure du Saguenay, elles doivent limiter la vitesse à 15 nœuds du 1er mai au 31 octobre. Quinze nœuds, c’est 27,8 kilomètres à l’heure : même les kayakistes les plus musclés et les plus expérimentés n’atteignent pas cette vitesse.

Le règlement interdit maintenant les motomarines et les « sports nautiques de traction » dans le parc, qui s’étend de La Malbaie aux Escoumins et jusqu’à Sainte-Rose-du-Nord dans le fjord.

« C’était planifié depuis longtemps, précise Mme Pagé. Les motomarines, ce sont des engins très manœuvrables qui vont très vite. Ils sont conçus pour changer de direction. Pour les baleines, c’est difficile d’évaluer leur trajectoire parce qu’ils changent souvent de direction. »

Le parc a également décidé d’interdire les motomarines pour maintenir une « expérience de qualité » pour les visiteurs du parc et les riverains.

« Ce n’était pas compatible avec les objectifs de conservation du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent », indique Mme Pagé.

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Vélo de montagne au Montana

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