Exposition

Les mariés selon Gaultier

L’exposition Love Is love – Le mariage pour tous selon Jean Paul Gaultier présente, pour la première fois en exclusivité au Musée des beaux-arts de Montréal, 35 robes de mariée et costumes haute couture de Jean Paul Gaultier dans une mise en scène inventive et élégante.

Cette exposition vient clore la grande aventure qu’a constituée La planète mode de Jean Paul Gaultier – De la rue aux étoiles, qui a été amorcée, conçue et produite à Montréal et qui a battu tous les records avec plus de 2 millions de visiteurs dans 12 villes à travers le monde. « Love Is love, c’est le happy end de cette grande épopée, ils se marièrent et ils ou elles eurent beaucoup d’enfants », lance Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts.

L’idée d’exposer des robes de mariée du créateur est venue naturellement, car tous les défilés haute couture se terminent par la présentation de la robe de mariée. Ce moment exceptionnel est toujours très attendu. « Cette tradition a été instaurée par Christian Dior en 1949 », explique Thierry-Maxime Loriot, le commissaire de l’exposition. Et on doit à la reine Victoria la robe de mariée actuelle puisqu’elle a porté pour la première fois, lors de son mariage avec le prince Albert (1840), une robe de dentelle blanche. Les femmes portaient jusqu’alors leur plus belle robe à leur mariage.

Des costumes pour elle et lui

Dans la grande salle d’exposition, on découvre un immense gâteau, une pièce montée, où sont exposés les mannequins, hommes et femmes, couples hétérosexuels, homosexuels et interraciaux qui portent les tenues de mariage haute couture et spectaculaires réalisées entre 1991 et 2017 par le créateur français.

Les visages de certains mannequins sont animés grâce à une technique de projection audio-vidéo conçue par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin de la compagnie UBU. Le designer néerlandais Jurgen Bay participe également à la mise en scène avec ses meubles recouverts d’une membrane qui se fondent dans le décor. 

On y voit des robes plus somptueuses les unes que les autres, certaines en organza ou taffetas de soie, ou encore en laine ou en dentelle, d’autres en satin, ou en tulle plissé avec de fines broderies, perles, paillettes et cristaux Swarovski. Certaines créations ont demandé près de 500 heures de travail. 

« Ces robes sont des pièces uniques qui n’ont jamais été montrées au public [à part trois], souligne Thierry-Maxime Loriot. C’est un véritable privilège de les voir, car c’est tout le savoir-faire des ateliers de haute couture qui est mis en valeur et que finalement personne ne connaît, car la haute couture est inaccessible. Il est plus facile de voir un Van Gogh ou un Picasso dans un musée que de voir une création haute couture de Jean Paul Gaultier. »

Un domaine ultraréservé

Nathalie Bondil souligne que le public ne réalise pas toujours à quel point la haute couture est un domaine ultraréservé. « Même si elle est très photographiée ou filmée, on n’a absolument pas accès aux robes dans leur réalité, dans leur détail, dans leur beauté. Car une fois le défilé terminé, les robes retournent dans leur réserve dans l’attente d’un client éventuel », explique-t-elle.

Selon Thierry-Maxime Loriot, Jean Paul Gaultier a bouleversé les codes du mariage, de la société et de la mode en étant à la fois classique dans la création de ses robes de mariée et excentrique en faisant des métissages de cultures. « Il a eu une vision prémonitoire de la mode, en revisitant la classique robe blanche, en étant très inclusif et en célébrant la différence », note-t-il.

À travers cette exposition, il était aussi primordial pour Jean Paul Gaultier de transmettre un message social et humaniste, qui prône la diversité et le mariage pour tous.

« Nous avons toujours été très engagés au Musée. La question du mariage pour tous est importante, que ce soit le mariage entre personnes homosexuelles, de différentes origines ou religions, estime Nathalie Bondil. Le Québec a toujours été à l’avant-garde sur cette question sociale, mais quand on voit l’état du monde, il faut continuer à travailler dans cette direction. C’est l’image de Montréal et c’est pour ça que cette ville est extraordinaire, inclusive et rassembleuse. »

Cette exposition va-t-elle partir en tournée comme la précédente ? « Il y a déjà des demandes ! », s’exclament, très complices, Nathalie Bondil et Thierry-Maxime Loriot.

Vive les mariés !

L’exposition débute demain et est présentée jusqu’au 9 octobre.

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