Éditorial

Eve Adams en 10 déclarations

5 mars 2012 « Les libéraux ont eu quelque 13 années pour rendre justice aux anciens combattants et ne l’ont jamais fait. »

2 avril 2012 « Les libéraux ont certainement failli à la tâche. Durant ces années d’inaction libérale, loin d’avoir diminué, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté. »

25 septembre 2012 « Le gouvernement de Paul Martin a équilibré le budget en coupant radicalement dans les transferts à la province de l’Ontario et aux autres provinces. Durant cette période, de nombreux hôpitaux ont dû fermer leurs portes. Des infirmières ont été congédiées. Voilà le bilan des libéraux. »

3 juin 2013 « Nous sommes très sérieux lorsque nous disons que nous respectons les deniers publics. D’ailleurs, les dépenses actuelles des bureaux des ministres sont inférieures à ce qu’elles étaient sous les libéraux. »

7 février 2014 « Alors que les libéraux et les néo-démocrates veulent qu’on continue de fournir de l’héroïne aux gens qui souffrent de toxicomanie, le gouvernement conservateur appuie plutôt des traitements qui mettent un terme à la consommation de drogues. »

15 février 2014 « Sous la direction de notre premier ministre et du ministre des Finances, notre gouvernement a fait des choix difficiles, mais responsables. »

25 février 2014 « Contrairement à ce qui s’est produit sous le gouvernement libéral dans les années 1990, le rétablissement de la situation financière du Canada ne s’est pas fait au détriment des familles laborieuses et des générations futures. »

30 septembre 2014 « Le bilan du gouvernement saute aux yeux. Nous avons pris des mesures fermes dans le domaine de l’environnement, tout en protégeant l’économie. »

30 janvier 2015 « Monsieur le président, les transferts en santé aux provinces atteindront 40 milliards de dollars d’ici la fin de la décennie, un record. Le gouvernement a alloué des fonds pour réduire les temps d’attente des Canadiens. »

9 février 2015 « Mes valeurs ne sont tout simplement pas alignées avec celles de cette équipe. J’aimerais continuer à servir les Canadiens et je crois que Justin Trudeau et le Parti libéral offrent le leadership le plus positif et empreint d’espoir. »

Éditorial  Parti libéral du Canada

Une grave erreur

« Lorsque vous commencez à compromettre vos principes, vous êtes fini. »

— Justin Trudeau, 22 février 2014

En accueillant dans son caucus la vire-capot Eve Adams, Justin Trudeau a violé la promesse la plus importante qu’il avait faite aux Canadiens : mettre un terme à « la façon dépassée de faire de la politique ».

M. Trudeau a certes raison de chercher à séduire des Canadiens ayant appuyé le Parti conservateur dans le passé. S’il avait attiré un député de l’aile progressiste du PC, reconnu pour la qualité de son travail, nous aurions applaudi. Mme Adams n’est ni l’un ni l’autre.

En conférence de presse lundi, aux côtés du chef libéral, Eve Adams a dénoncé le « leadership mesquin qui divise » de M. Harper et soutenu que « mes valeurs ne sont tout simplement pas alignées avec celles de cette équipe ». Il s’agit là de mensonges grossiers.

En 2011, Stephen Harper était premier ministre depuis cinq ans. La mesquinerie des conservateurs était déjà bien connue. Cela n’a pas empêché Mme Adams de porter les couleurs conservatrices aux élections du 2 mai. Depuis son arrivée au Parlement, la députée torontoise a défendu fidèlement toutes les politiques du gouvernement et pourfendu les libéraux chaque fois qu’elle en avait l’occasion.

La réforme de la carte électorale ayant modifié les frontières de sa circonscription, Eve Adams a tout fait, jusqu’à violer les règles, pour obtenir l’investiture du Parti conservateur dans une circonscription voisine. La controverse a pris une telle ampleur que la formation a congédié son directeur exécutif, Dimitri Soudas, conjoint de Mme Adams. Les dirigeants tories, qui en ont pourtant vu d’autres, ont publiquement déploré les façons de faire de la députée. À cela il faut ajouter des crises de nerfs qui ont indigné les militants.

À bout de patience, le Parti conservateur a décidé qu’il ne voulait plus d’Eve Adams. Est-ce à ce moment que la dame a vu la lumière et réalisé que les conservateurs carburaient à la division ? Pas du tout : il y a moins d’un mois, elle est allée plaider sa cause devant le mesquin en chef, Stephen Harper. En vain.

***

Voici donc la prise miraculeuse de Justin Trudeau : une politicienne chassée par le Parti conservateur en raison de son comportement erratique et de ses tactiques déloyales. Des libéraux rêvent que cette acquisition leur permettra d’entendre les confidences de M. Soudas, longtemps proche de M. Harper. Or, Dimitri Soudas est l’archétype de l’homme de main conservateur. S’il y a une personne dont le Parti libéral n’aurait pas dû se rapprocher, c’est lui.

Par cette décision, M. Trudeau vient de démontrer que, comme son vis-à-vis conservateur, il est prêt à faire n’importe quoi pour gagner les élections. Cette manœuvre risque de décevoir plusieurs Canadiens. Ceux-là pourraient se dire que, tant qu’à voter pour un arriviste, aussi bien choisir celui qui a démontré sa capacité de gouverner.

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