Opinion

Toronto vu de Montréal

Le secteur riverain facilement accessible, le marché Kensington et sa foule bigarrée, l’avenue Spadina : ces endroits si pleins de vie sont favorables aux rencontres. La diversité culturelle des quartiers de Toronto est vraiment agréable, car on a l’impression d’entrer dans un nouvel univers à chaque coin de rue.

Le milieu culturel est aussi d’une richesse incroyable. Par exemple, le Salon international d’art moderne et contemporain du Canada (Art Toronto), le Festival international du film de Toronto, les galeries d’art, les musées et les théâtres sont véritablement de calibre mondial.

Le grand nombre de lieux publics animés et d’activités culturelles qu’offre Toronto en font une ville qui déborde d’énergie et de vitalité.

Par ailleurs, cette métropole est si propre et bien tenue que l’on peut s’y asseoir sur le trottoir, ou même y traverser la rue sans risquer de se faire renverser. En outre, les tramways du centre-ville sont pratiques et donnent à la ville un cachet particulier.

Mais je soupçonne que trop peu de Torontois profitent pleinement des attraits du centre-ville, car la flambée des prix de l’immobilier a contraint nombre d’entre eux à s’installer en périphérie.

La Ville Reine a une superficie presque deux fois plus importante que celle de Montréal, alors qu’elle ne compte qu’un tiers de plus d’habitants. Résultat :  des embouteillages monstres causés chaque jour par les millions de personnes qui parcourent de grandes distances en voiture pour entrer en ville. À tel point qu’au Canada, c’est à Toronto que le temps moyen des déplacements domicile-travail est le plus élevé.

En outre, vu la mauvaise coordination des transports en commun, prendre le tramway, le métro, le bus ou le train de banlieue ne s’avère pas une solution très efficace.

Pour contrer l’étalement urbain, peut-être faudrait-il écouter Jane Jacobs, l’une des Torontoises d’adoption les plus appréciées, et repenser la notion de densité.

La maison individuelle ou jumelée est le principal modèle d’habitation dans la région du Grand Toronto, comptant pour près de 75 % des logements construits depuis 1996.

De toute évidence, les Torontois apprécient leur arrière-cour. Toutefois, pour combattre l’étalement urbain, il faudrait construire davantage de maisons en rangée et de logements de faible hauteur, mais de plus forte densité. Pour inciter les gens à acheter de plus petites maisons, il faut inverser la tendance actuelle et mettre nos ressources intellectuelles en commun pour amorcer ce changement de paradigme socioculturel.

La nécessité d’aborder ces défis est une pierre angulaire des conversations qui s’imposent pour améliorer la vie dans nos villes.

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