Congrès Femmes en physique Canada

Où sont les femmes ?

Le septième congrès Femmes en physique Canada a lieu cette semaine à l’Université de Sherbrooke. C’est la première fois qu’il se déroule au Québec. Mais il ne s’intéresse pas qu’à la physique. Hier, des psychologues ont fait un exposé des dernières études sur la sous-représentation des femmes en sciences pures et appliquées, où à peine un professeur sur cinq est une femme.

Effet ciseau

Au Canada, les femmes constituent 24 % des étudiants au baccalauréat en physique, informatique, génie et mathématiques et 31 % des étudiants à la maîtrise. Mais par la suite, la proportion baisse et seulement 9 % des professeurs agrégés sont des femmes. « C’est l’effet ciseau », expliquent les organisatrices de Femmes en physique Canada, Marie-Eve Boulanger, étudiante à la maîtrise, Sophie Rochette, étudiante au doctorat, et Maude Lizaire, étudiante à la maîtrise. « On a plus de femmes qu’avant comme étudiantes, mais elles ne restent pas pour devenir professeures. Il y a des choses à changer dans le monde de la physique. »

Mentorat

La plus grande facilité des hommes en physique, en maths et en génie à devenir professeurs peut être liée aux habitudes sociales. « Pour réussir, il faut souvent avoir un mentor », explique Debra Major, psychologue à l’Université Old Dominion, en Virginie, interviewée depuis le congrès à Sherbrooke. « Mais les jeunes professeurs ont plus de facilité à organiser des activités informelles avec les professeurs plus vieux, plus influents. Il s’établit souvent des relations individuelles intenses. Les femmes préfèrent les activités formelles, les clubs, les conférences. Nous pensons que si on encourage les professeurs à servir de mentors à plusieurs étudiants dans des structures plus formelles, ça sera mieux pour les femmes. »

Proportion de femmes parmi les nouveaux professeurs d’université en sciences pures au Québec

2000 : 24 %

2010 : 10 %

Source : Conseil supérieur de l’éducation

La peur du stéréotype

Les préjugés des hommes ne sont pas les seules barrières que doivent franchir les femmes en physique, en maths et en génie. Il y a également la « peur du stéréotype », selon Jennifer Steele, psychologue à l’Université York à Toronto. « Il s’agit de la peur d’être perçue en fonction d’un stéréotype, dit Mme Steele. C’est un sentiment indépendant des préjugés réellement présents dans le groupe dominant. De plus, s’ajoute la crainte qu’une mauvaise performance ne soit considérée comme une preuve que les stéréotypes sont vrais. Ça ajoute au stress des femmes en physique. » Comment un homme dans un domaine où les femmes sont rares peut-il contrer cette peur du stéréotype ? « Il faut se demander comment on peut rendre l’environnement plus accueillant pour les minorités. Ce n’est pas facile. Je suis moi-même blanche et un effort envers les minorités visibles peut être perçu comme paternaliste. »

Quelques présentations scientifiques

Laurie Rousseau-Nepton, de l’Université d’Hawaii, a fait un exposé sur l’instrument québécois SITELLE du télescope Canada-France-Hawaï, deux « spectro-imageurs à transformée de Fourier » permettant d’étudier les nouvelles étoiles de galaxies relativement proches de la Terre.

Aldona Wiacek, de l’Université St. Mary’s à Halifax, a exposé comment la physique atmosphérique pouvait mesurer les échanges de gaz entre l’atmosphère et la surface de la Terre, notamment pour mesurer les émissions des navires.

Éva Dupont-Ferrier de l’Université de Sherbrooke a présenté ses recherches sur la « nanoélectronique quantique », qui utilisera les propriétés quantiques des électrons plutôt que leur charge pour assurer le bon fonctionnement des microprocesseurs.

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