Chronique

Un Bye bye difficile à vendre ?

Les deux émissions phares de la programmation du 31 décembre de Radio-Canada, Infoman et le Bye bye, ont toutes deux vu leurs audiences – mesurées en direct – gonfler par rapport à l’an passé. Le Bye bye 2014 a grimpé de 2 859 000 à 2 902 000 téléspectateurs, tandis qu’Infoman 2014 a progressé de 1 591 000 à 1 677 000 curieux.

« Le 31 décembre demeure la plus grosse soirée de télévision. C’est un peu notre Super Bowl. C’est rassurant pour l’industrie, car l’écoute de la télévision a beaucoup changé dans la dernière année », note Martine Mailly, vice-présidente activation média à l’agence Aegis.

Aucune controverse n’a englué ce Bye bye 2014, le succès a été fulgurant aux audimètres et les critiques n’ont pas été dévastatrices, au contraire. Tout baigne alors pour cette émission mythique ? Peut-être pas tant que ça. La SRC n’a pas réussi à vendre tout l’inventaire de publicités disponibles pendant le Bye bye 2014, probablement la production la plus prestigieuse de sa grille. Les trous, comme vous l’avez sans doute constaté, ont été comblés par une avalanche d’autopromotions sur les émissions émanant de la grande tour (19-2, 30 vies, Le Ti-Mé Show, Unité 9, etc.).

Autre signe plutôt inquiétant : peu d’annonceurs, en excluant le karaoké de l’épicier Metro, ont fabriqué des publicités spécifiquement adaptées au Bye bye 2014. « Si un annonceur produit du contenu original pour le Bye bye, qu’il ne peut pas réutiliser par la suite, la facture monte rapidement. Et ça représente beaucoup d’argent pour une seule soirée. Au 31 décembre, les cadeaux de Noël ont été déballés, l’alcool a été acheté et l’épicerie a été faite. Les annonceurs préfèrent donc être présents de la mi-novembre jusqu’à Noël », constate le directeur média de l’agence Marketel, Luis Areas.

Placer une publicité dans le Bye bye coûte autour de 50 000 $ par tranche de 30 secondes. C’est presque le double du tarif exigé pendant un dimanche soir de Tout le monde en parle. Certaines entreprises hésitent également avant de s’offrir (à gros prix) de la visibilité dans le populaire Bye bye, de peur que leur marque y soit ridiculisée. Pas certain que la société Trivago, rebaptisée Trivagosse dans une hilarante parodie, aurait autant rigolé que nous si elle avait commandité le Bye bye 2014.

Radio-Canada assure que les ventes de pubs du Bye bye 2014 se comparent à celles de 2013. Et cette revue de fin d’année demeure-t-elle une opération rentable ? C’est une information « de nature concurrentielle » que la SRC ne dévoile pas. « Le Bye bye est encore et toujours le Super Bowl radio-canadien », ajoute le porte-parole de la SRC, Marc Pichette.

Message au fabricant du dentifrice Sensodyne, en terminant. Si votre réclame du 31 décembre (sur la sensibilité dentinaire) était volontairement moche et broche à foin pour que les téléspectateurs la confondent avec un sketch du Bye bye 2014, c’est probablement votre meilleur coup de marketing des 12 derniers mois. Allez cueillir votre prix Boomerang tout de suite.

Si c’était bel et bien voulu que votre dentiste aux dents fluo ait l’air aussi coincé et robotique, congédiez votre agence tout de suite. Ah oui, j’oubliais quasiment Greiche & Scaff. Allô le manque de créativité dans vos publicités. C’était complètement rasoir. Un petit effort, s’il vous plaît. Surtout quand ça repasse autant de fois.

BELLES-SŒURS EN FORME

Jolie surprise, dimanche soir, en tombant sur le théâtre musical Belles-sœurs à Radio-Canada. La captation télé du spectacle adapté de la pièce de Michel Tremblay ne faisait pas du tout amateur ou « vieux restants des Beaux Dimanches de 1977 ». Au contraire. C’était moderne, vivant et très agréable à regarder en cette froide soirée de janvier, empreinte de spleen de retour au boulot.

Maude Guérin, Marie-Thèrèse Fortin et Guylaine Tremblay ont été sublimes. Vous avez sans doute remarqué qu’une bonne partie de la distribution de Belles-sœurs joue également dans Mémoires vives.

Avis aux lecteurs nostalgiques de la bonne vieille époque : je ne plaide pas ici pour l’élimination de Tout le monde en parle et son remplacement permanent par les téléthéâtres. Pas du tout. Mais de façon ponctuelle, des productions de qualité comme Belles-sœurs ont parfaitement leur place dans la programmation de Radio-Canada.

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