ÉLECTIONS PROVINCIALES OPINION

APPEL AUX PARTIS POLITIQUES
Parlons des vraies solutions en santé

Alors que le Québec entre en campagne électorale et que nous sortons d’une période turbulente dans le réseau de la santé, nous croyons pertinent de se souhaiter collectivement que les véritables solutions dans la poursuite de l’amélioration de l’accès aux soins de première ligne soient défendues et mises de l’avant par les partis politiques. Quelles sont ces solutions ?

Valoriser la médecine de famille

En premier lieu et de façon urgente, il faut mettre un terme à la campagne de dévalorisation de la médecine familiale qui a cours à l’Assemblée nationale depuis 2014. 

L’adoption de lois contraignantes et les discours approximatifs teintés de préjugés contredits par les faits doivent cesser. Quand on sait que plus de 200 postes de résidence en médecine de famille sont demeurés vacants au cours des quatre dernières années dans les universités québécoises, dont 65 cette année seulement, comparativement à aucun dans les autres provinces canadiennes, force est de constater qu’il en va carrément de l’avenir des soins de première ligne au Québec.

Si le pouvoir politique n’avait pas à la fois découragé la relève médicale à choisir la médecine familiale et poussé de nombreux médecins d’expérience à la retraite, la cible de 85 % de prise en charge serait déjà atteinte. 

C’est un constat qui fait mal, mais qui est difficilement contestable quand on sait que le Québec, au tournant des années 2000, comptait un nombre équivalent de médecins de famille que de médecins spécialistes, alors qu’aujourd’hui, la province compte 1000 spécialistes de plus, un fait unique au Canada.

Mettre en œuvre l’entente sur l’accessibilité

Ensuite, les partis politiques, en plus d’abandonner les mesures coercitives contre-productives, devraient s’engager à donner suite aux engagements gouvernementaux contenus dans l’entente sur l’accessibilité conclue au printemps 2015.

On parle d’une contribution plus grande de nos collègues spécialistes en milieu hospitalier afin de libérer les médecins de famille d’une partie de leurs tâches en établissement, de l’ajout d’autres professionnels, notamment d’infirmières, dans les cliniques médicales, d’un soutien administratif adéquat en établissement et d’un accès simplifié et amélioré aux consultations spécialisées et aux plateaux techniques.

Pour tout politicien sincère et lucide dans sa volonté d’améliorer l’accès aux soins de première ligne, le programme politique à promouvoir est entièrement là, pas ailleurs.

Éviter les fausses solutions

S’il est vrai que les politiciens ont la prérogative de proposer autre chose, d’importantes réserves doivent être adressées à l’égard de certaines solutions miracles. 

D’abord, souhaiter faire exercer de la médecine par d’autres professionnels comporte des limites, chaque professionnel ayant son champ d’expertise.

Et c’est encore plus farfelu comme solution magique quand les professionnels en question, les infirmières par exemple, sont déjà en grave pénurie et peinent à répondre à la demande dans leur propre domaine.

Ensuite, concernant l’enjeu de la rémunération, il est important de rappeler que les médecins de famille québécois, contrairement à leurs collègues spécialistes, ont accès à une rémunération bien inférieure à celle de leurs homologues ontariens, soit presque 30 % de moins. Il faut savoir également que le tiers de cette rémunération est déjà versé sous une forme forfaitaire et non à l’acte.

Dans ce contexte, promettre une révolution en ciblant la rémunération des médecins de famille nous paraît grandement exagéré. 

Surtout quand ceux-ci ont réussi le tour de force de prendre en charge, au cours des dernières années, 1,1 million de patients supplémentaires tout en consacrant toujours près de 40 % de leur charge de travail à dispenser des soins en milieu hospitalier, un autre fait unique au Canada.

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