Portfolio Programmes universitaires

L’interdisciplinarité pour s’attaquer aux grands enjeux

On vante la force d’équipes interdisciplinaires pour travailler sur de grands enjeux complexes de la société. Et si l’on créait des programmes universitaires pensés justement pour former des gens qui savent mettre à profit différentes disciplines ? C’est le pari que font plusieurs universités.

Une maîtrise professionnelle sur mesure en intelligence urbaine a été lancée cet automne à l’Université Laval. Les professeurs proviennent de différents domaines, de l’urbanisme à la géomatique en passant par l’administration. Plusieurs partenaires sont liés au programme, dont la Ville de Québec.

Les étudiants, avec le soutien de leur employeur, réalisent un projet complexe et interdisciplinaire dans un milieu de travail. Par exemple, un des projets actuels vise à collecter un grand volume de données numériques sur l’activité physique et les habitudes de vie d’une population donnée afin de déterminer des trajectoires de santé et de cibler les individus à risque. L’approche pédagogique inclut le design thinking, soit des méthodes créatives et collectives pour résoudre des problèmes.

Afin de permettre aux étudiants de se concentrer sur cette année d’études, une bourse pouvant aller jusqu’à 41 000 $ peut être obtenue grâce à Mitacs et l’Université Laval.

C’est le premier programme créé dans le cadre des Chantiers d’avenir, un projet du plan stratégique 2017-2022 de l’Université Laval.

« Chaque chantier vise à créer des parcours d’apprentissage pour former des agents de changement capables de contribuer concrètement aux problèmes complexes de la société », affirme Claude Savard, vice-recteur adjoint aux études et aux affaires étudiantes à l’Université Laval.

Les prochains chantiers créés seront la relève 4.0, pour aider les entreprises dans leur transition numérique et la sécurité alimentaire.

« Les problématiques sont rarement unidisciplinaires, alors on souhaite répondre à cette réalité, affirme Claude Savard. Les chantiers s’inscrivent aussi dans le besoin de formation tout au long de la vie. Les gens peuvent revenir à l’université pour réaliser des projets interdisciplinaires qui leur permettront d’innover. »

L’interdisciplinarité dès le baccalauréat

La création de programmes interdisciplinaires se voit aussi dès le premier cycle et réussit même parfois à amener deux établissements indépendants à allier leurs forces. C’est ce que font HEC Montréal et Polytechnique Montréal. Un double diplôme en administration des affaires et génie accueillera ses premiers étudiants à l’automne 2021.

« J’ai passé neuf ans dans le privé et je sais à quel point les ingénieurs doivent avoir des qualités de gestionnaire », affirme Philippe A. Tanguy, directeur général de Polytechnique Montréal.

Ce programme pourra séduire de nouveaux profils d’étudiants, comme ceux qui visent la direction de grandes entreprises technologiques. Ou encore, les entrepreneurs dans l’âme.

« Avec des connaissances en gestion, notamment en comptabilité, en gestion de risque et pour réaliser un plan d’affaires, ces futurs ingénieurs seront bien outillés pour lancer leur entreprise technologique. »

— Philippe A. Tanguy, directeur général de Polytechnique Montréal

Les étudiants passeront une année à Polytechnique Montréal, puis une autre à HEC Montréal, et ils poursuivront l’alternance pendant cinq ans. Polytechnique Montréal souhaite éventuellement offrir tous ses programmes de génie sous cette formule, mais commencera par quelques-uns qui sont encore à déterminer.

Véritable partisan de l’interdisciplinarité, Philippe A. Tanguy réfléchit maintenant à la création de doubles diplômes dans d’autres domaines, comme le droit.

« Lorsqu’on regarde le monde de la technologie, on aperçoit les dimensions de propriété intellectuelle et de marque de commerce qui font appel à ces doubles compétences, dit-il. Et nous avons bien sûr un allié naturel sur le campus, soit l’Université de Montréal. »

Il pense aussi à la médecine.

« Les programmes interdisciplinaires répondent à un réel besoin, affirme Philippe A. Tanguy. Dans le paysage actuel, toujours en transformation, il est important d’avoir cette polyvalence, ce goût pour l’ouverture vers d’autres mondes. »

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