Ski de fond

Harvey et Valjas font la barbe à tout le monde

Les Canadiens remportent le sprint par équipes de la Coupe du monde de Toblach, en Italie

Histoire de bien démarquer une moustache en gestation depuis deux mois, Alex Harvey et Len Valjas se sont fait la barbe hier matin. Quelques heures plus tard, ils ont fait celle de leurs adversaires.

L’épreuve est officiellement un sprint, mais sa version par équipes, qui dure plus d’une quinzaine de minutes, fait autant appel à l’endurance qu’à la vitesse pure. À ce jeu, Harvey a toujours su se distinguer.

Six ans après sa médaille d’or historique aux Championnats du monde d’Oslo, le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges en a fait une nouvelle démonstration en s’imposant hier au sprint par équipes en style libre de la Coupe du monde de Toblach, en Italie.

Vainqueur en Norvège avec son grand ami Devon Kershaw, Harvey a cette fois fait la paire avec le Torontois Len Valjas. Le duo n’avait encore jamais couru ensemble, l’épreuve de Toblach faisant office de « test » en prévision des Mondiaux de Lahti, en Finlande, le mois prochain.

« Beaucoup de monde ne s’attendait pas à ce qu’on gagne », a souligné Harvey au téléphone une heure après sa cinquième victoire en Coupe du monde, sa première depuis mars 2014. 

« Une victoire, c’est toujours spécial. Ce l’est encore plus quand c’est en équipe comme ça. On peut la partager avec les farteurs, les coachs, les physios, toute la gang. »

— Alex Harvey

En 2011, Harvey avait réduit le mythique stade d’Holmenkollen au silence en revenant de l’arrière pour devancer un Norvégien sur la ligne. Il avait mis son index sur la bouche, façon de souligner cette première médaille pour un fondeur masculin aux Mondiaux, avait-il dit. Les médias locaux y avaient plutôt vu un pied de nez à ses rivaux.

À Toblach, dans les Dolomites, Harvey a eu le temps de se lisser la moustache à deux mains avant de glisser jusqu’à l’arrivée, une bonne demi-seconde avant le Suédois Oskar Svensson et l’Italien Federico Pellegrino. Troisième au pied du dernier button, le Canadien de 28 ans a devancé ses deux adversaires pour basculer en tête, menant la charge dans la courbe ultime.

« Pellegrino et le Suédois, ce sont des sprinters purs, a-t-il souligné. À la fin d’une course comme ça, où on doit faire le parcours trois fois en demi-finale et en finale, ils faiblissent plus. […] Je suis toujours confiant en mon sprint final. Les derniers 100 mètres, ç’a toujours été un peu ma force. Je savais que si j’étais premier dans le dernier virage, je me donnais de bonnes chances de gagner. »

Après avoir franchi la ligne, Harvey est tombé dans les bras de Valjas, un gentil géant de 6 pi 6 po qui portait la même moustache à l’ancienne que son coéquipier, une histoire qui remonte à la Coupe du monde de La Clusaz, le mois dernier.

Le Torontois de 28 ans, auteur d’une première victoire en Coupe du monde, revient de loin. Opéré à un genou avant les Jeux olympiques de Sotchi, il n’avait jamais réussi à retrouver le niveau lui ayant permis de monter sur le podium à cinq reprises, en 2012 et 2013. La bataille a été tant physique que psychologique.

« C’est énorme pour moi, mais aussi pour l’équipe », a souligné Valjas à bord de la voiture qui ramenait la troupe gagnante vers sa base d’entraînement en Autriche. 

« Personnellement, j’en avais besoin. Je me suis lentement amélioré au cours des dernières saisons. J’avais seulement besoin de quelque chose pour me redonner cette confiance. Maintenant, je sais que je peux le faire. »

— Len Valjas

Après ce « test » concluant, où Harvey et Valjas ont particulièrement profité de cinq échanges de relais efficaces, la paire canadienne peut aborder les Mondiaux de Lahti avec une confiance décuplée. D’autant que l’épreuve de sprint par équipes se déroulera cette fois en classique, la spécialité de Valjas. « C’est du moins ce que j’aurais pensé jusqu’à aujourd’hui... »

Les finales à Québec

Alex Harvey s’est levé du bon pied hier. Avant sa victoire à Toblach, il a obtenu la confirmation que les finales de la Coupe du monde se dérouleront sur les plaines d’Abraham, à Québec, du 17 au 19 mars. La capitale nationale remplace la ville de Tioumen, en Russie, qui s’est désistée avant Noël. « L’an passé, j’ai vécu probablement le plus beau moment de ma carrière », a réagi Harvey, deuxième du sprint individuel à Québec devant des dizaines de milliers de spectateurs dans le cadre du Ski Tour Canada. « Tu es chez vous, à la maison, devant tes amis, ta famille, tous les gens qui nous ont aidés. Tu ne peux pas battre cette sensation-là. En fait, ce serait de gagner au lieu de finir deuxième ! » Trois épreuves seront présentées, tant chez les femmes que chez les hommes, pour la conclusion de la saison de Coupe du monde à l’issue de laquelle seront remis les différents globes de cristal. Harvey occupe actuellement le quatrième rang au classement général.

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