Financement des arrondissements

Le Plateau invité à couper dans l’entretien de ses rues

L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal investit trop dans le déneigement et l’entretien de ses rues. C’est du moins la conclusion à laquelle en arrive la Ville de Montréal après avoir révisé le financement de ses arrondissements.

Projet Montréal a profité de la reprise des activités à l’hôtel de ville, hier, pour s’attaquer à la réforme des arrondissements annoncée cet été par l’administration Coderre. L’opposition promet de faire campagne tout au long de l’automne pour contrer la révision du financement des administrations locales.

Pour démontrer que les calculs de la Ville ne tiennent pas la route, le maire du Plateau, Luc Ferrandez, a rendu publiques les compressions que le service des finances lui recommande. On lui suggère ainsi de réduire de 730 000 $ – soit 8,2 % – le budget consacré au déneigement.

Cette recommandation a d’autant plus surpris Luc Ferrandez que son administration a maintes fois été critiquée pour la mauvaise qualité du déneigement dans son arrondissement.

« C’est surprenant de se faire dire qu’il faut couper encore dans le déneigement. Est-ce que ça se fait ? Sûrement pas. Au contraire, on évalue qu’il va falloir réinvestir un peu. »

— Luc Ferrandez, maire de l’arrondissement du Plateau Mont-Royal

Au-delà du déneigement, le service des finances recommande au Plateau des compressions plus importantes encore dans l’entretien des rues. En vertu des calculs de la Ville, cet arrondissement central devrait réduire de 42 % ses dépenses de voirie, ce qui représente près de 4 millions.

« Couper de moitié dans l’entretien et la propreté des rues du Plateau, c’est une hérésie. On ne fera pas ça », assure M. Ferrandez.

La proposition du service des finances recommande aussi de couper dans l’entretien des parcs et installations sportives. Pour équilibrer son budget, le Plateau devrait réduire ces dépenses du quart environ.

RÉCOMPENSE ÉLECTORALE ?

Estimant que les arrondissements qu’elle contrôle sont injustement touchés, Projet Montréal a accusé hier Denis Coderre d’avoir présenté une réforme partisane.

« Le maire veut récompenser ceux qui ont voté du bon bord et punir ceux qui ont voté du mauvais bord. »

— Le chef de l’opposition, Richard Bergeron

Il en est même venu à estimer que Denis Coderre se comportait comme le maire Rob Ford, qui a favorisé, selon lui, la périphérie de Toronto au détriment du centre de la métropole canadienne. Le chef de l’opposition a toutefois pris soin de préciser que la comparaison avec le controversé homme public s’arrêtait là.

Le maire Coderre s’est défendu d’agir par partisanerie politique, assurant que la réforme – initiée bien avant son arrivée sur la scène montréalaise – était strictement basée sur des « paramètres scientifiques ».

Malgré les exemples cités par M. Ferrandez, Denis Coderre a assuré qu’« on n’a pas besoin de couper les services aux citoyens ». Son bras droit, Pierre Desrochers, a indiqué que l’objectif de la réforme était d’assurer un meilleur contrôle des dépenses de la Ville, et a rappelé que leur administration s’est engagée à plafonner la hausse des taxes municipales à l’inflation pour la durée du mandat, soit jusqu’en 2017.

Le maire de Rosemont – La Petite-Patrie, François Croteau, a déploré pour sa part le fait que l’administration Coderre ait refusé d’augmenter le budget des arrondissements pour couvrir l’indexation des salaires des employés municipaux. Pour la deuxième année de suite, les administrations locales devront ainsi sabrer leurs dépenses de 2 % pour équilibrer leur budget, dit-il.

L'ACCÈS À LA PROPRIÉTÉ AMPUTÉ

Les familles qui désirent acheter une première propriété à Montréal pourront à nouveau bénéficier de subventions, mais elles devront se contenter de la moitié des sommes accordées jusqu’à tout récemment. L’administration Coderre avait suspendu le programme d’accès à la propriété le 14 juillet dernier, en raison du retrait du financement de Québec. Le maire a annoncé hier qu’il lançait un nouveau programme, mais que Montréal ne couvrirait pas les sommes qu’offrait auparavant Québec. Ainsi, alors que les subventions pouvaient aller jusqu’à 12 000 $, les demandeurs peuvent désormais s’attendre à recevoir un maximum de 6000 $. La métropole prévoit ainsi continuer à distribuer la même somme que par le passé, soit 11,5 millions par année.

— Pierre-André Normandin

CODERRE REVIENT SUR SA PROMESSE D’UN TARIF SOCIAL

Le maire Denis Coderre est revenu hier sur sa promesse électorale de créer à la Société de transport de Montréal (STM) un « tarif social » pour les moins nantis et les aînés. Talonné par l’opposition à ce sujet lors du conseil d’hier, il a nié avoir pris un engagement ferme lors de la dernière campagne électorale. « On ne commencera pas une guerre sémantique : j’ai dit que je voulais m’attaquer à la question du tarif social, pas que le tarif social allait arriver », a-t-il justifié. Le politicien a affirmé qu’il souhaite examiner la question de façon globale, sans préciser davantage sa pensée.

— Pierre-André Normandin

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