BUFFALO — C’est bien connu, les Sabres de Buffalo n’en mènent pas large depuis quelques années. Et les mauvais résultats les ont même suivis à la loterie du repêchage !
On a tendance à l’oublier, mais les Sabres ont fini les deux dernières saisons au 30 et dernier rang de la LNH. À une certaine époque, ça leur aurait valu automatiquement le premier choix au repêchage suivant, et on parlerait aujourd’hui de l’équipe de Connor McDavid et d’Aaron Ekblad. Mais les deux fois, ils n’ont pas gagné à la loterie et ont plutôt eu le deuxième choix. Ils ont donc repêché Jack Eichel et Sam Reinhart. Comme prix de consolation, on a déjà vu pire...
N’empêche, les deux dernières saisons des Sabres se sont déroulées sur fond de discussions sur les bienfaits d’une chute au classement. Le fameux « tanking », mot tabou dans les vestiaires de la LNH.
Publiquement, les propos étaient certainement plus subtils que ceux de Don Maloney, directeur général des Coyotes de l’Arizona (« Si on doit être mauvais, soyons mauvais. Il y a toute une récompense si on est très mauvais », a-t-il dit à il y a quelques semaines).
Mais le résultat était le même, et la situation avait mené au fameux match du 26 mars 2015. Ce soir-là, justement contre les Coyotes, les partisans des Sabres avaient bondi de joie quand les visiteurs avaient marqué le but gagnant en prolongation.
« C’était difficile, admet le défenseur Josh Gorges. Plus tu vieillis, plus tu comprends pourquoi les partisans le font. Il restait quelques matchs à la saison, je comprenais ce qu’ils voulaient. Même en gagnant ces matchs, on n’était pas plus en séries, donc ça ne changeait rien à notre saison. »
« En tant que joueur, tu veux jouer et gagner. Demande à n’importe qui, tu joues aux cartes, tu joues pour gagner. C’est la nature humaine. »
— Josh Gorges
« On est professionnels, on essaie de gagner chaque match et on ne parlait pas de [couler au classement], ajoute un autre arrière des Sabres, Zach Bogosian. Nous étions très conscients de notre position au classement. C’était nul, mais on a obtenu un excellent joueur en Jack au bout du compte. »
Avec une fiche de 28-33-9, les Sabres n’ont pas encore atteint le statut d’aspirants à une place en séries éliminatoires. Mais avec 65 points, l’équipe a déjà bien meilleure mine que celle qui vient de connaître des campagnes de 52 et 54 points. Avec l’arrivée d’Eichel et de Reinhart, de même que l’émergence du défenseur Rasmus Ristolainen, le climat a changé.
« Les partisans ne parlent plus vraiment de couler au classement », note Bill Hoppe, journaliste affecté à la couverture quotidienne des Sabres. Ses propos sont corroborés par les joueurs.
« Que ce soit dans le vestiaire ou à l’extérieur, l’environnement est plus positif. »
— Brian Gionta
« Je ne sais pas si on est davantage en symbiose avec nos partisans, mais il y a beaucoup plus d’énergie positive en ville. On le sent quand les gens nous approchent et démontrent du soutien », ajoute Bogosian.
Une des raisons qui font que le cynisme ambiant a disparu, c’est l’impression que l’avenir de l’équipe se joue désormais au First Niagara Center, pas sur une patinoire de la NCAA ou des rangs juniors.
Seulement trois joueurs de l’édition actuelle seront autonomes sans compensation le 1 juillet : David Legwand, Carlo Colaiacovo et le gardien Chad Johnson. La grande majorité des joueurs devraient donc participer au prochain camp des Sabres.
L’an passé, c’était tout le contraire. Des 20 joueurs qui ont participé au dernier match de la saison 2014-2015, 11 n’ont plus jamais été revus dans l’uniforme des Sabres. Onze ! « On veut utiliser cette dernière portion du calendrier pour établir les bases pour l’an prochain », affirme Gionta.
Il y a quelques semaines, on aurait pu croire que le duel Canadien-Sabres de ce soir aurait été centré autour de ce concept de couler au classement. Mais voilà que les deux équipes ont présenté des fiches identiques – et acceptables – de 4-4-2 à leurs 10 dernières sorties (avant les matchs d’hier). On retrouvait donc le Tricolore au 22 rang de la LNH et les Sabres en 25 place.
Cela dit, le nouveau format de la loterie du repêchage fait en sorte que les 14 équipes exclues des séries peuvent désormais espérer obtenir l’un des trois premiers choix. L’équipe de 30 place n’a désormais que 20 % des chances de repêcher au 1 rang, contre 13,5 % pour celle de 29 place et 11,5 % pour la 20 position. Une fois le premier choix déterminé, on répète l’exercice pour les deuxième et troisième choix.
Avant les rencontres d’hier, le Canadien avait donc 5 % des chances de remporter la loterie, contre 7,5 % pour les Sabres. Et pour se convaincre qu’il existe une panoplie de scénarios sur la table, un site web permet même de simuler la loterie du premier choix en un seul clic.
De quoi s’amuser en attendant les vrais résultats, quelque part en avril.