Grèce

Athènes demande du temps à l'Europe

Le gouvernement grec a débuté hier à Paris une tournée européenne pour convaincre ses partenaires, en particulier l’Allemagne, de donner le temps au nouveau pouvoir de proposer une remise à plat du problème pressant de la dette, espérant une solution d’ici la fin du mois de mai.  « Il serait très raisonnable d’espérer avoir un nouveau contrat pour la Grèce et toutes les nations [européennes] », a déclaré le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis à l’issue d’une rencontre avec son homologue français, Michel Sapin, première étape d’un voyage qui doit le mener aujourd’hui à Londres et demain à Rome.

— Agence France-Presse

Vie au travail

Quand la pub pèse lourd

La vie d’Annie Garneau a pris un tournant inattendu, il y a deux ans. Employée au service-conseil d’une agence de publicité de Montréal, elle décide alors de quitter son poste et de mettre un terme à son bail pour rejoindre son conjoint, parti vivre un an plus tôt sur la Côte-Nord. Mais trois semaines avant le grand départ, c’est la rupture ! Le choc ! 

« D’un coup, je n’ai plus eu ni chum, ni appartement, ni emploi, énumère-t-elle. J’ai eu besoin d’aide pour surmonter cette épreuve. »

C’est au BEC (Bénévolat d’entraide aux communicateurs) qu’elle en a trouvé. « Cet organisme m’a aidée dans un moment où ma vie s’en allait dans tous les sens, raconte Annie Garneau. J’ai pu focaliser sur les priorités, comme la recherche d’emploi. »

Le BEC, accessible 24 heures sur 24, lui a donné 1000 $ pour payer un déménagement et l’a mise en contact avec un psychologue. Créé il y a 10 ans au Québec, l’organisme fournit gratuitement de l’aide psychologique autant que du soutien financier aux gens travaillant dans le milieu de la communication, du marketing et de la publicité.

DEPUIS 31 ANS

« Le NABS [National Advertising Benevolent Society], dont le BEC est le chapitre québécois, existe depuis 31 ans au Canada. Il traitait à l’époque énormément de demandes du Québec », affirme Valérie Hamel, gestionnaire du BEC.

La moitié des appels (49 %) provient effectivement de la province, alors que 37 % émergent de l’Ontario et 14 %, des provinces de l’Ouest. Près de la moitié des appels sont faits par des gens dans la trentaine. Ils ont recours au BEC à cause de problèmes de harcèlement psychologique au travail, de problèmes familiaux (enfant malade), de consommation…

Certains communiquent aussi avec l’organisme à la suite d’une perte d’emploi ou encore d’une mortalité, comme ce fut le cas, il y a un an, pour la firme de placement média Carat. « Une employée, chez Carat depuis 10 ans, est décédée d’un cancer, raconte la présidente Ody Giroux. À sa mort, les gens ont eu besoin de parler. Moi-même, je me demandais comment je devais agir en tant que patron. Le BEC nous a alors envoyé un psychologue qui a rencontré, la première journée, les gens par groupes, puis le lendemain, un à un. Toute la journée, les employés sont entrés dans son bureau, sans qu’on ait eu à les forcer. »

La semaine dernière, le BEC lançait une campagne publicitaire afin de faire connaître l’organisme aux gens du milieu et les inciter à faire un don. Dix personnalités des communications ont été jumelées à des photographes professionnels. De leur association, mise en œuvre par l’agence de publicité kbs+, est née une série de photos de clowns tristes qui portent toutes la signature « La com, c’est pas toujours comique ». L’image glamour et fière, longtemps projetée par le milieu des communications, en prend ainsi pour son rhume. « Les gens commencent à s’ouvrir plus, juge Ody Giroux. On est plus portés à parler. »

« On a aidé plus de 1300 familles au Canada en 2014, dont la moitié au Québec. »

— Valérie Hamel, gestionnaire du BEC

La campagne du BEC a été lancée au même moment que celle de Bell baptisée « Cause pour la cause », une des branches d’un programme en santé mentale de 67 millions de dollars de soins, soutien et sensibilisation de la part de l’entreprise.

Mais au-delà du tabou et du mutisme à enrayer, encore faut-il que les gens de l’industrie sachent où trouver de l’aide. « La pub est un milieu qui peut être ingrat, dit Annie Garneau. Du jour au lendemain, on peut se faire licencier quand notre agence perd un gros contrat. Et ce n’est pas toutes les entreprises du milieu de la communication qui ont des programmes d’aide aux employés et des avantages sociaux intéressants. »

Selon une étude de CROP, une personne sur cinq connaît bien le BEC. Et comme l’organisme n’est financé que par des dons privés et des entreprises, on sent l’urgence de faire croître sa notoriété. Les contributions arrivent par l’entremise d’activités comme des bals et des tournois de volleyball. « Notre plus grande source de financement provient de la vente d’espaces publicitaires offerts par des entreprises comme Québecor et Bell Média, explique Valérie Hamel. Plus on est connus, plus le financement augmente. »

QUELQUES CHIFFRES

20 %

Proportion de gens ayant déjà été en arrêt de travail pour cause de surmenage, dans le milieu de la communication. C’est une personne sur quatre chez les 45 ans et plus.

53 %

Proportion de gens du milieu des communications ayant déjà consulté un professionnel, que ce soit pour des problèmes personnels liés au travail ou familiaux.

50 %

Proportion des absences au travail liées à la santé mentale, tous milieux confondus. Il y a 15 ans, la proportion était de 30 %.

49 %

Proportion des employés, tous milieux confondus, ayant d’importants besoins en santé mentale qui ont consulté un médecin ; 16 % d’entre eux n’ont rien fait par peur d’être jugés et parce qu’ils avaient honte, notamment.

99 %

Proportion des médecins qui affirment que les problèmes au travail jouent un rôle dans les problèmes de santé mentale.

Sources : CROP, Ordre des conseillers en ressources humaines agréés et Morneau Shepell

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