Hockey

Le bilan de mi-saison du Canadien

Avec 41 parties au compteur, le Canadien a atteint sa mi-saison. Une première moitié décevante, nettement en deçà des attentes, qui nous rappelle que l’équipe est encore à la recherche de solutions. Voici cinq éléments qui servent à expliquer pourquoi le CH en est là.

Jonathan Drouin ne s’est pas transformé en centre comme par magie

Dans la Ligue nationale de hockey, le poste de centre, et encore plus celui de premier centre, est un poste d’une énorme complexité, tant les missions à mener sont nombreuses et difficiles. Dans cette optique, il faut se demander pourquoi la direction montréalaise a choisi de donner promptement ce rôle à Jonathan Drouin, un joueur qui avait surtout patiné à l’aile depuis son arrivée dans la LNH, en 2014-2015. Drouin l’a dit lui-même très souvent depuis le début de la saison : il apprend.

Le problème, c’est que cette période d’apprentissage a lieu en pleine saison, pendant des matchs qui comptent au classement. Le duo offensif dont rêvait le Canadien – Drouin au centre avec Pacioretty à l’aile, à sa gauche – n’a donc jamais vraiment eu la chance d’éclore, Drouin, un gaucher, n’ayant presque jamais le réflexe de regarder à sa gauche lors des entrées de zone.

Avec seulement 18 points en 36 rencontres, le joueur québécois n’a évidemment pas la production d’un centre de premier plan, et dans ces circonstances, il faut se demander pourquoi les patrons du club n’ont pas choisi de le ramener à l’aile en cours de route, tout en insérant Phillip Danault entre lui et le capitaine sur un même trio. Mais il est peut-être un peu trop tard pour ça.

Max Pacioretty se dirige vers une saison de 18 buts

La mort, les impôts et une saison de plus de 30 buts pour Max Pacioretty. Telles étaient les certitudes de la vie dans le quotidien montréalais, il n’y a pas si longtemps. Les impôts et la mort sont fort malheureusement là pour de bon, mais en ce qui concerne les 30 buts du capitaine, c’est bien mal parti.

Celui qui porte le maillot 67 n’a que 9 buts à sa fiche, et il aura bien du mal à atteindre le cap des 20 buts. En fait, à ce rythme, Pacioretty va conclure la saison avec 17 buts de moins qu’en 2016-2017, et pour une équipe qui ne marque pas – seuls les Sabres de Buffalo, les Coyotes de l’Arizona et les Sénateurs d’Ottawa ont marqué moins souvent dans la LNH cette saison –, ces 17 buts de moins représentent une statistique de première importance quand vient le temps d’expliquer les ratés du club cette saison.

L’autre ennui, c’est que les buts disparus sous le nom de Pacioretty n’ont pas été récupérés par quelqu’un d’autre ; du top 10 des marqueurs du Canadien, la saison dernière, seuls Andrew Shaw et Brendan Gallagher vont assurément majorer leur production de buts cette saison (dans le cas de Gallagher, c’est d’ailleurs déjà fait). On pourrait aussi rappeler que personne ne va remplacer les 54 points d’Alexander Radulov, mais à ce stade-ci, ce serait presque de l’acharnement. 

Le passage à vide de Carey Price

On l’a tous remarqué : en début de saison, Carey Price n’avait pas l’air de Carey Price. Depuis 2013-2014, Price avait toujours été un gardien d’au moins ,923 au chapitre du taux d’efficacité. Mais avant son retrait du jeu, après le match du 2 novembre chez le Wild du Minnesota, Price avait seulement offert à son équipe trois matchs de ,900 ou mieux sur 11 parties. Pour une équipe construite à partir de l’arrière, un tel rendement vire rapidement à la catastrophe, et c’est sans surprise que le Canadien a affiché un dossier de seulement 3-7-1 pendant que son joueur de concession cherchait ses repères en début de saison.

Ce faux départ du gardien, jumelé à une attaque trop souvent en panne sèche, explique en partie la position du club au classement à l’heure actuelle. La bonne nouvelle pour le Canadien, c’est que Price a depuis repris ses airs de gardien étoile, comme les attaquants du Lightning ont pu le constater jeudi soir. Il a affiché un taux d’au moins ,900 à sept de ses dix derniers départs. On aura par contre compris que ce retour à la forme des beaux jours survient sans doute un peu trop tard.

Le club défensif qui ne l’est plus

La désormais célèbre déclaration de Marc Bergevin en septembre, voulant que ce groupe-ci de défenseurs soit meilleur que le précédent, a frappé l’imaginaire. Premièrement parce que ça paraissait fort audacieux avec le départ d’Andrei Markov, et deuxièmement, parce que… eh bien, parce que ce n’est pas vrai.

Les ennuis de Carey Price n’ont pas aidé, c’est vrai, mais dans l’ensemble, le jeu défensif du club a piqué du nez dès le moment où la mise en jeu initiale de la saison a été effectuée. L’identité de ce club, défensive avant tout, a donc été fracassée dès le départ. Le Canadien, ne l’oublions pas, avait conclu 2016-2017 au quatrième rang des buts accordés dans la ligue, avec seulement 200. À la mi-saison, le club montréalais se retrouve au 24e rang, avec 127 buts accordés, et à ce rythme, ce sera 54 buts accordés de plus qu’il y a un an quand la sirène finale sonnera au mois d’avril.

Un peu comme dans le cas de Drouin en attaque, il est de plus en plus évident que la direction a surestimé l’apport des défenseurs qui ont été ajoutés cet été. C’est particulièrement vrai si l’on regarde du côté de Karl Alzner, dont l’entente de cinq ans paraît déjà trop longue. Ce groupe était fragile avec Shea Weber, et son absence fait désormais en sorte que des défenseurs qui devraient jouer un rôle limité se retrouvent soudainement à camper un rôle beaucoup trop important. Ce n’est jamais une bonne recette.

Faiblesse à cinq contre cinq

Mardi soir contre les Islanders de New York, le trio de feu des Bruins de Boston, composé de Patrice Bergeron, Brad Marchand et David Pastrnak, a accordé son premier but de la saison à cinq contre cinq. Claude Julien n’est plus l’entraîneur de cette équipe depuis bientôt un an, mais à Boston, les Bruins ont conservé quelques-unes de ses bonnes habitudes, dont celle-ci, et surtout avec ce trio-là : une domination du jeu à cinq contre cinq.

Ce n’est pas ce qui se passe pour le Canadien de Julien cette saison, une équipe qui peine à marquer des buts lors de ces situations. Cette saison, à cinq contre cinq, le club montréalais n’a marqué que 65 buts en tout et pour tout, ce qui est tout juste bon pour le 25e rang du circuit à ce chapitre. Claude Julien n’a pas encore une saison complète à la barre de l’équipe, la patience est donc assurément de mise en ce qui le concerne. Toutefois, il y a un constat qui peut être fait, déjà : l’entraîneur n’a toujours pas réussi à façonner l’équipe à sa manière. Ni à la faire jouer comme il le voudrait bien.

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