Une « légende » avec les Carabins
Ce n’est rien de moins que le meilleur quart-arrière de l’histoire du football canadien qui s’est joint hier au personnel d’entraîneurs des Carabins de l’Université de Montréal. Anthony Calvillo a accepté l’offre de son ami Danny Maciocia et sera entraîneur-chef adjoint et responsable des quarts-arrières.
« J’ai rencontré Danny à différentes occasions et nous avons souvent parlé de la possibilité de venir travailler dans le réseau universitaire canadien, a expliqué l’Américain de 46 ans. Après quatre saisons comme entraîneur dans la LCF, dont la dernière à Toronto avec l’un de mes mentors, Marc Trestman, l’offre des Carabins tombait à point. »
C’est à Montréal que Calvillo a rencontré sa femme Alexia et il considère maintenant la métropole comme sa résidence permanente. « Nous avons deux filles de 11 et 13 ans, a raconté Calvillo. Quand j’ai décidé d’aller à Toronto au début de l’année, elles m’ont dit : “Bye-bye, papa, nous, on reste ici !” »
« Revenir travailler à Montréal était donc très important pour moi. C’est ici que j’ai joué et que j’ai été entraîneur pendant 20 ans, je voulais revenir à la maison, et j’ai la chance de le faire avec une équipe qui fait déjà de très belles choses. »
— Anthony Calvillo
Calvillo a connu une carrière étincelante dans la LCF, à Las Vegas, Hamilton, mais surtout avec les Alouettes, de 1998 à 2013. Il a mené l’équipe à trois victoires en finale de la Coupe Grey (2002, 2009 et 2010) en plus d’être nommé trois fois joueur par excellence du circuit et d’être sélectionné 10 fois dans l’équipe d’étoiles.
La directrice du sport d’excellence à l’UdeM, Manon Simard, s’est réjouie d’un tel « cadeau » à quelques jours de Noël. « Comme organisation, nous cherchons toujours à recruter les meilleurs candidats dans leurs secteurs respectifs, et Anthony Calvillo est sûrement l’un d’eux. »
« Au-delà des titres qu’il a gagnés, des records qu’il a établis, nous avons tous été impressionnés par sa personnalité et par sa volonté de travailler avec les jeunes à une période, entre 19 et 24 ans, où ils pourront bénéficier de son formidable bagage d’expérience pour les aider dans leur cheminement d’étudiants-athlètes. »
— Manon Simard, directrice du sport d’excellence à l’UdeM
Originaire de La Puente, en Californie, Calvillo a souvent parlé de son enfance difficile dans la banlieue de Los Angeles, dans une famille et un milieu marqués par la violence. Il reconnaît une dette immense envers les entraîneurs qui l’ont pris sous leurs ailes à l’école secondaire, puis à l’université, et se réjouit de pouvoir à son tour exercer une influence positive sur des jeunes.
Simard a d’ailleurs rappelé que le nouveau Carabin avait lui-même tenu à terminer ses études à l’Université Utah State, interrompues plus de 20 ans auparavant par ses débuts au football professionnel, quand il a pris sa retraite du jeu.
« Tous les entraîneurs des Carabins ont vécu l’expérience de combiner les études et le football, a souligné Calvillo. Mon parcours a été un peu différent, mais c’était important pour moi, pour ma famille et mes filles aussi de terminer mes études 25 ans plus tard. Je voulais qu’ils me voient sur la scène en train de recevoir mon diplôme, je voulais leur démontrer l’importance des études. Je vais prôner ces mêmes valeurs avec nos étudiants-athlètes. »
Danny Maciocia a aussi insisté sur les valeurs personnelles de son nouvel adjoint. « Je le connais depuis longtemps, comme joueur de football, mais aussi comme personne. Je sais qu’il a dû affronter des épreuves dans sa carrière, dans sa vie personnelle, qu’il les a toujours traversées avec succès. Anthony est un véritable modèle, une légende du sport à Montréal, et il partage les mêmes valeurs que nous. »
Calvillo a raconté avoir aussi eu des discussions avec Brad Collinson, entraîneur-chef des Stingers de l’Université Concordia, mais sa relation avec Danny Maciocia a fait pencher la balance en faveur des Carabins. « Ce que Danny a construit ici au cours des dernières années est emballant », a rappelé celui qui a été intronisé au Temple de la renommée de la LCF en 2017.
« Tu veux toujours grandir comme individu et comme entraîneur, et ici j’aurai la chance de le faire. J’ai hâte de partager mon expérience avec les étudiants-athlètes et les entraîneurs, mais ça va dans les deux sens ; je vais essayer de les aider à grandir, tout en apprenant beaucoup d’eux. »
— Anthony Calvillo
Calvillo travaillera étroitement avec le jeune coordonnateur de l’attaque des Carabins, Gabriel Cousineau. « Je l’avais côtoyé quelques fois dans des camps de quart-arrière, il y a quelques années quand je jouais encore, a rappelé Cousineau, ancien joueur étoile de l’équipe. Il est très généreux et n’hésite pas à partager ses connaissances et son expérience. Sa présence sera un atout extraordinaire pour moi et pour tous les jeunes entraîneurs de l’équipe. »
L’un des rares quarts-arrières professionnels à avoir réussi plus de 400 passes de touché en carrière, Calvillo détenait plusieurs records de la LCF au moment de prendre sa retraite. Il a notamment cumulé des gains de 79 816 verges par la passe.
Danny Maciocia n’a pas manqué de souligner l’importance de sa présence pour les quarts-arrières de l’équipe et pour ceux qui pourraient s’y joindre à l’avenir. Un atout supplémentaire quand on sait que l’un des meilleurs espoirs de l’histoire du football québécois à cette position, Jonathan Sénécal, va rejoindre les rangs universitaires en 2020.
« Ce n’est pas un secret que la position de quart-arrière est très importante au football, a insisté l’entraîneur-chef des Carabins. Nos joueurs qui ont le potentiel d’évoluer chez les professionnels auront la chance d’apprendre de lui et seront bien préparés. »
« On ne voit pas ça souvent une légende comme Anthony travailler comme entraîneur, et l’apprentissage qui sera offert à nos athlètes sera unique. »
— Danny Maciocia
Reste à voir combien de temps Calvillo restera en poste à l’Université de Montréal. Le salaire qu’il touchera est loin de ce à quoi il a été habitué. Il devra aussi apprendre le français, une obligation qu’il a reconnu hier avoir négligée au cours des années et à laquelle il ne pourra échapper cette fois en vertu des règles de son employeur.
Et un peu comme Maciocia, sa réputation et son bagage lui vaudront chaque année des offres des équipes de la LCF. Les deux hommes ont souligné hier avec insistance qu’ils ne pensaient qu’à la prochaine saison et qu’ils souhaitaient travailler longtemps avec les jeunes de l’équipe.