La docteure répond

Lorsque le genou ne répond plus

Docteure, j’ai bien peur d’avoir une entorse au genou à la suite d’une sortie en ski la fin de semaine dernière. Quand devrais-je m’inquiéter et consulter ?

L’entorse est un étirement ou une déchirure de ligaments, ces cordes qui relient les os entre eux et assurent une stabilité des articulations. Les entorses sont fréquentes chez les sportifs. Le genou comporte quatre ligaments principaux : deux sur les côtés, les ligaments collatéraux, et deux croisés, l’antérieur et le postérieur.

Lors d’une entorse du genou, il est également possible de subir une déchirure d’un ménisque. Le rôle principal des ménisques est d’atténuer la pression ressentie sur les surfaces des os, que ce soit le tibia (os de la jambe) ou le fémur (os de la cuisse). Il y a deux ménisques situés vers l’intérieur ou vers l’extérieur du genou. Le ménisque interne subit plus souvent des déchirures que le ménisque externe. Les déchirures de ménisques mènent souvent à des opérations.

L’entorse se produit lorsque le genou est étiré dans un sens où il ne devrait pas l’être. Par exemple, les ligaments collatéraux subissent des entorses si, lors d’un faux mouvement, la jambe tente de « plier » vers le côté. Ce mouvement est impossible grâce aux ligaments, mais lors d’un mouvement brusque, le ligament sera étiré, voire déchiré, par cette manœuvre. L’intensité de l’entorse dépend de la force du faux mouvement. De la même façon, un mouvement d’hyperextension du genou risquera d’occasionner une entorse du ligament croisé antérieur ou postérieur. Une entorse de grade 1 se produit lorsque le ligament n’est qu’étiré, sans déchirement. L’entorse de grade 2 se produit lorsqu’il y a une déchirure partielle du ligament. Le ligament assure encore une certaine stabilité au genou. Dans une entorse de grade 3, le ligament est complètement déchiré.

Lorsqu’on a l’impression d’avoir subi une entorse, la première chose à faire est de cesser de faire l’exercice en cours. Ne laissez pas l’orgueil prendre le dessus et acceptez l’aide qui vous est offerte. L’application de glace, un excellent anti-inflammatoire, le plus tôt possible réduira l’enflure et la douleur associée à l’entorse. Elle devrait être appliquée pendant 10 à 15 minutes, toutes les 2 heures. Lorsque la douleur diminue, il faut tenter de marcher quelques pas. Si la marche est tolérée, on continue à mettre du poids sur la jambe malade. Sinon, il faut consulter rapidement. Également, s’il y a une apparition rapide d’enflure au genou, si un bruit sec (« pop ») est entendu ou si vous avez une impression d’instabilité, il est important de consulter rapidement. L’intensité de la douleur ressentie n’est pas à elle seule un indice de sévérité.

GLACE ET REPOS

Le traitement d’une entorse repose sur quelques principes simples à retenir. Outre la glace, le repos de l’articulation est essentiel tant que la douleur est présente. Il est également important d’élever la jambe blessée le plus souvent possible dans la journée, ce qui aidera à diminuer l’enflure. Finalement, un pansement compressif peut parfois aider. L’utilisation d’anti-inflammatoires par la bouche (ibuprofène, Advil ou Motrin) n’est pas obligatoire, mais peut aider à diminuer la douleur et l’enflure. Toutefois, ces médicaments comportent des risques pour l’estomac et pour la tension artérielle, donc informez-vous auprès de votre pharmacien avant de les utiliser. 

Si la blessure semble peu sévère et que vous êtes capable de marcher sans trop de douleur, le traitement consiste en repos pour 7 à 10 jours. Si la douleur perdure plus de 10 jours, il est indiqué de consulter. Pour les blessures plus sévères, le médecin vous proposera des béquilles, une canne (qui doit se porter du côté opposé à la blessure) ou une orthèse, ainsi que des traitements de physiothérapie et un suivi approprié. Les traitements de physiothérapie devraient débuter précocement afin de minimiser les risques de faiblesse aux muscles de la cuisse et pour favoriser un retour en toute sécurité vers les activités habituelles.

Un bon examen physique, précédé d’un questionnaire et suivi parfois de quelques radiographies, est amplement suffisant. Les tests plus poussés sont rarement nécessaires. Je pense ici en particulier à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), un test souhaité par plusieurs des personnes qui me consultent aux urgences pour une entorse du genou, mais qui n’est jamais urgent. L’IRM n’est utile que lorsque le diagnostic est incertain, lorsque l’entorse évolue moins bien ou en vue d’une opération par un chirurgien orthopédiste.

Les blessures au genou sont très fréquentes et évoluent habituellement bien. Le plus important est de respecter la période de convalescence nécessaire afin de ne pas traîner des blessures non guéries qui pourraient causer des soucis trop longtemps.

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