États-Unis

Ivanka Trump, « première fille » controversée

New York — Ivanka Trump, cela s’entend, n’héritera pas officiellement du titre de première dame des États-Unis. Après tout, la troisième femme de son père, Melania, n’a pas changé d’état matrimonial. Mais la fille aînée de Donald Trump pourrait bien assumer cette fonction de facto. Et cela ne serait peut-être pas son rôle le plus controversé à Washington.

Très discrète depuis l’élection du 8 novembre, Melania Trump a déjà fait savoir qu’elle ne déménagerait pas immédiatement à la Maison-Blanche avec son mari. Elle ne voudrait pas, semble-t-il, exposer son fils Barron, âgé de 10 ans, à un changement d’école au milieu de l’année scolaire. Soit dit en passant, elle est la première femme d’un président désigné à invoquer une telle raison pour ne pas suivre son mari à Washington.

En revanche, Ivanka et son mari, Jared Kushner, songent sérieusement à abandonner New York pour la capitale nationale. La fille du président désigné voudrait consacrer une partie de son temps à la promotion de causes qui lui seraient chères, dont l’environnement et les femmes. En plus d’occuper un bureau dans l’aile ouest de la Maison-Blanche, celle qui abrite le bureau Ovale, elle pourrait profiter de l’absence de Melania pour jouer le rôle d’hôtesse dans certaines circonstances.

Une telle situation serait inédite, ou presque.

« Nous devons remonter plus de 100 années en arrière, à l’époque d’Alice Roosevelt, fille de Teddy Roosevelt, pour voir une première fille jouer un rôle public tel qu’il éclipse celui de la première dame », dit Katherine Jellison, professeure d’histoire à l’Université d’Ohio. 

« Dans le cas d’Ivanka, nous verrons bien sûr ce qui arrivera, mais elle semble être prête à éclipser sa belle-mère, Melania. »

— Katherine Jellison, professeure d'histoire à l'Université d'Ohio

Personnalité flamboyante, Alice Roosevelt suscita les critiques des adversaires de son père, qui lui reprochaient notamment son franc-parler et son tabagisme. Après un énième épisode controversé mettant en scène sa fille, Teddy Roosevelt aurait confié à un ami : « Je peux soit diriger le pays soit m’occuper d’Alice. Je ne peux pas faire les deux. »

Conflits d’intérêts potentiels

Les adversaires de Donald Trump ne risquent pas de critiquer la personnalité de sa fille aînée, qui est aussi lisse que sa chevelure blonde. Ils pourraient cependant soulever la question des conflits d’intérêts auxquels la femme d’affaires de 35 ans risque de s’exposer à Washington. Le mois dernier, celle-ci a déjà suscité la controverse à New York en participant à une rencontre entre le premier ministre japonais Shinzo Abe et son père.

Avant-hier, sa présence aux côtés de ses frères Don et Eric à la réunion du président désigné avec des dirigeants du secteur technologique a également créé des remous.

Le 23 novembre, Ivanka a fait un premier et modeste geste pour répondre à ses critiques. Depuis ce jour, elle utilise des comptes séparés pour ses affaires et ses prises de position sur les réseaux sociaux : @IvankaTrumpHQ sert de vitrine à ses marques de vêtements et de bijoux ainsi qu’à ses idées sur la conciliation travail-famille ; @IvankaTrump est son compte « personnel ».

Mais ce geste est loin de régler la question des conflits d’intérêts. Depuis 1967, une loi fédérale interdit à tout membre de la famille ou belle-famille d’un président de détenir un emploi rémunéré dans une agence gouvernementale. Est-ce à dire qu’Ivanka et son mari Jared pourraient s’y confirmer en acceptant des rôles bénévoles au sein d’une administration Trump ? Les opinions ne sont pas unanimes sur ce sujet.

« Si Ivanka ou son mari ou toute autre personne n’est pas sur la liste de paie – n’a pas de position dans l’administration – , mais n’est qu’un confident ou un conseiller, la loi anti-népotisme ne s’applique pas, pas plus que la loi sur les conflits d’intérêts », soutient Stephen Gillers, professeur de droit à l’Université de New York.

Des motivations remises en question

Kathleen Clark, professeure de droit à l’Université Washington à Saint-Louis, n’est pas aussi catégorique. Selon elle, les normes sur les conflits d’intérêts pourraient s’appliquer à Ivanka si, dans son rôle de conseillère informelle et bénévole, elle dispose d’un bureau de travail dans un édifice gouvernemental ou si elle « reçoit ou donne des directives à un ou plusieurs responsables gouvernementaux ».

« Je pense qu’il sera absolument crucial qu’il y ait une certaine transparence sur l’étendue de ses conseils non seulement auprès du président, mais également auprès d’autres responsables gouvernementaux. »

— Kathleen Clark, professeure de droit à l'Université Washington à Saint-Louis

En attendant, certains esprits cyniques se posent des questions sur les motivations réelles d’Ivanka Trump. « Ses efforts sont-ils le reflet de ses passions et de ses convictions – ou d’un désir de renforcer la marque d’une chef d’entreprise dont le marché est composé principalement de jeunes femmes ? », s’est demandé le Washington Post après les rencontres orchestrées par Ivanka entre son père et deux grands environnementalistes devant l’Éternel, Al Gore et Leonardo DiCaprio.

Une chose est certaine après les nominations par Donald Trump de plusieurs champions des hydrocarbures à des postes clés : l’influence d’Ivanka auprès du 45e président n’est pas plus garantie que la présence de Melania à la Maison-Blanche.

Les fils trump aux commandes de l’entreprise

Donald Trump devait tenir hier sa première conférence de presse depuis juillet pour expliquer comment il entendait se séparer de sa vaste nébuleuse immobilière pendant ses années à la Maison-Blanche. Lundi soir, il a reporté ce rendez-vous à janvier, se contentant de promettre sur Twitter qu’il abandonnera à ses fils aînés, Don et Eric, et à d’autres responsables la gestion de son empire présent dans plus de 20 pays. « Aucun nouveau contrat ne sera passé durant mon [mes] mandat [s] », a-t-il précisé. Selon plusieurs analystes, cette solution ne mettra le 45e président à l’abri ni des conflits d’intérêts ni de la clause constitutionnelle interdisant aux membres du gouvernement, dont le président, de recevoir des cadeaux ou émoluments d’États étrangers. Des experts préconisent comme seule solution crédible la vente de l’entreprise familiale.

États-Unis

Trump, le mal-aimé

Moins de la moitié (45 %) des Américains ont une opinion « favorable » de Donald Trump, selon le site RealClearPolitics. Cette cote s’est améliorée depuis son élection à la Maison-Blanche, mais Trump reste le président désigné le moins apprécié depuis des décennies. Selon un sondage CBS paru hier, 36 % des Américains craignent qu’il ne soit un mauvais président, contre 7 % pour Barack Obama en décembre 2008 et 14 % pour George W. Bush en décembre 2000.

— Agence France-Presse

États-Unis

Washington va riposter au piratage russe 

Les États-Unis vont riposter face aux actes de piratage informatique de la Russie lors de l’élection présidentielle américaine, a affirmé hier soir le président Barack Obama, au micro de la radio américaine NPR. « Il est clair que si un gouvernement étranger, quel qu’il soit, tente d’entacher l’intégrité de nos élections, alors nous devons agir », a plaidé Obama. « Et nous le ferons, au moment et où nous le déciderons. » « Certaines [de ces réprésailles] seront explicites et publiques, d’autres ne le seront peut-être pas », a ajouté le président Obama. Jusque là, le président américain n’a pas explicitement endossé le rapport de la CIA accusant la Russie d’être intervenue par ses cyberattaques dans la campagne électorale dans le but précis d’aider Donald Trump à être élu. — Agence France-Presse

États-Unis

Trump Grill, le « pire restaurant des États-Unis »

Une critique au vitriol d’un restaurant de Donald Trump situé dans la Trump Tower et publiée sur le site du magazine Vanity Fair a déclenché les foudres du président désigné. « Le Trump Grill est peut-être le pire restaurant des États-Unis », a titré la journaliste Tina Nguyen. Même s’il n’a pas fait directement référence à cette critique, Donald Trump s’en est pris vertement à Vanity Fair. « Quelqu’un a-t-il vu les mauvais chiffres de ventes de “Vanity Fair”, a-t-il tweeté. Forte baisse, gros soucis, mort ! [Le directeur de la publication du magazine] Graydon Carter, aucun talent, va se faire sortir ! » 

— Agence France-Presse

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