VIRÉE DES GALERIES

Quelles sont les expositions à voir ce week-end ? Chaque jeudi, nos critiques en arts visuels proposent une tournée montréalaise de galeries et de centres d’artistes. À vos cimaises !

société des archives affectives

Une nouvelle sculpture sur le mont Royal

Nadia Myre et les fondatrices de la Société des archives affectives, Fiona Annis et Véronique La Perrière M., sont bien occupées actuellement. Toutes trois sont en train de créer une sculpture monumentale, L’étreinte des temps, qui sera inaugurée sur le mont Royal à l’automne 2018. Pour célébrer les rencontres humaines et culturelles… 

Fondée en 2010, la Société des archives affectives est un collectif formé de Fiona Annis et Véronique La Perrière M., deux artistes au penchant prononcé pour la recherche et l’expérimentation. Elles ont déjà produit un livre d’artiste, présenté des installations vidéo, réalisé des actes performatifs et assemblé une collection permanente d’artéfacts et d’œuvres. 

Une de leurs premières collaborations a consisté à partir à la recherche des chevaux sauvages de la Vallée de la mort, en Californie. Ces mustangs descendent des chevaux domestiques que les Espagnols ont échappés lors de leur exploration de l’Amérique, entre les XVIe et XVIIIe siècles. Ce projet, All The Wild Horses, sera exposé à la galerie Occurrence, à Montréal, du 23 mars au 18 mai. Avec des photographies et l’empreinte d’un sabot de mustang coulée en bronze. 

Le bronze est aussi au cœur de L’étreinte des temps, une sculpture qu’elles sont en train de façonner, après avoir été choisies par la Ville de Montréal, dans le cadre de l’aménagement du chemin de ceinture du parc du Mont-Royal. 

Sommet Outremont 

Cette sculpture de 4,6 m de hauteur et 7 m d’envergure sera installée au sein d’un espace découvert de la montagne, près du chemin de Polytechnique et du belvédère Outremont. Le lieu naturel sera aménagé par l’architecte paysagiste Malaka Ackaoui, de la firme WAA Montréal. 

« L’aménagement fait partie intégrante de l’œuvre, dit Véronique La Perrière M. On a choisi Malaka Ackaoui car on trouvait qu’il y avait une sensibilité dans les projets de WAA. L’aménagement paysager se fera dans l’esprit de Frederick Olmsted, qui a conçu l’aménagement au XIXsiècle. Avec des plantes indigènes et en respectant l’aspect sauvage des lieux. » 

Pour son premier projet d’art public, la Société des archives affectives s’est également associée à Nadia Myre, artiste québécoise et autochtone lauréate du prix Sobey 2014. « La montagne est tellement liée au territoire et à l’histoire qu’on devait entrer en dialogue avec une personne issue des Premières Nations, et on a choisi Nadia, avec qui on avait déjà des liens », dit Véronique La Perrière M. 

« Ce projet m’a intéressée, dit Nadia Myre, car ça faisait longtemps que j’essayais de gagner des projets d’art public au Québec et j’étais intéressée par le processus de travail, les techniques anciennes, la vannerie, les matériaux bruts transformés en bronze, etc. » 

Un saule en bronze 

L’étreinte des temps aura la forme d’un saule pleureur, arbre majestueux et romantique qui symbolise la confluence, la protection et le rassemblement (comme le mont Royal, ancestral lieu de regroupement), mais aussi l’apaisement. « Le saule est un vieux remède contre la douleur, dit Fiona Annis. Un de ses composés chimiques a permis de développer l’aspirine grâce à un transfert de connaissances des temps anciens jusqu’à la pharmacologie contemporaine. »

Avec ses branches qui retombent gracieusement jusqu’au sol, l’arbre représentera une étreinte, un entrecroisement de cultures, de connaissances et d’époques qui se sont succédé. 

Pour le sculpter, les trois artistes ont suivi une formation en vannerie afin d’apprendre à travailler avec des branches de saule. Enroulées les unes avec les autres, ces branches formeront des entrelacements qui seront moulés grâce à la technique de cire perdue, l’été prochain, à la fonderie Atelier du Bronze, à Inverness. 

« Notre projet est singulier, dit Fiona Annis. On travaille d’abord avec du matériel vivant. Notre œuvre représente un défi pour nous, pour la Ville et la fonderie. » 

Des tiges de bronze (ayant la forme exacte des branches de saule utilisées) formeront le tronc de l’arbre à l’intérieur duquel le visiteur pourra pénétrer. D’autres tiges métalliques retomberont sur le sol jusqu’à le toucher. Le lien naturel et humain est donc au cœur de ce projet. Comme celui qui a uni une artiste d’origine autochtone, une autre de Québec, une d’origine écossaise et manitobaine et une architecte d’origine égyptienne. 

« La collaboration et la rencontre sont à la base de notre projet et de la Société des archives affectives, dit Véronique La Perrière M. La montagne n’est pas un lieu ordinaire à Montréal. Avoir la possibilité d’y intervenir est un privilège, mais aussi une responsabilité. » 

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