Portfolio  Nord-du-Québec

Une main-d’œuvre qui vaut de l’or

Grâce à la reprise dans le secteur des ressources naturelles – les mines et l’industrie forestière, dans ce cas-ci –, l’économie du Nord-du-Québec se porte beaucoup mieux par les temps qui courent. Toutefois, la main-d’œuvre, le commerce de détail et l’entrepreneuriat continuent à présenter des enjeux importants. Regard.

Le centre commercial Place Le Chaînon, à Chibougamau, est à moitié vide. Dans le dernier mois, deux autres commerces y ont fermé leurs portes. « Le premier, un détaillant de vêtements pour hommes, a fermé faute de clientèle. L’autre, un magasin de souliers qui fonctionnait pourtant bien, a fermé faute d’employés », explique Sylvain Bélisle, président de la chambre de commerce de Chibougamau-Chapais et gestionnaire du centre commercial.

À qui la faute ? « Au commerce électronique et au manque de main-d’œuvre, résume-t-il. L’économie a recommencé à rouler, surtout dans le secteur minier. Il y a des jobs, mais on manque de monde. Pour ce qui est du commerce de détail, les gens commandent sur l’internet. Or, moins les gens magasinent localement, plus les commerces ferment. On a moins de services, ce qui n’aide pas à attirer les travailleurs. C’est un cercle vicieux. »

« Nous embauchons »

Il n’y a pas que le commerce de détail qui doit composer avec une rareté de travailleurs. L’industrie forestière et le secteur minier aussi.

Chantier Chibougamau, dont le bois d’œuvre et le bois d’ingénierie font un tabac aux États-Unis, est constamment à la recherche d’employés.

Comptant plus de 900 employés, dont 650 à ses installations de Chibougamau, l’entreprise a un défi de taille : recruter au sein d’une communauté de 7500 âmes hautement sollicitées lorsque les ressources naturelles ont la cote.

« Le quart de la population active de Chibougamau travaille chez nous, explique Frédéric Verreault, porte-parole. Pour attirer des jeunes travailleurs, on visite régulièrement l’école secondaire locale, où on explique aux élèves les nombreuses possibilités de carrière et d’avancement. Et ça fonctionne. On a l’avantage de pourvoir nos postes avec des gens déjà attachés à leur milieu. »

« On a des gens en formation tous les jours. On est constamment en développement. Les gens sont stimulés par les organisations en mouvement. On ne voit pas de lassitude au sein de nos travailleurs, même ceux qui, à 40 ans, comptent déjà de 15 à 20 ans d’expérience dans l’entreprise. »

— Frédéric Verreault, porte-parole de Chantier Chibougamau

L’autre réalité des mines

Le secteur minier doit, pour sa part, composer avec une tout autre réalité. Certaines mines, installées bien souvent dans des secteurs isolés, gèrent, non seulement un gisement minier, mais aussi de véritables microvillages.

Traitement des eaux, entretien des routes, gestion d’un complexe d’hébergement, production d’électricité sont autant d’activités pour lesquelles des entreprises comme Glencore, et sa mine de nickel Raglan, doivent trouver des travailleurs qualifiés.

« La bonne nouvelle est que nous parvenons toujours à pourvoir nos postes. Et pour la première fois, la mine Raglan a franchi le cap des 200 travailleurs d’origine inuite », affirme Céliane Dorval, du service des communications de la mine Raglan.

Devenir entrepreneur dans une région qui représente plus de 50 % du territoire québécois, mais qui ne compte que 45 000 habitants, n’est pas une sinécure. Surtout quand cette région compte peu de diplômés postsecondaires. Comparativement à une moyenne québécoise de 56 %, le taux d’obtention d’un diplôme postsecondaire est de 30 % chez les Cris. Chez les Inuits, il n’est que de 17 %, soutient Sandra Lafleur, directrice générale de Développement économique Canada (DEC) Nord-du-Québec.

Pourtant, ajoute-t-elle dans la foulée, ce n’est pas la relève qui manque. D’un point de vue démographique, s’entend. Environ 34 % de la population crie a moins de 15 ans. Chez les Inuits, ce pourcentage grimpe à 36 %. La moyenne québécoise est de 15 %. « Et on prévoit une croissance démographique de 25 % sur tout le territoire d’ici à 2036 », expose Mme Lafleur.

45 000

Nombre d’habitants dans le Nord-du-Québec, ce qui comprend le Nunavik. Cette région représente 54 % du territoire québécois, mais ne compte que 0,54 % de la population de la province. Au kilomètre carré, on y dénombre 0,1 habitant, alors qu’à Montréal, on en compte 4015.

Source : Institut nordique du Québec

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