maladie cognitive

Les problèmes de langage comme piste de détection de l’alzheimer

BOSTON — Est-il possible de détecter les débuts de la maladie d’Alzheimer en scrutant les erreurs de syntaxe et de grammaire ? C’est le pari de plusieurs chercheurs, qui ont présenté leurs travaux cet hiver à Boston, dans le cadre de la réunion annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS).

Détecter l’alzheimer par les problèmes de langage

Examiner la syntaxe et la sémantique

Le nombre de trous de mémoire augmente avec l’âge. Mais s’ils s’accompagnent de certains types d’erreurs de syntaxe et de substitutions de mots, les problèmes de langage peuvent annoncer le début d’une maladie cognitive, selon des chercheurs de l’Hôpital général du Massachusetts. La clé est de cerner la détérioration du langage tout en tenant compte des problèmes de mémoire, ce qui implique le développement de systèmes automatisés de reconnaissance du langage, car les tests du niveau d’habileté dans ce domaine sont trop compliqués pour être faits à répétition. Cette répétition des tests est nécessaire parce qu’il y a énormément de variation du niveau de langage dans la population, beaucoup plus que pour les capacités de la mémoire.

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le Radotage

La maladie d’Alzheimer s’accompagne de la réduction du nombre de mots utilisés, de répétitions et de phrases plus longues et incomplètes, selon des chercheurs du Laboratoire d’acquisition du langage de l’Université Cornell, dans l’État de New York. La théorie a été testée en soumettant des cobayes à un test simple : écrire une phrase à partir de trois mots : encre, stylo et papier. Tant les jeunes adultes que les personnes âgées en santé concoctaient une phrase simple, par exemple : « J’écris à l’encre sur du papier avec un stylo. » Mais chez les personnes âgées atteintes de « déclin cognitif léger », une phase précoce de l’alzheimer, les textes étaient beaucoup plus longs, atteignant parfois deux paragraphes.

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Analyse des écrits et des discours

Les premières études sur l’alzheimer et le langage ont été publiées par l’un des neurologues de la romancière britannique Iris Murdoch, Peter Garrand, de l’Université de Londres. Le Dr Garrand a remarqué que le dernier roman de Mme Murdoch, Jackson’s Dilemma, paru deux ans avant qu’on ne lui diagnostique l’alzheimer et quatre ans avant sa mort, en 1999, avait été démoli par la critique. Jackson’s Dilemma contenait des phrases longues et répétitives, entre autres. Le Dr Garrand a aussi analysé les discours de Ronald Reagan et est arrivé à une conclusion similaire. Plus près de chez nous, un professeur d’anglais de l’Université de Toronto, Ian Lancashire, a développé un logiciel d’analyse textuelle qui a permis à des neurologues de découvrir que les derniers romans d’Agatha Christie, qui est morte en 1976 à l’âge de 85 ans, semblaient montrer un début de démence. 

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Au fond de la rétine

Le langage n’était pas la seule avenue en matière de dépistage précoce de l’alzheimer décrite au congrès de l’AAAS. Plusieurs équipes tentent depuis quelques années de voir si les dépôts de plaques amyloïdes dans le cerveau, qui sont caractéristiques de la maladie, se trouvent aussi dans la rétine, ce qui pourrait permettre une détection précoce. Ces dépôts amyloïdes pourraient également affecter d’autres structures de l’œil. À Boston, deux élèves d’une école secondaire du Minnesota ont montré que trois parties de l’œil, notamment les nerfs et les veines de la rétine, étaient beaucoup plus minces chez les patients atteints d’alzheimer.

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Les peintres touchés

Les maladies neurodégénératives, comme l’alzheimer et le parkinson, ont un impact sur le travail des artistes peintres, a affirmé en décembre dernier un chercheur britannique. Publiée dans la revue Neuropsychology, l’analyse du psychologue Alex Forsythe, de l’Université de Liverpool, portait sur 2000 toiles de sept peintres, dont Monet, Picasso, Chagall, Dalí et De Kooning. Chez les quatre peintres ayant souffert de telles maladies, une caractéristique mathématique des toiles, appelée « densité fractale », changeait à un rythme différent de chez les autres.

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